Loc’h

[Loc’h], loch

Un loc’h est une zone humide. Il désigne généralement un « étang côtier », il peut également s’appliquer à un pré inondé. Ce mot n’est employé qu’au sud du Pays bigouden, dans la presqu’île de Crozon et dans celle de Damgan (1).

Loc’h cleil

« Loch cleix » (1728, 4E214 199) ; « Parre loch cleiz » et « Parre loch cley » (1804, 60J37) ; « Loc’h cleÿe » (1830, 60J30) ; « Loc’h cleil » (1833, 3P159 3, cadastre) Toponyme de Kerbervet

Cet étang a été asséché et mis en culture depuis longtemps, probablement entre le Xe et le XIIIe . Cleil parait être une déformation de [kleiz] = gauche. Ce mot peut aussi désigner le nord (2).

On peut également y voir le nom de famille Cleis ou Clais relativement bien implanté dans le Pays bigouden. Ce patronyme se traduit également par « gauche ».

Les parcelles de Loc’h Cleil, dessin d’après la trame du cadastre de 1833, Archives départementales dU Finistère

Loc’h Yan

« Loch Jan » (fin XVIIe, 60J36) ; « Loch Yan » (1701, 4E205 6) ; « Parc Yan » (1701, 4E205 6) ; « Par loch Yan » (1701, 4E205 6) ; « Loch ian » (1728, 4E214 199) ; « Corn loch yan » (1805, 60J37) ; « Corn-lorch-yant »(1823, 60J35) ; « Mézou loc’h yan » (1830, 60J30) ; « Clos loc’h Yan »(1833, 3P159 3, cadastre) ; « Loch Yan »(1833, 3P159 3, cadastre) ; « Loc’h Yan bihan » (1833, 3P159 3, cadastre) ; « Marécage du lorch yan » (1848, 4E 205 396) ; « Une parcelle sous palue et en partie couverte d’eau nommée Loch-Yan» (1933, 2 O 1096) Toponymes de Kerbervet

Loc’h Yan est un ancien étang, asséché probablement au Moyen Age (XI-XIIIe). Il jouxte Loc’h Cleil au nord et à l’ouest. Loc’h Yan communique avec la grève de Pors Carn par un petit ruisseau.

Ruisseau de Loc'h Yan sur la plage de Pors Carn après de fortes pluies.
Ruisseau de Loc’h Yan sur la plage de Pors Carn après de fortes pluies.

Certaines de ses parcelles peuvent encore devenir très humides à la suite de fortes pluies. Yan [Yann] est l’équivalent du prénom français Jean.

Le « clos loc’h Yan » et le « loc’h Yan bihan » sont des champs clos du village de Kerbervet. La parcelle de Corn loc’h Yan contenait jadis une croix.

Chemin de Loc’h Yan

Loc’h Font al leur

  « Loch Font al leur » (1791, 59J3) Toponyme de Kergarien

Je ne situe pas précisément ce marais. Ce toponyme est mentionné à propos d’une des terres du Mezou Silinou. Font signifie fond, Font al leur serait le fond de la cour. Je me demande s’il ne faut pas plutôt traduire font par fontaine, dans ce cas Font al leur serait soit la fontaine de Poulleur qui servit longtemps de lavoir, soit la fontaine qui figure sur la carte des Ingénieurs-géographes, entre Poulleur et la grève.

Voir aussi Loc’h de Saint-Fiacre (ci-dessous)

Loc’h Kersuluan ou Loc’h ar Joa

« Grand marequage de Kersullan » (1677, 59J3) ; « Marequage nommé loch Kersuluan » (1680, 4E214/93) ; « Loch Kersuluan » (fin 17e, 60J36) ; « Estang de Kersulluan » (1738, 60J24) ; « Loch appelé l’estang de Kersulluan » (1745, 4E214 130) ; « Marais de Kersuluan » (1791, 59J3) ; « Loch ar Joie » (1843, 4E 205 382) ; « Loc’h ar Joie » (fin XXe, témoignage oral) Toponyme de Kergarien

Kersuluan était autrefois le nom du grand marais qui du Silinou jusqu’à l’actuelle Rue de Pont Nevez forme barrière au sud de Saint-Guénolé. Il portait le nom d’un des villages de sa bordure sud. Aujourd’hui on le désigne sous le nom de Marais de la Joie, en référence à la chapelle Notre-Dame-de-la-Joie qui longtemps, marqua sa limite sud-ouest.

Le marais de la Joie fut cédé par l’Etat, le 22 juillet 1822, à Monsieur Isnard, capitaine d’artillerie en retraite et au baron de Mequet, contre-amiral en retraite,  à charge pour eux de le dessécher. « Les concessionnaires étaient tenus d’établir les canaux nécessaires à l’écoulement des eaux et d’assurer au moyen d’aqueducs à clapet construits sous la dune, l’évacuation à la mer des eaux provenant du marais. (3) » Les travaux se terminèrent en 1829 : ils permirent la mise en valeur de 70 hectares de terrains incultes et marécageux et facilitèrent une opération similaire pour le marais de Lescors. Le Bastard, qui succéda à Isnard et de Mequet, fit construire la maison de Ty loc’h en bordure du marais et recruta un « garde particulier des marais » (4). Le marais passa ensuite aux mains de l’ingénieur des constructions navales Pierre-Armand Guieysse, à la suite de son mariage avec Jéronime Le Bastard en 1841.

Lors du raz-de-marée du 2 février 1904, la mer envahit complètement le marais et dégrada durablement les terres cultivées et les prairies qui le bordaient.

En 1943-1944, des réfractaires au STO se cachaient parfois la nuit dans le marais (5).

