Cassegrain (conserverie)

Cette usine emblématique de Saint-Guénolé a été construite sur un ancien terrain communal de l’Ile Fougère (actuelle rue Lucien-Le Lay), entre la dune et le marais de Kerouil ; elle donne sur le fond du port (1).

La mairie de Penmarc’h procède en décembre 1872 à l’adjudication de 11 terrains communaux. Louis Thomas Pichot en achète plusieurs. Sur un de ces terrains, il implante en 1875 une usine en bois avec une presse à sardines ; elle sera opérationnelle l’année suivante. Charles Cassegrain, industriel nantais, achète l’usine et le matériel à Pichot en décembre 1879 et transforme aussitôt la presse en conserverie.

Sur cette photo des années 1890, on distingue l’ancienne usine derrière la maison du gérant (2).

La première usine est détruite en 1920 et remplacée par une grande construction en pierre qui va s’étendre sur les deux parcelles voisines.

Début des années 1920, la nouvelle usine vient juste d’être construite.

L’entreprise Cassegrain a été fondée par Charles Cassegrain en 1856. En 1868 il ouvre sa première conserverie à Saint-Sébastien-sur-Loire, suivent dans les années 1880 Saint-Guénolé, Saint-Gilles-Croix-de-Vie et L’Herbaudière. En 1960 l’entreprise emploie environ 1500 personnes et possède sept usines.

A Saint-Guénolé, Cassegrain travaille prioritairement le poisson, mais l’usine fait aussi partie des pionnières dans la conserve des légumes. Après la deuxième guerre Cassegrain continue à alterner légumes et poissons à la belle saison, et travaille les coquilles saint-jacques en hiver ainsi que les sprats pour le marché allemand.


Eugène Alcide Ogé : Le ravitaillement de Port-Arthur par les conserves (3)

Parmi les gérants qui se sont succédé chez Cassegrain, j’ai retrouvé les noms de Germain Stéphan au XIXe siècle, Ernest Rochois avant la guerre 1914-1918, Louise Restou pendant la guerre, Yves Edelin entre les deux guerres et pendant l’occupation, Pierre Le Gall dans les années 1950-1960.

J’ai également retrouvé le nom de deux contremaîtresses, Marie le Pape, épouse Durand (1879-1958) et Anna Bariou, épouse Seven (1906-2004).

L’effectif est de 42 salariés en 1910, 86 en 1928 (4), 107 en 1950, 137 en 1957, 251 en 1961, 130 en 1971.

Vue aérienne de l’usine dans les années 1950. Carte postale Artaud (Gaby).

En 1960 Cassegrain achète Tirot. L’usine est réaménagée et agrandie et le personnel passe de 120 à 231 employés. Mais en 1966 l’entreprise connaît à son tour des difficultés financières et doit s’associer à Saupiquet qui finit par l’absorber en 1970.

En 1971 Saupiquet décide de fermer l’usine de Saint-Guénolé. Après deux mois de fermeture et des manifestations spectaculaires dans les rues de Saint-Guénolé et de Quimper, une solution est enfin trouvée. L’usine repart avec le même effectif sous le nom de « Saint-Gué-Coop » en association avec Pêcheurs de France. Dix ans plus tard, quand la direction annonce une période de chômage partiel, la lutte reprend de plus belle. L’usine est occupée et une délégation se rend à Paris rencontrer le ministre (5). Finalement le travail peut reprendre.

En mai 1984, la partie surgélation de Saint-Gué-Coop est victime d’un incendie volontaire impressionnant. (6)

Saint-Gué-Coop et Lebeaupin fusionnent pour former « Les conserveries de l’Atlantique » au printemps 1986. Mais en 1989 Lebeaupin se désengage et Saint-Gué-Coop devient une entreprise coopérative à 100%. En avril 1993 c’est la fin de Saint-Gué-Coop. Les 65 employés sont en partie embauchés par l’usine Chacun du Guilvinec.

Les locaux seront repris en 1999 par Gilles Le Guen qui y implante une activité de conserverie artisanale haut de gamme, « Océane alimentaire ».

Océane alimentaire, le site de l’ancienne usine Cassegrain en 2019.

(1) Pour en savoir plus sur cette usine, voir : Le Guen, Gilles .- Penmarc’h, qui se souvient des hommes …

(2) Photo parue dans : Voyages en France, Bretagne, Côte d’azur, environs de Paris, Val de Loire, Normandie .- 1898.

(3) Publicité Cassegrain ventant l’exportation de ses conserves jusqu’en Chine lors de la guerre russo-japonaise de 1904. Affiche, Musée de Bretagne, Rennes.

(4) Voir la liste des employés de 1928 ci-dessous.

(5) Mouez Penmarc’h n°115

(6) Mouez Penmarc’h N°89

Liste des employés de l’usine Cassegrain en 1928. Archives départementales, 27 J 16
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