JANVIER
Début janvier : dans le cadre de l’alimentation de guerre, certaines conserveries bigoudènes commencent à emboîter des petits merlus.
Lundi 15 : la vente de viande est désormais interdite le lundi et le mardi.
Samedi 20 : tous les députés communistes sont déchus de leur mandat et condamnés
Fin janvier : à Concarneau, Pierre Gueguen, patron du « Jean Mermoz » de Saint-Guénolé, sauve un marin douarneniste tombé à l’eau en raison de l’obscurité.
Janvier 1940 a été le mois de janvier le plus froid depuis 1838, la neige a recouvert presque toute la France du 16 au 27. On a atteint -17° à Rennes. La rivière du Moros à Concarneau a gelé, ainsi que l’Odet, pour la première fois depuis 1852.
FEVRIER
Lundi 5 : les ouvrières de L’usine Raphalen de Plonéour-Lanvern se mettent en grève et réclament des hausses de salaire.
Jeudi 8 : les ouvrières de Raphalen reprennent le travail sans avoir vraiment obtenu satisfaction.
Samedi 9 : une baleine de 23 m de long s’échoue à Larvor.
Février : le froid revient du 9 au 18, mais il est un peu moins intense qu’en janvier.
MARS
Mardi 5 : des mesures de restriction de l’alimentation en viande sont fixées par décret : le boeuf, le veau et le mouton sont interdits à la vente en boucherie trois jours consécutifs par semaine; la viande de charcuterie pendant deux jours et la viande de cheval, mulet et âne pendant une journée
Dimanche 10 : un décret sur les cartes d’alimentation paraît au journal officiel.
Lundi 11 : un décret indique le nom des produits de la mer autorisés à la vente.
Mardi 12 : signature d’un traité de paix entre la Finlande et l’URSS.
Jeudi 14 : violente tempête sur le nord du pays.
Mercredi 20 : le gouvernement Daladier est renversé
Jeudi 21 : Paul Reynaud forme un nouveau gouvernement.
Le langoustier camarétois « la Rose -Effeuillée » est touché par une mine en mer d’Iroise.
Lundi 25 : sur ordre du préfet, Alain Signor de Pont-l’Abbé, responsable du Parti communiste, est arrêté.
Fin mars : arrivée à la côte de nombreux futs de vin et de porto.
Fin mars : les prix sont en très forte hausse, ainsi à Audierne, le prix de l’essence à augmenté de 66% depuis août 1939, celui du gas-oil de 61%, celui de la rogue de 66%, celui des filets et de la nourriture des équipages de 30%.
Mars : des décrets imposent la fermeture des pâtisseries 2 jours par semaine et l’interdiction de la vente d’alcool 3 jours par semaine.
Les conserveries bigoudènes tournent à plein rendement de façon à constituer des réserves en cas de pénurie causée par la guerre.
« Nos usines de conserves […/… mettent] de tout en boîtes, porcs, grondins, merluchons […] ». Auguste Dupouy (1)
AVRIL
Début avril : recrudescence de la diphtérie dans le département.
Lundi 1er : décès de l’Amiral Ronarc’h.
Un nouveau décret limite encore plus la consommation de viande.
Mercredi 3 : création du Comptoir d’achat et de répartition de la pêche en temps de guerre.
Vendredi 5 : un car Le Rhun tombe dans le ravin au Viben. Il n’y a pas de victimes, mais les dégâts matériels sont importants.
Mardi 9 : l’Allemagne envahit le Danemark et la Norvège.
Mercredi 10 : début de la bataille de Narvik en Norvège.
Mercredi 17 : un décret autorise à nouveau l’utilisation des filets tournants, mais il ne sera pas immédiatement suivi par les marins.
Jeudi 18 : tempête, orage et grêle sur la France. Les rafales atteignent 176 km/h à Rennes, il y a plusieurs naufrages, en particulier dans les parages de Sein.
Dans la tempête, Jean-Louis Guéguen, le patron du « Cormoran » est éjecté sur la commande d’embrayage. Grièvement blessé, sa jambe restera paralysée pendant deux ans.
« L’Héloïse » d’Audierne fait naufrage à la Torche. Il y avait trois marins à bord, seul un des corps est retrouvé.
Mardi 30 : un décret fixe le prix maximum de vente dans les ports des 12 espèces de poissons les plus consommés.
Début de printemps marqué par la grisaille.
