Peintre, dessinateur.
Jean-Julien Lemordant est né à Saint-Malo le 28 juin 1878.
Fils de maçon, orphelin très jeune, il étudie la peinture à Rennes, puis à Paris dans l’atelier de Léon Bonnat. En 1906, il est chargé de décorer les salles à manger de l’hôtel de l’Epée à Quimper. Ce magnifique hommage à Penmarc’h, son pays d’adoption, va véritablement le faire connaître (1).
Pendant la Première guerre mondiale il combat avec témérité. Sa carrière de peintre s’interrompt brusquement la 4 octobre 1915. Gravement blessé à la tête en Artois, il perd la vue et est capturé par les Allemands. Lorsque la paix revient, il est envoyé en héros dès 1918 aux Etats-Unis. Sa tournée de conférences dure plusieurs mois. Opéré une trentaine de fois, il finira par retrouver la vue, au moins partiellement.
Lemordant meurt à Paris le 11 juin 1968.
Jean-Julien Lemordant et Saint-Guénolé
Lemordant découvre Saint-Guénolé pendant son service militaire en 1900-1901 (2) puis, plus longuement à partir de 1902. Il séjourne à l’Hôtel Saint-Guénolé dans « une ample chambre (…) dont les deux fenêtres ouvraient sur le port et ses aux-delà et, même fermées, accueillaient libéralement la bourrasque »(2). Il installe son atelier dans les serres du château des Goélands, puis dans la villa Ti gwen que Paul Dopff lui confie en hiver, avant de choisir en 1912 la « cahute bâtie par l’archéologue Du Châtellier sur un des rochers les plus sinistres de cette côte » (3). Après un passage à Doëlan, Lemordant choisit Saint-Guénolé comme port d’attache de 1904 à juillet 1914.
Lemordant retrouve Saint-Guénolé pendant l’été 1920. En octobre 1922, il achète une petite maison de pêcheur au Viben, « Ker Maria » où il séjournera chaque année en été. Cette année là il organise la fête des Cormorans.
Le 9 janvier 1924 son atelier de Tal Ifern est dévasté par la mer, les toiles et dessins qui y sont entreposés sont perdus ; déjà pendant la guerre une lame « força le volet et la fenêtre de la cahute, ravageant les études que l’artiste y avait laissées. » (3)
Lemordant revient à Saint-Guénolé chaque été, il se promène sur la plage jusqu’à La Torche et même au-delà. Malgré sa cécité, il se baigne tous les jours à Pors Carn pendant une heure (4).
Les oeuvres de Lemordant situées à Saint-Guénolé sont évidemment très nombreuses, mais souvent le paysage n’offre aucun repère permettant d’affirmer avec certitude qu’il s’agit bien de Saint-Guénolé. J’ai toutefois, par souci de cohérence par rapport aux autres articles consacrés aux artistes, esquissé une liste des peintures et dessins clairement situés à Saint-Guénolé :
« Bretonnes sur la grève », aquarelle et gouache sur papier, Musée des Beaux-arts de Rennes.
« Dans le vent » et « Contre le vent », Musée des Beaux-Arts de Quimper. « Dans le vent » représente la plage de Pors Carn, près des grandes dunes du Toull Gwin .
« Contre le vent » se situe probablement sur la palud ; on distingue la Tour carrée au loin.
« Groupe sur les rochers », huile sur isorel, coll. part. Plusieurs dizaines de personnes, des femmes essentiellement, observent l’anse de Poulbriel.
Il s’agit de la vente du poisson, qui avait lieu rue du port jusqu’au début des années 1950. La grande maison en arrière plan est la boulangerie Auffret, futur Bar du port Raphalen.
« Marin », fusain sur papier, Musée des Beaux-arts de Quimper
« Le Mont de la révolte », huile sur toile, coll. part.
« Pardon à la Tour carrée, Saint-Guénolé », huile sur toile, 1905, 81×54 cm
« Penmarc’h », huile sur toile, coll. part. et « Maisons autour de Saint-Guénolé »
Ces deux tableaux représentent Le marais de la Joie, le quartier du Silinou et la Tour carrée en arrière plan.