Loc’h ar Joa en hiver

Loc’h de Saint-Fiacre

« Stancq de Sainct Fiacre » (1661, 4E214 129) ; « Loch de saint fiacre » (fin XVIIe, 60J36) Toponyme de Kergarien

Cet étang se trouvait en contrebas de l’église Saint-Fiacre : il correspond au quartier du Poulleur. Il a été partiellement asséché au XIXe (6), mais on y trouvait encore de petites roselières sur certaines parcelles fin XXe.

Voir aussi Loc’h Font al leur (ci-dessus)

Loc’h Kerouil

« Stang de Kerouill » (1687, 4E214/93) ; « Loch Kerouill » (1754, 60J31) ; « Marais dit lorch-Kerouille » (1823, 60J35) ; « Loc’h Kerouil » (1833, 3P159 3, cadastre) Toponyme de Kerouil

Ce marais séparait autrefois très nettement le village de Kerouil et celui de l’Ile Fougère. Il fut asséché et converti en prairies entre 1865 et 1888 (7), mais lors du raz-de-marée du 2 février 1904, la mer mis à mal ces prairies en envahissant et recouvrant complètement le marais.

Jusqu’au début XXe il était borné par deux menhirs : un au nord ouest, l’autre au sud-ouest (8).

En 1957, l’usine Lebeaupin acheta 1000 m² de marais pour agrandir la conserverie et construire une nouvelle route de 65 m de long et 6 m de large, ouvrant ainsi un second accès à l’usine. Edifiée par le personnel masculin de Lebeaupin avec l’aide du camion de l’usine, cette route est aujourd’hui devenue la rue des Conserveries (9).

La rue des Marais qui traverse le nord du Loc’h Kerouil, est également liée aux usines, elle a d’abord été constituée d’un remblai de coquilles saint-jacques provenant des conserveries voisines.  Loc’h Kerouil a conservé un moment une petite roselière résiduelle, mais aujourd’hui le marais n’est plus perceptible dans le paysage, il s’est métamorphosé en zone industrielle.

Le Loc’h Kerouil en 1892 (10)

Kost ar loc’h

« Kost ar loc’h » (2000, carte IGN 0519OT) Toponyme de Kervédal

Ce toponyme aisément traduisible par « à côté du marais », désigne les parcelles situées entre le début du chemin menant de Kervédal à la Madeleine au nord et le Loc’h Lescors au sud.     

Loc’h corz

« Marequage nommé loch corz » (1680, 4E214 93) ; « Etang cors » (1690, A89) ; « Estang nommé loch corz » (1699, 4E205 4) ; « Loch cors » (1716, 60J31) ; « Loch cors » (1725, 4E214 199) ; « Grand étang nommé an loch cors » (1741, 60J31) ; « Marrais de loch corz » (1745, 4E214 130) ; « Etanc loch corz » (1805, 60J37) ; « Loch cors » (1830, 30J60) Toponyme de Kervilon

Loch corz désigne parfois la partie de marais située entre Keréon et la Rue Pont nevez, mais le plus souvent il s’applique à l’ensemble du marais de Lescors.

Le canal entre Keréon et la rue Pont nevez.

Loc’h Lescors

« Mare appelée Louch Lescors » (1540 ; (11)) ; « Estang du moullin [de] Keréon » (1680 ; 4E214/93) ; « Palue nommée Loch meur » (1724 ; B4448) ; « Marais de la Madelaine » (ca1780 ; carte des Ingénieurs-géographes) ; « Etang de Lescors » (1810, 60J38) ; « Etang de Lescors » (1850, carte d’état major) ; « Loch cors » (1914, 60J32) ; « Marais de Lescors » (2000, carte IGN 0519OT) Toponyme de Kervilon

Ce grand marais situé à l’est de Kervilon et Kervédal, est aujourd’hui appelé officiellement « Marais de Lescors » du nom du village de Penmarc’h qui le surplombe côté est. Le recteur Le Coz signale qu’il fut envahi par la mer à la suite du raz de marée de décembre 1896 (12).

Grâce à d’importants travaux de drainage, le loc’h Lescors a pu être en partie mis en culture, comme le décrit ce mémoire daté de 1922 :

« Il est loué par la commune à 129 cultivateurs, à peu près tous marins-pêcheurs habitant les agglomérations du bourg, de St-Guénolé, de St-Pierre ou de Kérity. Pendant la saison pluvieuse le Loc’h est inondé. En été les parties saines produisent en grandes quantités des légumes tels que choux, navets, qu’il est impossible de faire pousser ailleurs en pleine sécheresse. Les parties humides couvertes de joncs et de roseaux, donnent un peu d’herbe et servent de pâturages. » (13)

Loc’h Lescors

Loc’h ar puns

Voir l’article Puns.

(1) Tanguy, Bernard .- Marais, étangs…

(2) Favereau, Francis .- Celticismes…

(3) Archives départementales du Finistère, 4 s 232 (1900, Rapport de l’Ingénieur en chef des Ponts et Chaussées)

(4) Archives départementales du Finistère, 6 M 494 (recensement de 1836)

(5) Boënnec, Pierre .- D’ouvrier à patron…

(6) Monfort, Rémy .- Penmarc’h…

(7) Le Coz, François in Monfort, Rémy .- Penmarc’h…

(8) Deuxième campagne de fouilles…

(9) Boënnec, Pierre .- op.cit.

(10) Archives départementales du Finistère, 2 O 1095

(11) Aveu cité par : Calvez, N. .- La noblesse en Basse-Cornouaille …

(12) Le Coz, François in Monfort, Rémy .- Penmarc’h…

(13) Mémoire sur le chemin du Loc’h, présenté par l’ingénieur en chef du Génie rural en juillet 1922 ( Archives départementales du Finistère, 7 M 373)

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