MAI
Vendredi 10 : début de l’offensive allemande en Belgique.
Dimanche 12 : les Allemands franchissent la Meuse.
Lundi 13 : le front français est enfoncé à Sedan.
Mercredi 15 : huit marins de la pinasse « Marie » du Guilvinec, qui pêchait le maquereau à 50 milles au noroît de Penmarc’h, sont asphyxiés par des émanations d’oxyde de carbone provenant du moteur.
Mi mai : importante arrivée de réfugiés du nord de la France et de Belgique en Bretagne. La région va accueillir 750 000 personnes en deux mois.
Jeudi 16 : Jean-Marie Larzul du 611ème pionnier, né à Plomeur, domicilié à Penmarc’h, meurt au combat à Voulpaix dans l’Aisne.
Vendredi 17 : Alain Péron du 14ème BCC est tué au combat à Lislet dans l’Aisne.
Lundi 20 : Jean-Louis Tanniou du 265ème RI, né à Pont-l’Abbé, domicilié à Penmarc’h, est tué au combat à Hirson dans l’Aisne.
Jeudi 23 : René Queffélec du 48ème RI, né à Plonéour, domicilié à Penmarc’h, est tué à Blessy dans le Pas-de-Calais.
Vendredi 24 : Yves Le Corre, quartier maître fusilier, meurt au large de Boulogne, lors de la perte du contre-torpilleur « Chacal ».
Dimanche 26 : début de l’évacuation de la poche de Dunkerque vers l’Angleterre.
Mardi 28 : capitulation de la Belgique.
Naufrage du langoustier « Julien » de Douarnenez au large du Cap Finisterre, coulé par le sous-marin allemand U-Boot U 37. L’équipage est sauvé.
Devant l’afflux de réfugiés la préfecture réquisitionne tous les hôtels et restaurants de Saint-Guénolé. Certains réfugiés sont également hébergés chez des particuliers. Si on cumule les places de cantine mises à la disposition des réfugiés, on arrive à 380 personnes pour Saint-Guénolé ! (sans compter le Grand hôtel de Bretagne, dont on n’a pas le décompte).
JUIN
Début juin : en jouant avec des allumettes, un jeune garçon met le feu aux meules de foin et de paille de la ferme d’Alain Guénolé à Kersuluan.
Les réfugiés venant des zones de combat continuent à affluer.
Lundi 3 : Alain Normand meurt en rade du Havre lors du naufrage du pétrolier « Purfina » touché par une mine.
Mardi 4 : fin de l’évacuation de la poche de Dunkerque.
Achille Guichaoua du 117ème RI est tué au combat à Estrées-Deniécourt dans la Somme.
Mercredi 5 : examen du certificat d’études primaire à l’école de Penmarc’h pour les filles de Saint-Guénolé.
Vendredi 7 : le front français est brisé.
Dimanche 9 : Yves Trébern du 64ème RI meurt à l’hôpital de Bordeaux des suites d’un accident.
Vendredi 14 : les Allemands rentrent dans Paris.
Louis Drézen du 146ème ALH, meurt à Huitres dans l’Aube.
Henri le Bec du 437ème pionnier est tué au combat à LaLandelle dans l’Oise.
Samedi 15 : début des évacuations des forces alliées depuis les ports de l’Ouest de la France.
Dimanche 16 : Philippe Pétain devient président du Conseil après la démission de Paul Reynaud.
Lundi 17 : Pétain déclare qu’il faut cesser le combat.
Mardi 18 : appel radiodiffusé du général de Gaulle depuis Londres. Il engage les Français à poursuivre la lutte et fonde un gouvernement français en exil.
« A Saint-Guénolé (…/…) on faisait bonne garde : un piquet de volontaires sans arme nous arrêta pour contrôle. Nous obéîmes et l’on rit un peu en se reconnaissant. Nous pensions que les Allemands ne viendraient pas là, où il nous semblait qu’ils n’avaient rien à faire : ils y arrivèrent par camions le 20. » (3)
Louis Riou, quartier maître, meurt en rade de Brest, sur le remorqueur « Le Provençal », coulé par une mine. On compte 25 victimes et un seul rescapé.
Etienne Maout, matelot mécanicien, fait partie des 144 victimes de l’aviso « Vauquois » touché par une mine dans le chenal du Four.
