Nom de la rue
Lucien Pierre Alain Larnicol est né à Penmarc’h le 02 juin 1920. Il était le fils de Pierre-Jean Larnicol, maire de Penmarc’h de 1919 à 1935 et de Marie Louise Péron, décédée deux ans après sa naissance. Surnommé « Lulu », il travaillait comme préparateur en pharmacie chez son oncle Henri Péron (1904-1993). Pendant la guerre, il intégra le réseau de résistance Vengeance (groupe Pichavant). Recruteur instructeur, il devint chef du secteur de Penmarc’h. Il s’occupait de faire rentrer des prisonniers de guerre en leur établissant de fausses cartes de goémonier. Il fut arrêté le 21 février 1944.
Son épouse avait « réussi à monter dans ses appartements au moment de l’interrogation de son mari Lucien, dans la pharmacie, par deux membres de la Gestapo. Elle (…) savait où étaient les documents secrets de Lucien dont la liste des résistants, et les brûla dans la cuisinière. » Pierre Boënnec in « Les hommes qui ont fait les Cormorans ».
Lucien Larnicol fut interné à Quimper en compagnie de l’hôtelier Hyacinthe Moguérou, arrêté le même jour, puis on l’amena à Rennes. Il fut déporté le 21 mai 1944 au camp de Ravensbrück où il mourut le 20 avril 1945.
Il a obtenu à titre posthume la médaille de la Résistance française par décret du 29 novembre 1955.
Caractéristiques de la rue
Ce nom de rue a été choisi en 1955 par la municipalité de Thomas Donnard. Jusqu’alors la voie officiellement appelée chemin vicinal n°11, était couramment nommée rue de la Croix. Elle va de la croix de Kerouil à l’intersection avec la rue Lucien Le Lay et la rue François Péron. Auparavant elle croisait ces rues et se prolongeait jusqu’à la mer. On distingue encore cette portion de voie le long de l’ancien hôtel Charpentier.
La rue Lucien Larnicol mesure 360 mètres environ et est approximativement orientée est-ouest. Elle se situe à 3,70 m au- dessus du niveau de la mer en son point le plus bas (devant l’ancienne usine Le Hénaff) pour remonter à 4,50 m à la Croix.
Histoire
La partie est de la voie traverse les liorzhoù (courtils) du village de Kerouil qui doivent remonter au premier Moyen Age, voire encore plus tôt. Elle longe ensuite dans sa partie médiane du côté sud une longue parcelle du nom de Parc Kerouil, puis dans sa partie ouest Parc ar Zal au nord comme au sud. Le toponyme parc [park] est caractéristique des défrichements du second Moyen Age, on peut penser à des terres gagnées sur le marais de Kerouil.
Du 16e au milieu du 19e siècle l’activité portuaire avait presque cessé, l’accès au quai n’était donc pas primordial. A l’époque cette voie était avant tout un chemin de charrettes permettant d’aller récolter du goémon ou du sable dans l’anse de Poul an Triou.
« Pors Saint-Guénolé (…) finit d’un chemin chartier qui coupe le sommet de la dune, qui est creusée et là commence aot an enez » (1)
Ce chemin conduisait aussi à la zone de terrains communs situés derrière la dune, appelée palue de Kerouil, un document de 1828 le nomme d’ailleurs « chemin de Kerouil à la palue »(2).
La renaissance du port et l’arrivée des conserveries à la fin du 19e s. bouleversa complètement cette voie. Charles Hillerin fut le premier à y faire bâtir une usine en 1879, la future usine Amieux. Puis ce fut Artaud en 1883 (future usine Le Hénaff) et enfin Bonduelle en 1919-1910 (future usine Rio Le Gall). Ce chemin de charrette sans importance se transforma en moins de dix ans. Accès principal des populations de Kerouil, d’une partie de Kergarien et même de Kervédal et Pors Carn pour aller au travail (port, usines), il devint l’axe le plus fréquenté de Saint-Guénolé avec la rue Lucien Le Lay. Il fut d’ailleurs classé en chemin vicinal dès 1881. Mais cette urbanisation rapide n’était pas sans conséquences : en 1892 la partie ouest de la rue fut qualifiée de cloaque par les gens du quartier qui adressèrent une pétition au préfet en affirmant que l’épidémie de fièvre typhoïde de l’hiver 1891-1892 avait été causée par l’état déplorable de la voie.
