Silinou

« Hae silin » (et dimidiam partem Silin Guenn) vers 1050 (cartulaire de Landévennec XLIII) ; « Ar Sellinou » (1661, 4e214/129) ; « Sillinart » (fin XVIIe, 60J36) ; « Silliou » (fin XVIIe, 60J36) ; « Parc an sillinou »(fin XVIIe, 60J36) ; « Sillinnou » (1701, 4e205/6) ; « Meziou Silinou » (1754, 60j31) et (1791, 59j3) ; « Cilinou » (1730, 60j30) ; « Sellinou » (1757, 60j39) ; « Silinou » (1833, 3P159 3, cadastre) ; « Mezou silinou » (1833, 3P159 3, cadastre) ; « Parc ar silinou » (1833, 3P159 3, cadastre) ; « Méjou ar Silinou » (1843, 4 E 205 382) Toponyme de Kergarien

Il existe deux explications pour silinou, pluriel de silin. Pour Francis Favereau, silin est une variante de salin et signifie saline (1), Albert Deshayes va dans le même sens : ce mot vient du vieux breton, il est emprunté au latin salinae = mine de sel (2). Pour François Falc’hun, silin viendrait d’un terme gaulois sigleniacos qui aurait signifié « lieu où il y a un marais, un marécage ». Jean-Marie Plonéis privilégie cette dernière hypothèse.

Au XIème siècle, l’abbaye de Landévennec possédait un centre de production de sel à Saint-Guénolé. Les Bénédictins avaient probablement pris possession d’une exploitation plus ancienne. Certaines zones de production de la Bretagne méridionale ont en effet traversé les siècles sans interruption majeure depuis la période gallo-romaine. L’exploitation du sel au Moyen Age concernait même des littoraux beaucoup plus septentrionaux que ceux qui subsistent de nos jours : ainsi Saint-Malo avait ses propres salines ! Pour extraire le sel on utilisait deux techniques : les marais salants « classiques » d’une part et la cuisson dans des récipients en plomb d’autre part. On y « faisait bouillir jusqu’à cristallisation la saumure obtenue par lavage des sables salicoles » (3). La seconde technique pouvait venir au secours de la première en cas d’ensoleillement insuffisant.

Ce toponyme de hae silin nous offre une trace ténue d’un aspect fondamental de l’économie ancienne de Saint-Guénolé. Elle reposait d’une part sur l’exploitation et le commerce du sel, parfois qualifié « d’or blanc », et d’autre part sur la pêche dans des eaux très poissonneuses. Le sel jouait là encore un rôle important dans la conservation des captures et donc leur exportation (une autre technique de conservation était également utilisée : le séchage). On imagine volontiers que le commerce médiéval du Pays bigouden s’est primitivement appuyé sur ces piliers. « Le sel, denrée facilement transportable (…) s’inscrit dans le circuit d’un commerce à grande échelle. C’est le seul produit agricole à faire l’objet d’un pareil trafic de masse. » (4)

Au XVIIe et sans doute bien avant, les salines sont abandonnées. On trouve, à la fin de l’Ancien Régime, une mention de droits non confirmés pour cause d’abandon et de non exploitation, pour une saline à la côte de Beuzec, sur le domaine de roi (5). Beaucoup de questions se posent encore sur les salines : où se trouvaient-elles exactement ? Par où se faisait l’arrivée de l’eau de mer? La réponse est difficile car le Silinou est un ensemble très vaste. Cependant plusieurs éléments m’incitent à situer les salines dans le « Parc ar Boennec », même si ce dernier est relativement éloigné de la mer.

Au XVIIIe les terres du Silinou sont cultivées : elles sont consacrées en grande partie à la culture du sarrasin (6). C’est au début du XXe que le Silinou change une nouvelle fois d’aspect  avec l’arrivée du chemin de fer et la création de la gare. Parallèlement quelques maisons sortent de terre : on en compte déjà une dizaine sur la photographie aérienne IGN de 1929. La gare, mais surtout la proximité du port, des usines et des commerces, seront les vecteurs de l’urbanisation progressive du Silinou.

(1) Favereau, Grancis .- Geriadur…

(2) Deshayes, Albert .- Dictionnaire des noms de lieux bretons…

(3) Cornette, Joël .- Histoire de la Bretagne…

(4) Cassard, Jean-Christophe .- La Bretagne des premiers siècles : le Haut Moyen Age .- Paris : J.P. Gisserot, 1994 .- 119 p. .- (Les Universels Gisserot)

(5) Archives de l’Amirauté de Cornouaille d’après Cornou, Jakez .- Origine …

(6) Archives départementales du Finistère, B 472

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