Yves Riouallec, officier des Equipages de la Flotte, né à Brest, domicilié à Penmarc’h, meurt en rade de Brest, victime d’une mine magnétique.
Mercredi 19 : les Allemands arrivent à Brest.
Mercredi 19 : examen du certificat d’études primaire à l’école de Kérity pour les garçons de Saint-Guénolé.
Jeudi 20 : vers midi trente, arrivée des soldats allemands à Saint-Guénolé. Les premières réquisitions ne tardent pas et une interdiction de toute sortie pour les bateaux est promulguée. Ce sont des soldats du 1er escadron du bataillon de reconnaissance 161 (Aufklärungs-Abteilung 161, unité 00 532) de la 61e division d’infanterie. (4)
Un couvre-feu de 20h à 6h du matin est mis en place. Des patrouilles de 3 soldats vont arpenter les rues pendant la nuit.
Les horloges sont avancées d’une heure. Les rassemblements de plus de trois personnes sont interdits. Les engins motorisés sont également interdits.
Les commerçants sont tenus d’accepter le paiement en Mark. (1Mark = 20 Francs)
La GAST s’installe dans l’ancien corps de garde. Chaque bateau rentrant ou sortant devra lui présenter les Ausweis des marins de l’équipage. La GAST ( Grenzaufsichstelle) est chargée de surveiller les zones côtières. Ils seront 14 hommes à Saint-Guénolé, dont 1 chef de poste (Gastführer). Ils disposent d’une mitrailleuse Lewis de 15 fusils et de grenades. La GAST dispose aussi d’un poste d’observation au Viben.(5)
Samedi 22 : signature de l’armistice, la France est divisée en deux zones.
Pierre-Jean Guirriec du 137ème RI, meurt à l’hôpital du Touquet des suites de ses blessures.
Dimanche 23 : Pierre le Berre du 487ème pionnier, né à Saint-Jean et domicilié à Penmarc’h, meurt à Pau.
Lundi 24 : premiers départs de marins sénans vers l’Angleterre (24-26 juin)
Le « Notre-Dame de Bon Conseil » de Kérity part vers l’Angleterre dans la nuit du 24 au 25 avec 8 hommes à bord : Jacques Coïc, Joseph Boissel, Lili Loussouarn, Baptiste Dupuis, Alexandre Briec, Louis Berrou, Jean Normand et Benjamin Drezen.
Durant la même nuit, le « Korrigan », malamok du Guilvinec, quitte secrètement le port avec 19 hommes à bord en direction de l’Angleterre. Le « Mouscoul », malamok également du Guilvinec, rallie l’Angleterre avec 15 hommes à bord, suivi quelques jours plus tard d’un canot à misaine, le « Petit Manuel » avec 6 hommes à bord.
Mardi 25 : les affiches annonçant l’armistice sont placardées dans les mairies bigoudènes.
Jeudi 27 : date limite de dépôt des appareils de TSF à la mairie.
Fin juin : les billets de banque ne circulent presque plus. Les usiniers ne peuvent plus payer les marins ; les conserveries doivent cesser provisoirement leurs activités.
JUILLET
Lundi 1er : le gouvernement s’installe à Vichy.
Pierre-Jean Quiniou, artilleur au 106ème RAL, se noie en rade de Dunkerque.
Mercredi 3 : les Anglais bombardent la flotte française à Mers-el-Kébir, faisant 1297 victimes. On compte 997 victimes sur le cuirassé « Bretagne » dont quatre marins de Penmarc’h : Joseph Buannic, Vincent Gouliquer, René le Cossec et Baptiste Yéquel. Le navire de ligne « Dunkerque » est également touché. Trois des victimes sont de Penmarc’h : Laurent Bosser, Pascal Correc et François Pennec.
Jeudi 4 : le dispositif d’accueil des réfugiés est allégé à Saint-Guénolé (avec la fin des hostilités, beaucoup sont rentrés). Le restaurant Dessoudres continue seul à assurer une cantine qui fermera le 30 septembre.
L’Hôtel de Bretagne et son garage sont réquisitionnés par les Allemands pour y loger des officiers et des soldats. Le café en revanche continue à fonctionner, tenu par Marie Capiten, veuve Volant.
L’Hôtel Lanthony et l’Hôtel Moguérou sont également réquisitionnés.
La Kommandantur s’installe à l’Hôtel de la mer. Onze chambres sont réquisitionnées, ainsi qu’une salle à manger et un garage.