On répara enfin la route en 1894, mais en décembre 1907 le conseil municipal fut avisé que les eaux pluviales stagnaient devant l’usine Amieux. Le sujet revint à l’ordre du jour un an après, en décembre 1908 :
« le conseil constate avec surprise que par suite d’un trop laisser aller les eaux pluviales et autres provenant d’établissements contigus forment une mare sur le chemin de Kerouil à la cale de Saint-Guénolé » (3)
Quelques commerces s’implantèrent à l’extrémité ouest de la voie, attirés par la proximité des usines et du port. Mais pendant longtemps la partie centrale de la rue demeura sans constructions. La portion orientale en revanche possédait plusieurs maisons au début 19e et même bien avant. Ce haut de la rue constitue probablement le centre ancien du village de Kerouil, blotti autrefois autour d’une chapelle dédiée à saint Quirin dont il ne reste plus que la croix.
Les photos aériennes de l’IGN de 1921 et 1923 montrent que la partie centrale de la rue reste encore en partie vide. On distingue une série de maisons mitoyennes côté sud, mais en face, côté nord, on ne trouve encore qu’une seule construction. Si la vocation commerciale de la rue commence à s’affirmer, les anciennes activités agricoles n’ont pas toujours disparu car on compte encore trois fermes le long de la rue.
En novembre 1932 le conseil municipal vota un crédit destiné à l’élargissement de la voie. Les propriétaires, pour la plupart, acceptèrent de céder gracieusement les portions frappées d’alignement à condition que des murs cimentés soient construits sur les nouvelles limites en réutilisant les pierres des anciens murets (4).
Sur la photo aérienne IGN de 1954, la partie centrale est désormais largement bâtie, partout les constructions se sont densifiées et de ce point de vue la rue a presque déjà le même aspect qu’aujourd’hui. Mais les parcelles entre les bâtiments sont toujours cultivées ainsi que de nombreux champs derrière les maisons. Il ne subsiste toutefois plus qu’une petite ferme.
Sur la photo aérienne IGN de 1960, on constate que les parcelles non construites restent en culture pour la plupart, mais il n’y a plus de véritables fermes.
Activités : commerce, artisanat, agriculture, industrie, loisirs (des origines à 1980)
Outre ses trois conserveries, la rue Lucien Larnicol se caractérisait au 20e s. par sa fonction commerciale et artisanale : boucherie, boulangeries, épiceries, bistrots, menuiserie, quincaillerie, restaurant, tailleur, cordonnier… La rue était aussi marquée par les activités portuaires : avitaillement, forge et mécanique marine. Un des tous premiers médecins de Saint-Guénolé, le Dr Bourgin, la choisit également dans un premier temps pour y installer son cabinet.
Les premiers commerces de la rue dataient des années 1880, mais l’apogée en nombre de magasins se situa entre les années cinquante et les années soixante-dix, avec une quinzaine d’établissements.
La rue Lucien Larnicol, le nord de la rue Lucien le Lay et la rue du port formaient une entité appelée le « Nenes » (5). Cet ensemble constituait le principal lieu de sociabilité de Saint-Guénolé, essentiellement grâce à ses débits de boisson où de nombreuses personnes, des hommes essentiellement, se retrouvaient pour discuter, jouer aux cartes… La rue Lucien Larnicol fut même surnommée « la rue de la soif ».
Côté nord de la rue
n°9
Cette construction qui date de la fin des années 1890 était la maison des gérants de l’usine Amieux.
n°29
Conserverie Amieux (et al) [1879-1969]
Cet emplacement a d’abord été occupé par l’usine Hillerin à partir de 1879, puis par l’usine Amieux.
Voir l’article Amieux (conserverie)
Puis au n°29
Failler [années 1970 – après 1980>]
Edmond Failler
Plombier chauffagiste.
n°43
Stéphan [<1920?-1930?]
Débit de boisson épicerie. La maison a été démolie et reconstruite.
