Kerameil

« Manoir de Keranmelin » (1542, A85 F°309) ; « Manoir noble de Keramillin » (1654, 60J32) ; « Manoir noble de Kerameil autremant Keramellin » (1680, 4E214 93) ; « Kerameill » (1681, 60J29) ; « Lieu noble de Queranmeil » (1693, 4E214 25) ; « Keramelein » (1725, 4E214 199) ; « Kerameil » (1833, 3P159 3, cadastre)

Kerameil signifie village du moulin.

Le nom de Kerameil vient probablement d’un ancien moulin à eau depuis longtemps disparu (1).  Comme la plupart des noms en Ker, Kerameil date de la période 1150-1300.  A cette époque le duc de Bretagne autorise ou tolère la construction de moulins à eau qui répondent à une demande des paysans bénéficiant à présent de céréales beaucoup plus abondantes. Seuls des personnages riches et puissants peuvent en construire. Les créateurs de ce moulin font également bâtir un manoir à proximité, avec pour fonction principale de veiller à la perception des droits seigneuriaux liés au moulin et peut-être aussi au pont sur le canal. Les seigneurs fondateurs d’un manoir prenaient fréquemment le nom du manoir comme patronyme, c’est le cas ici. En effet il existait dans le Cap Caval, au moins jusqu’au XVIe, une famille de petite noblesse portant le nom de Keramelin. Cette famille possédait des biens à Penmarc’h, à Tréffiagat, à Tréméoc et surtout à Plomeur au XVe et début XVIe (le manoir de Keroulas, le manoir de Kerbulic) (2). Le blason des Keramelin était une rareté en Bretagne car il représentait une aigle (3). Au XVIe le manoir de Kerameil passa aux mains du puissant seigneur du Juch (4).

Le village de Kerameil est longé par l’axe Kervilon Kérity.  Il se situe à 4,50 m. au dessus du niveau de la mer, dominant légèrement le marais de la Joie, mais en contrebas du village voisin de Kervilon. Il ne joue pas de rôle de carrefour : seul un sentier part du manoir vers les champs situés du côté est. Ces éléments ne plaident pas pour une très grande ancienneté du site ni pour une population importante. Qualifié de manoir et de lieu noble au XVIIe, Kerameil n’est cependant pas signalé comme lieu noble lors de la Réformation des fouages de 1425-1426 (5). En 1542 le manoir de Kerameil dépendait de Marie Du Juch ; il passa en 1638 aux mains d’une autre grande famille, celle des Rosmadec ; en 1745 son suzerain était Corentin Joseph Le Sénéchal de Carcado, marquis de Molac et de Pont-Croix, héritier des Rosmadec. Ces nobles n’habitaient plus Kerameil, ils avaient confié l’exploitation des terres à des domaniers.

La propriété comprenait « une maison principale à cheminée …construite de pierres de taille… couverte d’ardoises », « une vieille maison couverte de paille », « une apparence d’angear ruiné », « une sou à pourceaux couverte de paille et construite de pierres de massonnage », « une grange » entourant une cour appelée « aire » dotée d’un « puÿ ». Plus au nord « une vieille masière à cheminée … toute ruinée »(6). Le manoir possédait également un colombier et un four.

Kerameil se composait d’une seule exploitation, souvent partagée  entre deux membres d’une même famille sous le régime du domaine congéable. Au XVIIe comme au XVIIIe la rente annuelle était payée en froment blanc, en orge et en chapons (7). Ce village n’est pas mentionné sur la carte dite des Ingénieurs géographes de 1780, ni sur celle de Cassini qui l’ont peut-être considéré comme un sous ensemble du village tout proche de Kervilon.

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Kerameil vers 1830 (extrait du plan cadastral)

Le développement de Saint-Guénolé à partir de la fin du XIXe eut des conséquences mineures mais réelles sur Kerameil : en 1929 la ferme n’était plus seule, on comptait une demi-douzaine de maisons de part et d’autre de la route qui mène au Pont nevez ; la situation est pratiquement la même lorsqu’on consulte le cadastre de 1957. Comme pour les autres villages excentrés de Saint-Guénolé, c’est le développement de l’automobile qui a entraîné l’urbanisation.

Le secteur de Kerameil comprend les parcelles répertoriées sous les articles suivants : CanalCardyCouldry, FaFornHeroJardinLeukerLinLonguigouPeronPontPuns et ar Voes.

(1) Le site du moulin reste mystérieux. Il était certainement bâti en aval du moulin de Keréon.

(2) Monot, Georges .- Notes de Georges Monot sur diverses familles de Cornouaille .- AD 29, 1NUM 3.

(3) Torchet, Hervé .- Tréméoc et Combrit au Moyen âge..

(4) Archives départementales du Finistère, A85 f°309

(5) Torchet, Hervé .- Réformation des fouages de 1426 …

(6) Archives départementales du Finistère, 4E214 130 (en 1745).

(7)  Archives départementales du Finistère, 4E214 93 ; 4E214 25 ; 4E214 199

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