Kergarien

« Caer Carian »  (c 1050, Cartulaire de Landévenec) ; « Kergaryan »  (1451, AD 35, 1F1219)(1) ; « Bourg de Kergarian » ; (1517, A85)« Kergarien »  (1540, A85) ; « Kergouzien » (1540, A85) ; « Kergarian »  (1541, A85) ; « Kergarien »  (1617, A85) ; « Kergarian »  (1677, 59J3) ; « Kergadien »  (1681, A89) ; « Kergariante » (1775, 27H28) ; « Kergarien » (1828, 60J38) ; « Kergadien »  (1833, 3P159 3, cadastre) ; « Liors Kergadien »»  (1833, 3P159 3, cadastre) ; « Parc Kergadien »  (1833, 3P159 3, cadastre) ; « Kergarrienn » (1931, Ouest Eclair n° 12598) ; « Kergarien »  (1962, Ouest France du 29 octobre) 

Kergarien, dont le nom existe dès le XIe, peut-être même au Xe, figurait parmi les possessions de l’abbaye de Landévennec au Moyen Age. L’abbaye était également propriétaire des salines voisines : « Hae silin » aujourd’hui Silinou. Notons encore, et ce n’est pas anodin, que l’église se trouve sous le patronage de saint Guénolé, qui était le premier abbé de Landévennec et que cette église dépend de Beuzec, or Beuzec a pour éponyme Budoc qui fut le maître de Guénolé. Il est possible d’ailleurs que le Cap Caval ait directement dépendu de l’abbaye de Landévennec pendant une partie du Moyen âge (2).

Les premiers toponymes en Ker, auxquels Kergarien pourrait appartenir, avaient pour sens initial « lieu fortifié », au moins jusqu’au IXe (3), avant de prendre la signification de hameau, de lieu habité ; le village est d’ailleurs construit sur une petite éminence qui culmine à 7,16 m au dessus du niveau de la mer, dominant très légèrement l’ensemble des terres voisines. Carien suppose une forme ancienne Cargen composée de Car « ami, parent, cher, agréable » et de gen « naissance, famille »(4). On admet généralement que le nom d’homme qui suit ker est celui du fondateur de la première exploitation familiale du lieu. Au Moyen Age ses habitants sont tous pêcheurs (5) rattachés soit au port de Saint-Guénolé soit à celui de la plage de la Joie.

Kergarien est très souvent noté Kergadien à partir du XVIIe, source de confusion avec le village homonyme de Penmarc’h. Le nom de Kergarien a progressivement été abandonné au profit de « Saint-Guénolé », « Bourg de Saint-Guénolé » ou « La Tour carrée » du nom des ruines de son église, ou encore « Tal an tour ». Rares sont ceux qui actuellement se souviennent de ce toponyme, qui est même recensé comme lieu disparu ou inhabité dans la Nomenclature des écarts, hameaux et lieux-dits (6). Notons toutefois qu’un chalutier côtier-sardinier des années 1950-1970 s’appelait encore le « Kergarrien ».

Les seigneurs de Kerbleustre et de Lestiala perçurent pendant longtemps une chefrente sur deux propriétés du village. Kergarien avait l’aspect d’un petit bourg relativement compact : il était le siège d’une église et d’une chapelle : Saint-Guénolé à l’est et la chapelle Saint-Fiacre, 100 mètres plus à l’ouest. Il possédait plusieurs fours à pain. On y trouvait aussi, au moins jusqu’au XVIIIe, un manoir noble nommé le Paradis.

Kergarien est un point nodal à Saint-Guénolé. Il se situe le long de l’axe est ouest qui mène de Penmarc’h à la mer. Il est relié côté sud au Silinou d’une part et à Kérity d’autre part, à Kerouil et au secteur Viben-Pors Carn côté nord.

Comme toute la péninsule de Penmarc’h, Kergarien a longtemps souffert du contrecoup de la crise de la fin du XVIe : en 1833 on n’y comptait plus que dix maisons et treize « masures » ruinées.

Kergarien vers 1830 (extrait du plan cadastral, Archives départementales du Finistère)

Par la suite Kergarien ne profita que marginalement de l’expansion économique et démographique de la fin XIXe, même si quelques commerces s’y installèrent. Trop éloigné du port et des usines, Kergarien n’a jamais pu reprendre son statut de « bourg » de Saint-Guénolé. L’église représentait son unique atout, mais elle était vétuste, ce n’était pas une église paroissiale et en plus le nombre de pratiquants s’effondra très vite. Le centre de gravité de Saint-Guénolé se déplaça donc vers l’Ile Fougère et son prolongement portuaire. Encore aujourd’hui cet abandon de l’ancien centre est patent dans le paysage : Saint-Guénolé s’est reconstruit dans la hâte et l’anarchie et ne présente aucune unité.

Le secteur de Kergarien comprend les parcelles répertoriées sous les articles suivants :  AdreonBeauregardCimetièreConqCornEndenEstrecFeunteunFoennecFornHalegHirIstrevetJardinKersaudyMarc’hMaudicPigarRocheretPontSantSilinouTrégaletTy anné et Ty glas.

(1) Acte publié in Torchet, Hervé .- Penmarc’h au Moyen Age, p. 119.

(2) Giot, Pierre-Roland .- Les premiers bretons d’Armorique…

(3) Quaghebeur, Joëlle .- La Cornouaille du IXe au XIIe …

(4) Deshayes, Albert .- Dictionnaire des noms de lieux …

(5) Archives départementales de Loire-Atlantique, B 3003 (retrancription par Alain Torchet, site La Pérenne)

(6) Nomenclature des écarts, hameaux et lieux-dits : Finistère …

Ce contenu a été publié dans 2 : L'Antiquité et le Haut Moyen Age, 3 : de 1000 à 1596, 4 : De 1596 à 1869, 5 : De 1870 à nos jours, Chemins, Les sept villages de Saint-Guénolé, avec comme mot(s)-clé(s) , , , , , , , , , , , , . Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.