Puis au n° 43
Le Loch [années 1950 – après 1980>]
Jean Le Loch (1913-2006) époux de (1944) Lucienne Larnicol (1920-2008)
Menuisier de formation comme son père Jean-Marie Le Loch de la Tour carrée (voir n°420 rue Pierre Semard), il vendait des meubles rustiques et modernes, des matelas, de la literie, des tissus d’ameublement… Il réalisait aussi des agencement de cuisine.
Leur fils Jean prit la succession dans les années 1970.
Entre les n°43 et 85
Conserverie Le Hénaff [1880-1965]
Voir l’article Le Hénaff (conserverie)
Puis, entre les n°43 et 85
La partie ouest de l’ancienne conserverie fut rachetée par Jean Le Loch (voir n°43). Le peintre Louis Cosquer y a établi son atelier pendant un certain temps.
A l’arrière du n°85
Noël [années 1960-après 1980>], bar le Crépuscule
André Noël (1937-2010)
Bar le Crépuscule. Snack bar, jeux (boules, bowling, billard…). André Noël a également fait taxi, excursions, ambulance.
André Noël a d’abord été installé rue de la Joie.
n°121
Stéphan [juin 1909 – juin 1933]
Michel Stéphan (1882-1956), époux (1909) de Marie-Louise Tanneau (1882-ca 1930)
En juin 1909, Michel Stéphan prit la succession de son frère Pierre Jean Stéphan (1876-1908) après avoir épousé sa veuve. Pierre Jean Stéphan était boucher à l’Ile Fougère, mais je n’ai pas réussi à trouver où exactement. Etait-ce au même endroit ?
Michel Stéphan tenait une boucherie épicerie débit. Il abattait ses bêtes dans un cabanon situé derrière la maison. En juin 1933 il vendit son fonds de commerce à Pierre Hélias et Germaine Paul (n°124).
Puis au n°121
Tirilly [<années 1960>]
Alain Tirilly (1906-1988) x Eugénie Stéphan (1912-2005)
Menuiserie, ameublement. Cette maison avait été construite par Michel Stéphan et Marie-Louise Tanneau, les beaux-parents d’Alain Tirilly. Après avoir servi de boucherie, le rez de chaussée avait été mis en location (l’étage abritait déjà des locataires à l’époque de la boucherie). Alain Tirilly qui avait déjà un magasin au n°99 rue Pierre et Jean Dupouy, réaménagea la maison et fit refaire la façade.
n°131
Loussouarn [années 1890-années 1910]
Louis-Marie Loussouarn (1851-1914) et son épouse (1889) Marie Jeanne le Corre (1865-….)
Louis-Marie Loussouarn était cultivateur à Kervilon, puis à Quelourn jusqu’au début des années 1890. En 1896 le couple fit construire une maison de commerce près des usines, sur la parcelle cadastrale A9 qui correspond au n°131 actuel. Ils faisaient boulangerie, débit de boisson et auberge. L’établissement n’a probablement pas survécu au décès de Louis-Marie Loussouarn le 9 mai 1914, mais leurs deux filles seront elles aussi commerçantes : Corentine, qui épousera le boulanger Guillaume Larnicol (n°396 rue Lucien le Lay) et Marie Louise qui épousera un autre boulanger : Pierre Jean Biger (n°8 rue Pierre Semard).
Puis au n°131
Stéphan [1953 – 1975]
Jean Stéphan (1905-1989) et son épouse (1941) Maria Rioual (1910-2007)
En octobre 1953, ils ouvrirent un commerce de « quincaillerie, articles de ménage au détail et forge ». Jean Stéphan était forgeron.
n°149
Conserverie Rio – Le Gall [1909-1966]
Voir l’article Rio – Le Gall (conserverie)
Puis au n°149
Mag 2000 [1974 – après 1980>]
Ce supermarché qui appartenait à la chaîne allemande Spar fut inauguré en mars 1974. Il était géré par Michel le Faou et son épouse qui tenaient auparavant la boulangerie épicerie Jégou, rue Lucien Larnicol également (n°41-52). Le magasin faisait 750 m² et disposait d’un parking de 80 places.
n°181
Devant un grand champ qui appartenait aux propriétaires de l’usine voisine se trouvait une pompe à eau.