Samedi 6 : réquisition de l’Hôtel de la gare (Dessoudres). Dans un premier temps, 2 caporaux et 6 soldats y seront logés. Le garage servira de magasin de subsistances pour les occupants.
Mercredi 10 : l’Assemblée nationale vote les pleins pouvoirs au maréchal Pétain. C’est la fin de la Troisième République. Pour ce qui concerne les députés locaux, Albert Le Bail refuse les pleins pouvoirs à Pétain, contrairement à Queinnec.
Vendredi 12 : le canot « Sant Per » (GV 5510) de Pierre Louis Larnicol, se brise sur les rochers de Saint-Guénolé.
Pierre Laval forme le gouvernement. Le contre-amiral Darlan est nommé ministre de la Marine.
Dimanche 14 : à la halle aux poissons de Saint-Guénolé, en soirée, une violente bagarre oppose deux marins. L’un d’eux, Yves Buannic, 48 ans, doit être hospitalisé à Pont-l’Abbé.
Mercredi 17 : mauvais temps
Décès de Yves Buannic.
Samedi 20 : le moteur du canot de Lesconil « Thonier » explose en quittant le port. Les marins sont sauvés, mais le bateau a complètement brûlé.
Mardi 23 : le magasin et le garage de l’Hôtel Continental sont réquisitionnés par les Allemands. Ils serviront d’écurie et le jeu de boules sera transformé en fosse à fumier.
Mercredi 24 : le paquebot « Meknès » est torpillé par les Allemands au large de Southampton. Il y a quatre marins de Penmarc’h parmi les 420 victimes : Pierre Garrec, Jean Gourlaouen, Prosper le Nours et Marcel le Roux.
Samedi 27 : la Kommandantur de Saint-Guénolé réquisitionne les réserves de paille et de foin des cultivateurs.
Fin juillet : décès de Joseph Morvan, entrepreneur à Saint-Guénolé.
Les petits bateaux ont repris la mer, mais le manque de carburant pose problème et affecte également la commercialisation du poisson.
Juillet : les conserveries reprennent le travail.
Les officiers allemands de Saint-Guénolé se sont installés au château des Goélands.
Juillet : le maire Jean Jégou démissionne, son premier adjoint Yves Péron devient maire de Penmarc’h.
AOUT
Début août : un thonier groisillon, le « Petit Auguste », débarque sa pêche à Saint-Guénolé.
Les conserveries manquent d’huile, de charbon et craignent un épuisement des stocks de boîtes vides. Elles n’ont travaillé que pendant deux ½ journées depuis 15 jours, alors qu’on est en pleine saison.
Un terrain situé près de Pen ar Beg, appartenant à M. Chapalain, gérant de l’usine Roulland est réquisitionné par les Allemands. Les canonniers de la Kriegsmarine y établissent des baraquements pour les chevaux et surtout des casemates et d’autres ouvrages de défense entourés de fil de fer barbelé.
Lundi 5 : début de la Bataille d’Angleterre.
Dimanche 11 : « Enfants de Paris » film de Gaston Roufès, salle Stéphan au bourg.
Mardi 13 : Daniel Boënnec, né à Plomeur, domicilié à Penmarc’h, meurt à Pierre Bénite près de Lyon (« mort pour la France »).
Mi-août : le département a reçu 160 000 réfugiés depuis le mois de mai. Beaucoup ont pu rentrer chez eux, mais 28 000 sont encore présents dans le Finistère.
Jeudi 15 : l’état d’esprit anti Allemand est manifeste parmi la foule qui suit le pardon de la Joie.
Dimanche 18 : « Bar du Sud », film d’Henri Fescourt, avec Charles Vanel, salle Stéphan
Vendredi 23 : les 8 chambres de l’Hôtel continental sont réquisitionnées par les Allemands. Les propriétaires ne conservent que le rez-de-chaussée (le débit de boisson, la cuisine et 2 chambres).
Samedi 24 : premier bombardement nocturne sur Londres.
Lundi 26 : incendie des meules de foin et de paille de la ferme de Pierre Gléhen à Kerganten. Le feu se propage au toit de la porcherie et au toit de l’étable. Les dégâts sont importants.
