Kervilon

« Kaerguillon » (1389, A85) ; « Kervilon » (1451, AD 35, 1F1216) (1) ; « Kermilon» (1517, KerOfis; a86) ; « Kerguillon» (1540, A85) ; « Kerivilen » (1540, A85) ; « Keryvylon» (1541, AD 44 : B2030) (2) ;
« Kerguylon» (1541, AD 44 : B2017) ; « Kergujlion » (1541, A85) ; « Kermylon» (1541, KerOfis; a85) ; « Kerynylon » (1541, A85) ; « bourg de Kervillon » (1552, A85) ; « Kerynylon » (1573, A85) ; « Kernyllon » (1573, A85) ; « Kerguilon » (1573, A85) ; « Kermillon » (1628, A85) ; « Kervilon» (1639, KerOfis; a85) ; « Kervillon» (1647, KerOfis; 49H8) ; « Kermillon» (1651, KerOfis; 5J142) ; « Kervilon » (1833, 3P159 3, cadastre)

La première partie de ce toponyme, ker a le sens d’habitation, exploitation rurale. La signification de la deuxième partie est incertaine car les formes anciennes varient beaucoup. Albert Deshayes privilégie un mot composé de Gwil, qu’il rapproche du gallois Gwyl = humble, au dépens de Milon formé de Mil = soldat (3). Comme la plupart des toponymes en Ker, Kervilon doit dater des années 1150-1300. La prononciation locale est « Kervirn » : le « l » intervocalique est devenu « r », après dissimilation. Le phénomène n’est pas rare en breton (cf. par exemple : melen transformé en meren ou mern pour désigner la couleur jaune (4)). 

Kervilon, qui culmine à 6,54 m., se trouve sur une petite « hauteur » (on hésite toujours à employer ce  terme quand on décrit Saint-Guénolé) : au nord se trouve le vallon de Pen ar prat, et au sud et à l’est commence une légère déclivité vers les marais.

Le village se situe au croisement de deux voies anciennes : une voie nord-sud (5) possible voie romaine, qui traverse le ruisseau de Keréon au Pont nevez (joignant Tronoan, Beuzec au nord à  La Joie, Kérity au sud) et une autre qui vient du sud-est (Pont-l’Abbé, Penmarc’h) en passant par le pont de Keréon et se dirige vers l’ouest (Kergarien, Kerouil, port). Deux autres voies moins importantes partent également de ce village : un sentier conduit par Mesguen au village de Kerouil, ce sentier était encore très fréquenté jusqu’aux années 1970 par les personnes qui se rendaient de Kerouil au cimetière. Il s’est perdu à présent. Un autre chemin est appelé « an hent glas ». Ce toponyme est généralement perçu comme un indice de présence d’une voie ancienne. Est-ce vraiment le cas à Kervilon ? Peut-être pas, car cette voie apparaît d’un intérêt mineur : elle file tout droit vers les marais de Lescors en desservant au passage les parcelles de Mejou Hors.

Quelques mégalithes furent signalés par le Groupe finistérien d’études archéologiques dans le secteur de Kervilon, il n’en reste plus rien semble-t-il. L’un d’entre eux se trouvait au bord du ruisseau de Keréon, tout près du pont actuel : marqueur territorial, signal d’un passage à gué, témoin d’un culte des eaux ? Peut-être tout à la fois ? La fontaine de Kervilon était elle-même marquée par un menhir. D’autre part, on a découvert une grande dalle circulaire de 2,50 m de diamètre dans un champ qui appartenait dans les années 1920 à un agriculteur de Kervilon nommé Durand. « Elle était percée au centre d’un trou que bouchait une sorte de boule sous laquelle se trouvait un pot rempli de cendres » (6). Tous ces éléments plaident donc pour une présence humaine ancienne dans le secteur de Kervilon.

De nombreuses chefrentes concernent Kervilon et attestent d’un village plutôt important au Moyen Age : sept ou peut-être huit tenues de Kervilon doivent une chefrente aux seigneurs de Kerbleustre et de Lestiala (7), tandis que la tenue du Lidouren doit une chefrente à la seigneurie de Keréon et à celle de Kergoz (8). Mais le travail de la terre n’était pas l’activité principale des habitants de Kervilon au Moyen Age, ils étaient avant tout « poissonniers », c’est à dire pêcheurs, comme les autres habitants de Saint-Guénolé (9).

Comme tout Saint-Guénolé, Kervilon fut fortement touché par la crise de la fin du XVIe, le village mettra plus de deux siècles à se relever, ainsi en 1833, on y comptait encore onze maisons et sept masures ruinées.

Kervilon vers 1830 (extrait du plan cadastral)

Au XIXe et au début XXe Kervilon redevint un petit centre agricole relativement prospère regroupant plusieurs fermes. L’explosion démographique de Saint-Guénolé et les commandes de légumes des usiniers eurent des conséquences bénéfiques pour les cultivateurs du village. Mais d’un point de vue strictement urbanistique, Kervilon ne profita pas du développement de la pêche et des conserveries, car tout comme Kervédal, il était trop éloigné du port. En revanche, suffisamment excentré et peuplé, il put faire vivre quelques commerces : épicerie, débit de boisson, maréchal-ferrant, … commerces qui attirèrent aussi la population de Kerameil et Kervédal ; en plus Kervilon disposait d’un lavoir. Dans les années trente il arriva même que des petits cirques s’installent sur la place.

Aujourd’hui la route de Penmarc’h à Saint-Guénolé ne passe plus par Kervilon,  les commerces ont disparu et il ne reste plus d’agriculteurs. Comme les autres villages, il s’est fortement développé dans les années 1960-70, mais en se muant en simple quartier résidentiel.

Le secteur de Kervilon comprend les parcelles répertoriées sous les articles suivants : CimetièreClosClouetCornellouFaouëtFornGlas, Groac’hGuervicGueotHonoreJardinKersauxLamandéLanrosLennLévéné, LidourenLodenMaoMarchiouMauleMelchenMenMigornMutNedelecPaludPerennesPlousPoullenPunsRavejouRobin, SalSaoulSclaminecStephanToulemontTrégaletTy deved et ar Voued.

(1) Acte retranscrit in Torchet, Hervé .- Penmarc’h au Moyen Age, p.119.

(2) Acte retranscrit in Torchet, Hervé .- Penmarc’h au Moyen Age, p.126.

(3) Deshayes, Albert .- Dictionnaire des noms de lieux…

(4) Site KerOfis

(5) Voir l’article Kervédal.

(6) Deuxième campagne de fouilles …

(7) Archives départementales du Finistère, 60J34

(8) Archives départementales du Finistère, 60J32

(9) Archives départementales de Loire-Atlantique, B 3003 (retrancription par Alain Torchet, site La Pérenne)

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