Puis au n°181
Diougoant [1977>]
Etienne et Louis Diougoant
Vente et entretien des moteurs de bateaux depuis décembre 1977. Marque Caterpillar.
n°229
Larnicol [1/1925-années 1950]
Pierre-Jean Larnicol (1890-….) et sa seconde épouse (1923) Louise Stéphan (1899-1967).
Ils ouvrirent en janvier 1925 une boulangerie épicerie débit de boisson. Pierre Jean Larnicol et sa première épouse Marie Péron étaient les parents de Lucien Larnicol. Pierre Jean Larnicol fut maire de Penmarc’h de 1919 à 1935.
n°249
Diougoant [années 1950-1960 ?]
Marie Jeanne Hélias (1902-1984), épouse de Pierre Louis Diougoant (1902-1992)
Marie Jeanne Hélias était dentellière et vendeuse de dentelles en picot (6) et de colliers de bigorneaux au Menez, face au Trou de l’enfer.
n°293
Le Coant [ca 1912 – après 1980], restaurant Traou Mad
Yves Le Coant (1882-1949) et son épouse (1909) Jeanne Raphalen (1888-1968)
Venus de Peumerit et de Plovan, ils ouvrirent une épicerie, mercerie, tissus, débit de boisson dans un premier temps, puis commencèrent à faire restaurant avant la Deuxième guerre mondiale. Yves le Coant était également transporteur à cette époque : un document daté de 1930 nous apprend qu’il possédait un autocar de marque White.
Puis,
Raymond Le Coant (1926-1999), leur fils, et son épouse Marguerite Tressart (1925-2018) à partir de 1948. Le restaurant et le bar prirent alors le pas sur l’épicerie, la mercerie et la vente de tissus qui bientôt furent abandonnés
n°301
Sénéchal [1947 – années 1970>]
Yvonne le Coant (1910-1999) épouse (1932) de François Sénéchal (1905-1974)
Fille des fondateurs du restaurant Traou Mad, Yvonne le Coant s’installa en mars 1947 avec son mari au n°301, dans la maison voisine du restaurant qui sera bientôt tenu par son frère. Ils louaient auparavant un fonds de commerce (épicerie et débit de boisson) au n°188 de la rue.
Le nouveau commerce faisait épicerie, alimentation générale, produits laitiers, fruits et légumes et débit, quincaillerie, articles de ménage, mercerie, tissus, bonneterie, confection, vêtements de travail, laine, layette, bas, chaussettes, imperméables, chemiserie, lingerie, linge de table et de maison, pantoufles, articles de plage. (7)
n°307
Stephan [années 1950 ?]
Frère d’Yves Stéphan (voir n°104-112), je n’ai pas retrouvé son prénom.
Tailleur.
n°327
Avant la construction de la maison Quéméré, l’emplacement du n°327 était occupé par une chaumière qui appartenait à Louis Hélias.
Quéméré [octobre 1936 – après 1980>]
Raymond Quéméré (1908-1986), époux de (1936) Marie Le Loch (1911-1972)
Le commerce fut construit vers 1938. Raymond Quéméré était tailleur et Marie le Loch couturière ; c’était la fille du menuisier Jean Marie le Loch (n°420 rue Pierre Semard) et la sœur du menuisier Jean le Loch (n° 43 rue Lucien Larnicol) et du tailleur Emile le Loch (n°65 rue de la Joie). Le magasin faisait chemiserie, bonneterie, mercerie, chapellerie, vente de tissus, il était spécialisé dans la confection pour hommes et jeunes gens.
Côté sud de la rue
derrière le n°30
A l’arrière de l’actuel n°30 se trouvait une ferme construite entre 1888 et 1920. Lorsqu’elle cessa son activité à la fin des années 1950 elle était la dernière exploitation agricole de la rue.
Derrière le n°30 également
Lautrédou [<années 1940 – années 1950?]
