Lebeaupin (conserverie)

L’usine se situe à l’Ile Fougère, le long du chemin qui mène au port (future rue Lucien-Le Lay), juste à côté de l’usine Cassegrain (1).

Le 10 janvier 1870, Louis Thomas Pichot achète une parcelle de terrain sablonneux à Guillaume Stéphan, meunier, cultivateur et débitant de boisson. Il y fait construire un bâtiment dans lequel il installe une presse à sardines.

James Brian Leary, industriel de la région bordelaise, achète l’installation de Pichot en juin 1874 et la transforme en conserverie. En septembre 1876 Leary revend son usine à Hillerin.

Trois ans plus tard, le 15 décembre 1879, Hillerin à son tour revend son usine à Eugène Victor Chatellier et fait construire une nouvelle usine un peu plus loin (future usine Amieux). En 1889 Chatellier la loue à Pascal Tirot, avant de la vendre en juillet 1892 à l’industriel douarneniste René Béziers (1845-1922).

L’usine en 1923, photo aérienne IGN

Avec l’arrivée de Béziers, l’usine connaît enfin une longue période de stabilité. Béziers va rapidement faire partie des principaux conserveurs du pays, il possédera bientôt une douzaine de conserveries dont deux au Portugal et une au Maroc.

Illustration de Benjamin Rabier

La conserverie Béziers ne ressemble pas tout à fait aux autres usines de Saint-Guénolé, en raison de sa façade blanche donnant sur la rue et de son toit plat.

L’usine tourne très bien jusqu’en 1931. Mais dans la nuit du 7 au 8 décembre un incendie détruit une partie des magasins, du matériel et des marchandises, ainsi que le bureau et l’appartement du gérant. L’usine est alors fermée, les marchandises et le matériel intacts sont transférés dans l’usine de Pont-l’Abbé et les 47 employés sont licenciés.

Par la suite, la conserverie est louée à Roger Le Hénaff. Ce dernier l’exploite probablement jusqu’en 1936, avant d’ouvrir sa propre usine un peu plus loin.

En novembre 1940 Michel Lebeaupin, cousin de Tirot, achète le bâtiment désaffecté ; il sert d’écurie aux Allemands. Nantais lui aussi, Lebeaupin s’est spécialisé avant-guerre dans les fruits exotiques et les conserves de luxe. La production commence en avril 1941.

Les spécialités de l’usine à l’époque Béziers sont bien entendu le poisson, en particulier le maquereau, mais aussi le pâté de porc. Lebeaupin quant à lui va tenter la conserve du merluchon sauce tomate et de la langoustine pendant la guerre, tout en gardant les classiques (maquereau et sardine). Il s’essayera avec succès en 1955 aux gros boîtages pour le marché des collectivités et en fera bientôt sa spécialité.

Plusieurs noms de gérants nous sont restés : Douarin (avant la guerre 1914-1918), Nicolas Renévot (1915-1922), puis Louis Loussouarn jusqu’en 1936. En 1941, lorsque l’affaire est reprise par Lebeaupin, le premier gérant est Louis Sénéchal. En 1948 c’est Yves Lebeaupin qui choisit de diriger lui-même l’usine de Saint-Guénolé avant d’être remplacé à partir de 1953 par Pierre Boënnec.

En 1910 l’usine emploie 50 salariés, en 1928 (2), 80 salariés, en 1950, 68 salariés et en 1957, 92 salariés.

En 1986 la société Lebeaupin s’allie à Saint-Gué-Coop pour créer les « Conserveries de l’Atlantique » spécialisées dans les plats cuisinés et gros boîtages. Mais l’alliance ne dure pas longtemps et en 1989 Lebeaupin se désengage.

Aujourd’hui il ne reste presque plus rien de l’usine, qui a été rasée. Elle a été remplacée par une rue, appelée la rue des conserveries, et par un petit parking.

Site de l’usine Lebeaupin en 2019.

(1) Pour en savoir plus sur cette conserverie, voir : Le Guen, Gilles .- Penmarc’h, qui se souvient des hommes … et Boënnec, Pierre .- D’ouvrier à patron…

(2) Voir ci-dessous la liste du personnel en 1928

Personnel de l’usine Béziers en 1928. Archives départementales, 27 J 16.
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