« Le port », Musée des Beaux-arts de Quimper.
« Procession », huile sur carton, 1904, coll. part.
« Le Ramassage des goémons », huile sur toile, Musée des Beaux-Arts de Nantes. On reconnaît les rochers de Krugen.
« Retour des chaloupes au crépuscule « , huile sur toile, 1902. Coll. part., ancien décor du château des Goélands. Il s’agit probablement du port de Saint-Guénolé, on distingue vaguement la silhouette des phares de Saint-Pierre à l’horizon.
« Soleil rouge sur la mer », pastel sur papier, coll. part. On reconnaît le rocher d’Enes ar Groas.
« Sur la route devant la tour de Penmarc’h », huile sur carton, coll. part.
« Tal-Ifern Saint-Guénolé », sanguine et encre de chine sur papier, coll. part.
« Les trois pêcheurs ou Le Retour », Musée des Beaux-Arts de Nantes, 1911. On retrouve ici le même cadre que pour « Dans le vent » : les dunes du Toull Gwin.
« Le vent », gouache sur papier, coll. part.
« Vue de Pors Carn« , aquarelle sur papier, coll. part.
Sources
Cariou, André .- Jean-Julien Lemordant .- Plomelin : Ed. Palantines, 2006 .- 143 p. : ill.
Cariou, André .- Jean-Julien Lemordant : [exposition], Musée des beaux-arts de Quimper, 24 avril-30 octobre 1993 / André Cariou et Luc Legeard .- Ville de Quimper, 1993 .- 130 p. : ill.
Lemordant, Jean-Julien .- Correspondance de Jean-Julien Lemordant avec Jean-Etienne Martin. Pagination multiple, formats divers, cartes postales, 1905-1906. Quimper, Médiathèque des Ursulines, réserve ancienne, ms 171.
Madec, Yoann .- Jean-Julien Lemordant : 1878-1968 : exposition du 9 avril au 26 septembre 2005 .- Penmarc’h : Centre de découverte maritime de Penmarc’h, 2005 .- 56 p.
(1) Ce décor se trouve aujourd’hui au Musée des Beaux arts de Quimper.
(2) selon Léon Tual, il serait déjà passé à Saint-Guénolé à 18 ou 19 ans, donc en 1896 ou 1897. cf Tual, Léon, entretien avec Lemordant in La Dépêche de Brest du 27 septembre 1934.
(3) Dupouy, Auguste .- Jean-Julien Lemordant à Penmarc’h in Le Figaro du 13 mars 1922.
(4) Cariou, André .- Jean-Julien Lemordant (op cité)
Bonjour,
Je viens de découvrir votre passionnant site au cours de mes recherches concernant Jean-Julien Lemordant. Je travaille sur un roman reprenant l’histoire de l’hôtel de l’épée à Quimper, que je pense que vous connaissez puisque je vois que vous y avez travaillé longtemps. Je suis moi-même originaire de Quimper.
Comme vous le savez, Lemordant a fait des fresques à l’hôtel de l’épée. Selon toute vraisemblance c’est chez un gros industriel nommé René Béziers que Pierre Le Theuff aurait découvert le travail de Lemordant. Ce monsieur Béziers a eu une maison à Saint-Guénolé Penmarc’h, décoré de peinture de Lemordant, connaissez-vous cette dernière ?
Dans l’attente de vos nouvelles.
Bien cordialement.
Bonjour
René Béziers, conserveur douarneniste, possédait une usine à Saint-Guénolé. Il avait acheté en 1900 une très grande villa appelée « Château des Goélands ». L’atelier de Lemordant se trouvait juste à côté sur le « rocher du préfet ». Vous trouverez sur mon site un article sur le château des goélands et un autre sur le rocher du préfet. N’hésitez pas à me recontacter si vous avez besoin d’autres précisions.
Cordialement
Camille Cadiou