Thumette Lautrédou (1906-1960)
Thumette Lautrédou était coiffeuse.
n°41-52
Tanniou, Jégou, Gouzien [années 1880-après 1980>]
Henri Tanniou (1843-1893) et son épouse (1872) Jeanne le Bleis (1850-1895) étaient d’abord cultivateurs à Plomeur, puis à Saint-Guénolé (Kerameil), puis à nouveau à Plomeur. Ils ouvrirent une auberge à Saint-Guénolé à la fin des années 1880, et obtinrent rapidement, au plus tard en 1892, une licence de débit de tabac. Mais Henri Tanniou disparu l’année suivante. Avec d’autres commerçants de Saint-Guénolé, il était allé acheter des barriques de cidre dans la région de Fouesnant à bord du sardinier « l’Avantage ». Au retour, surpris par le mauvais temps le bateau tenta de trouver refuge à Pors Carn, c’est là qu’il fit naufrage le 8 février 1893.
Leur fils Henri Tanniou (1873-1907) et son épouse (1897) Marie Anne Péron (1879-1954) prirent la suite. Ils améliorèrent le commerce en faisant construire une remise vers 1895, mais elle fut détruite par un incendie en 1901.
Le commerce se diversifia au début du siècle sous l’impulsion de Marie Anne Péron. Issue d’une famille d’artisans et d’entrepreneurs, elle avait le sens du commerce. Le débit de boisson et de tabac, remarquablement situé à proximité immédiate de trois usines et tout près du port, devint boulangerie, épicerie, mercerie, avitaillement et se lança même dans l’édition de cartes postales locales. La maison, peinte en blanc, portait une grande inscription sur sa cheminée ouest : « Tanniou débit boulangerie ».
En 1922 elle devint aussi débitante auxiliaire de timbres.
Le commerce fut malheureusement inondé par le raz-de-marée de janvier1924. Les dégâts étaient très importants, la préfecture les estima à 15 000 F. Ce fut l’un des deux commerces les plus touchés par la catastrophe : cloisons brisées, 20 balles de farine inondée et 30 sacs de pommes de terre ainsi que d’autres marchandises emportés par la mer jusqu’à l’étang de Kerouil, derrière l’usine Cassegrain. La boulangerie resta quatre jours sans faire de pain. Heureusement qu’un des murs fut emporté ce qui permit à l’eau de traverser le jardin et de s’évacuer vers l’étang, sans cela les dégâts auraient été encore bien plus considérables :
Une troisième génération pris la suite, constituée de la fille d’Henri et de Marie Anne Péron : Marianne Tanniou (1900-1996) et de son époux (1919) Jean Jégou (1893-1954). Après avoir servi dans la marine où il était second maître canonnier, Jean Jégou se reconvertit comme boulanger tandis que Marianne accueillait les clients. La maison qui datait de la fin 19e s. fut démolie vers 1956 et remplacée par un bâtiment plus vaste et fonctionnel. Il permit ainsi de séparer la boulangerie épicerie et le bar tabac dans des pièces distinctes.
Leur fils Raymond Jégou (1922-….) reprit un temps la boulangerie épicerie, qui fut ensuite louée à M. Sculo. Puis Michel Le Faou loua le magasin et acheta le fonds. Il ouvrira un supermarché dans la même rue en 1974. (voir côté nord, n°149).
Quelques noms d’ouvriers boulangers nous sont restés : Corentin Bargain, Joseph Folgoas, Jean Pierre Stervinou, Pierre le Brun.
La partie bar tabac de l’établissement connut une plus grande longévité. Alice Jégou (1920-2013), la fille de Jean et Marianne Tanniou, épousa en 1939 Yves Gouzien (1912-1982). Le couple reprit le bar. Celui-ci faisait également tabac, papeterie, journaux, salle de réunion et donnait les résultats sportifs. Yves Gouzien était aussi chauffeur de taxi. Ce fut l’un des bars les plus importants de la commune pendant des décennies. C’était aussi un des deux principaux « bars à loder » (8) (9) de Saint-Guénolé avec celui de Vincent Larnicol rue Lucien Le Lay. Ces bistrots jouèrent longtemps un rôle de sas entre terre et mer pour les marins (10).
Jacqueline Gouzien (1941-2016), la fille d’Yves et d’Alice Jégou représenta la cinquième génération de ce commerce. Le bar avait déjà pris le nom de « Chez Jacqueline » dans les années 1960.
n°64
Péron [Années 1890 – décembre 1929]
Alain Péron (1869-….) époux (1895) de Françoise Loussouarn (1878-1921), puis (1922) de Catherine le Berre (1882-….)
Alain Péron fut d’abord charron, puis menuisier, puis menuisier charpentier et entrepreneur ; son épouse vendait du tissus. Alain Péron succéda à son père Michel qui était charpentier et charron à Kergarien (n°262 rue Pierre Semard). A partir de 1924, la vente de tissus sera assurée par sa belle fille Maria Lautridou, l’épouse de son fils Pierre.
Alain Péron était le frère aîné de Yves Joseph Péron, également menuisier (106 rue Lucien le Lay), et de Marie Anne Péron (voir le n°41-52). C’était aussi le grand-père de Lucien Larnicol qui donnera son nom à la rue. Son atelier de menuiserie et son magasin furent inondés à plusieurs reprises : en particulier en janvier 1924 et en février 1925. Il possédait une automobile en 1930.
Puis au n°64
Quénet [décembre 1937 – années 1970>]
Jean-Louis Quénet (1914-1999)
Cordonnier, il vendait aussi des pantoufles et des socques. C’était une petite maison qui a été démolie depuis.
A l’emplacement du n°82 actuel
Rioual, H [années 1900-années 1910]
Henri Rioual (1874-1918) et son épouse (x1900) Catherine le Berre (1882-….)
Henri Rioual était cultivateur et commerçant, il tenait un débit de boisson et disposait d’une maison à four pour faire du pain. Mobilisé dès le 3 août 1914, il trouva la mort lors d’un bombardement par avion à Grandvilliers dans l’Oise le 19 mai 1918. La ferme était encore active en 1923 à juger par les tas de foin ou de paille qu’on peut observer sur la photo aérienne de l’IGN.
Catherine le Berre se remaria en 1922 avec son voisin Alain Péron (cf n°64)
Puis au n°82
Rioual, V [mars 1930 – 1940 ?]
Vincent Rioual (1906-1962), époux (1929) d’Alice le Goff (1912-1967)
Fils des précédents et frère de Pierre Marie Rioual (n° 96 rue Lucien Le Lay), Vincent Rioual était menuisier ébéniste, il avait son atelier derrière la maison. Son épouse vendait du tissus, de la dentelle et de la bonneterie. A partir de 1934 il changea d’activité pour devenir boucher. Vers 1940 il s’installa à Kérity.
La maison d’origine sera remplacée par une nouvelle construction vers 1956.
n°104 et n°112
Stéphan [11/1950- années 1960]
Marceline Duret (1911-1983) et son époux (1929) Yves dit Youen Stéphan (1904-1965)
Marceline Duret ouvrit ce débit de boisson en novembre 1950, elle faisait aussi de la vente de bonbons. Youen Stéphan était comptable à la coopérative des marins et possédait des parts dans quelques bateaux. Le commerce était un bar à « loder » (8) pour les équipages de ses bateaux et pour quelques autres (« Aigle des mers », « Bajyma », « Youen », etc…). Il disposait d’une salle de réunion ainsi que d’une cour fermée, pratique pour ranger les charrettes à bras des marins.
n°124
Hélias [juin 1933 – années 1970]
Pierre Hélias (1908-1949) et son épouse (1933) Germaine Paul (1914-1979)
Boucherie charcuterie, épicerie et débit de boisson. Ils commencèrent leur activité commerciale en 1933 de l’autre côté de la rue, dans l’ancienne boucherie de Michel Stéphan, au n°121, puis passèrent en face, au n°124.
L’abattage des bêtes se faisait dans le garage attenant. Pierre Hélias était originaire de Pouldreuzic et Gemaine Paul venait de Tréffiagat. Pierre Hélias possédait une automobile dès les années 30. Après son décès prématuré (il n’avait que 41 ans), Germaine Paul, qui tenait surtout le bistro épicerie, prit également en charge la boucherie.
Germaine Paul se remaria en 1961 avec Louis Pelletier (1911-1980), qui localisa à la même adresse son activité de vente et réparation de fours pour les boulangeries.
n°138
Camenen [ juin 1940-années 1960] « Chez Camenen » ou « Chez Didine »
Alexandrine Camenen (1909-1983) dite Didine, épouse (1930) Yves Friant (1906-194.), puis (1948) Jean-Louis Tirilly (1915-1985)
Dans une maison construite au milieu des années trente, « Didine » Camenen ouvrit en juin 1940 une épicerie et un commerce de laine et tricots faits à la main. En 1941 elle ajouta de nouvelles spécialités : mercerie, pantoufles, ceintures en cuir et parfumerie. Puis, en 1946, commerce de tissus et cotonnades, et plus tard vente de fruits. Le commerce faisait aussi débit de boisson. Son premier mari était électricien, le second marin. Le père de « Didine » était douanier, il venait du Morbihan.
n°188
Berthelot [1936-1944]
Christophe Berthelot (1908-1985) et son épouse (1931) Marie Navellou (1901-1990)
Originaires de la région de Scaër, Christophe Berthelot était sabotier et marchand de sable et son épouse tenait le débit. Ils étaient locataires d’une certaine madame Stéphan. Ils quittèrent Saint-Guénolé en 1944 pour s’installer au bourg de Tréffiagat.
Puis au n°188
Sénéchal [6/1945- jusqu’en 9/1946]
Yvonne le Coant (1910-1999) épouse (1932) de François Sénéchal (1905-1974)
Débit, épicerie. Ils s’installeront par la suite de l’autre côté de la rue, au n°301.
Puis au n°188
Guirriec [9/1946- début des années 1950]
Guirriec, Albert (1919-1996) époux (1945) de Stéphan, Emma (1927-2016)
Epicerie, débit, mercerie, tissus. A partir d’octobre 1947 Albert Guirriec devint également courtier en pommes de terre de consommation et semence, petits pois et agent commercial. Le commerce s’est ensuite installé route de Kervédal.
Puis au n°188
Calvez [années 1950-années 1970]
Marie Le Roux (1902-1975), veuve de Jean Marie Calvez (1900-1937)
Le bar était connu sous le nom de « Chez Marie Rouz ». Marie Rouz était secondée par sa fille Irène.
Puis toujours au n°188
le Gypsy[années 1970 – après 1980>]
Bar tenu par M.Salaun de Plonéour-Lanvern.
n°198
Stéphan, B. [années 1940 – années 1950 ?]
Barthélémy Stéphan (1912-1975)
Barthélémy Stéphan était tailleur, et aussi rebouteux.
n°218
Guillou [1962 – après 1980>]
Marcel Guillou (1932-….)
Forge marine. Né à Kernevel, Marcel Guillou avait été formé chez Piriou à Concarneau. Il avait commencé son activité à Saint-Guénolé dans une baraque en bois.
n°226
Bourgin [1939 – années 1950]
Guy Bourgin
Médecin. Il s’installera plus tard près de la plage de la Joie.
Il y aurait eu un commerce dans cette maison avant guerre.
n°238
Cette maison était une ferme, au moins jusqu’aux années vingt. Elle servira par la suite de magasin de marée pour Louise Kerfriden, dite Tante Lo (voir rue du port).
n°260
Drézen [1945 – fin des années 1960 ou début des années 1970]
Corentine Tanter (1906-1974), veuve de Corentin Drézen (1903-1942)
Ouvrière d’usine, Corentine Tanter se retrouva veuve avec trois jeunes enfants lorsque son mari fit naufrage sur le « Veach vad« . Pour subvenir aux besoins de sa famille elle décida d’ouvrir un commerce. C’est un métier qu’elle connaissait bien car elle était fille de commerçants. Elle racheta une licence IV (celle de Michel Guéguen), et ouvrit un débit de boisson épicerie en juin 1945. Elle compléta le commerce en rajoutant à partir de mars 1946 de la vente de mercerie, bonneterie et tissus au détail.
n°282 ?
Stéphan [<années 1890 – 1953]
Guillaume Stéphan (1864-1935)
Puis, son fils Jean Stéphan (1905-1989)
Maréchal ferrant et forgeron. La forge donnait sur la cour de l’impasse Jean Jaurès dite « al leur vras » qui avait l’avantage de posséder un puits, ce qui s’avérait bien pratique pour le forgeron.
La forge fut reprise en février 1938 par son fils Jean. Maréchal, forgeron et mécanicien, il développa la forge marine. Jean Stéphan, qui avait débuté auprès de son père, était réputé pour la qualité de son travail, en particulier sur les panneaux de chalut. Premier bateau équipé : le « Kergarrien ». En 1953 il s’installa l’autre côté de la rue, au n°131.
n°326
Tual [années 1950-1960 ?]
Isabelle Tual (1916-2003)
Dentellière, vendeuse de picot (6) et de colliers de bigorneaux au Menez, face au Trou de l’enfer.
n°336
Tanniou [août 1900 – années 1950]
Corentine Lucas (1877-1963), épouse (1899) de Guillaume Tanniou (1869-1928)
Débit de boisson, épicerie, mercerie, tissus. Guillaume Tanniou était marin et Corentine Lucas était qualifiée de ménagère et non de commerçante dans plusieurs documents officiels, ce qui laisse à penser que le commerce n’était pas toujours ouvert. Il s’est peut-être stabilisé après le décès de Guillaume Tanniou en 1928. En 1936 Corentine Lucas est recensée comme débitante.
Leur fille Catherine (1905-….) était mareyeuse entre les deux guerres, elle fut une des premières abonnées au téléphone à Saint-Guénolé.
n°346
Coic [<début des années 1970]
Jean-Paul Coïc
Electricité générale, chauffage. Au début de sa carrière, il occupa un atelier dans la propriété de ses beaux-parents.
Commerces non localisés
Dréau [<années 1950> ?]
Tailleur, près de la Croix.
Jezequel [9/1940-1946]
Elie Jezequel (1912-….)
Commerce forain de beurre et œufs en 1940, puis épicerie et boissons à emporter à partir de 1941.
Langlais [8/1947-11/1947>]
Donatien Langlais (1921-….)
Mareyeur ambulant et transporteur de poissons, crustacés et coquillages.
Phily [<années 1900>]
Anne Marie Boënnec ép Phily
Poulain [années 1970]
Michel Poulain, ingénieur.
Electroménager, télévision (vente et réparation), électricité automobile, solex.
(1) Archives départementales du Finistère, 53 U 5 60 (1855)
(2) Archives départementales du Finistère, 60J35
(3) Archives municipales, registre des délibérations du conseil municipal, 8/12/1907 et 20/12/1908
(4) Archives départementales du Finistère, 3 O 703
(5) Le mot Nenes vient du nom breton du village de l’Ile fougère = an Enes raden
(6) Napperons et gants en dentelle au point d’Irlande
(7) Archives départementales du Finistère, 1631 W 18, 23 et 30
(8) Bar où s’effectue la comptabilité du bateau et où les marins reçoivent leur paye. L’opération se renouvelle après chaque voyage pour les chalutiers thoniers ou le samedi pour les sardiniers et les côtiers.
(9) Liste non exhaustive des bateaux qui « lodaient » chez Gouzien : « Appel du large », « le Diablotin », « Enfant de Bretagne », « Jean Noël », « Kergarrien », « Notre-Dame de Lorette », « Patrice Myriam », « Le Résolu », « Riquita », « Spirou », « an Tin couz »…
(10) Sur ce sujet voir le livre : Bistro, l’autre abri du marin / sous la direction de Kelig-Yann Cotto.- Châteaulin : Locus solus, 2021 .- 144 p. Prolongation de l’exposition de 2021 du port-musée de Douarnenez.
Cette histoire des commerces de la rue Lucien Larnicol a été conçue grâce à de nombreuses sources :
- les archives départementales : recensements, registres du commerce (séries 1631 W et U Supplément), cadastre, état-civil…
- les archives municipales de Penmarc’h : registres de délibérations du conseil municipal
- la presse locale
- les souvenirs de quelques « anciens », en particulier Joël Stéphan, Martine Kerouédan, Jean Loch, Marie-Thérèse Cadiou, Suzanne Stéphan et quelques autres que je remercie encore vivement.
- le Centre généalogique du Finistère https://cgf.bzh/
- Cette histoire est encore incomplète et comporte sans doute quelques erreurs, j’en suis bien conscient, mais je continue à explorer les archives pour l’améliorer et je compte aussi sur les commentaires des lecteurs pour l’enrichir. D’autre part je suis toujours à la recherche de photos ou de documents sur les commerçants et les magasins.
NB : les petites photos placées sous les numéros de rue proviennent de Google street view.