Août : les doryphores prolifèrent dans les champs de pommes de terre. Auguste Dupouy se souvient :
« Dans l’été de 1940, je me rappelle qu’on l’écrasait sous les roues de sa bicyclette sur la route de Penmarc’h à Guilvinec et sur celle de Saint-Guénolé à Penmarc’h. Je me rappelle aussi que, par les belles journées de cet été rayonnant, au mouillage sur les basses de la baie d’Audierne, on le voyait survoler la mer et flotter. Parfois un lieu surgit des profondeurs se précipitait sur cette proie nouvelle. » (7)
Vaccinations anti-typhoïdique et anti-diphtérique obligatoires pour les enfants. Elles ont lieu à l’école de Saint-Guénolé.
Août-septembre : les Allemands s’emparent des stocks de conserves des sept usines de Saint-Guénolé.
SEPTEMBRE
Dimanche 1er : le chalutier à vapeur « Sancta Michael » qui pêchait à 20 milles de Penmarc’h, remonte une mine qui explose et fait sauter le bateau. Huit marins sont repêchés par un autre chalutier. Il y a 2 morts et 4 disparus.
Lundi 2 : rentrée des classes.
Mercredi 3 : un incendie ravage un local de 250 m² à l’école de Kérity
15 septembre : tournoi de football de la Tréminou. Cormorans 3 – JA Pont-l’Abbé 1. C’était le premier match des Cormorans depuis un an.
Dimanche 22 : Baptiste Dupuis, qui avait rejoint l’Angleterre sur le « Notre Dame de Bon Conseil », trouve la mort à Dakar sur le « Commandant Duboc ». Il sera fait Compagnon de la Libération à titre posthume.
Finale du tournoi de la Tréminou : US Pont-l’Abbé 2 – Cormorans de Penmarc’h 2. Les Cormorans sont déclarés vainqueurs au nombre de corners.
Lundi 23 : le dragueur de mine allemand «Osterreich » saute sur une mine devant Penmarc’h. L’explosion fait 24 victimes. Il y a 15 survivants.
Distribution à la population des premières cartes individuelles d’alimentation pour la viande, le fromage et le pain.
Septembre : implantation d’un centre de formation d’artillerie antiaérienne Flakartillerie Schiessplatz à Penmarc’h. Le champ de tir se situe sur les dunes de Poulguen et le centre de commandement et l’intendance s’installent dans le manoir du Stêr.
OCTOBRE
Jeudi 3 : un groupe de soldats allemands est caillassé par des jeunes du bourg. En répression le couvre-feu sera avancé à 19 heures et les Allemands resteront armés en dehors de leur temps de service. (8)
Promulgation par le gouvernement de Vichy d’une loi sur le statut des Juifs.
5 : la maison Perron, près du port, est réquisitionnée par les Allemands. Elle est mise à la disposition de la Flak (artillerie antiaérienne).
Mardi 8 : tempête de Nord-Ouest dans la nuit de mardi à mercredi.
Le thonier lorientais « Bonhomme barbe d’or » s’échoue à Penhors. Les sept marins sont sauvés.
Jeudi 10 : violent coup de vent.
Samedi 26 : vers 13h45, le sardinier « Revanche de la Raison » se trouve au mouillage devant l’étang de Trunvel, lorsqu’un soldat allemand ouvre le feu sur le bateau. Deux marins qui étaient dans le poste avant sont touchés : Jean-Louis Keravec est blessé à la cuisse et Amédée Coïc au mollet par une même balle de fusil mitrailleur. Le rapport détaillé de blessure ne précise pas si le tir était volontaire ou accidentel.
Mercredi 30 : mauvais temps, les bateaux restent au port
Pétain annonce à la radio l’entrée en collaboration de la France avec l’Allemagne.
Octobre : début du marché noir. Le ravitaillement commence à devenir problématique.
Octobre : Joseph Keryvel devient maire de Penmarc’h (1940-1941).
NOVEMBRE
Vendredi 1er : premiers tickets de rationnement
Forte tempête de suroît.
Mardi 5 : très bonne journée pour la pêche à la sardine avec une moyenne de 3 à 3,5 t par bateau, certains bateaux ont même ramené 6 tonnes.
Une loi publiée au Journal officiel définit le statut de marin.
Lundi 11 : tempête d’ouest-nord-ouest en soirée.
Mardi 12 : mauvais temps, les bateaux restent au port.
Mercredi 13 : les vents passent au sud et la tempête se transforme en un véritable cyclone. Un canot de Douarnenez fait naufrage avec deux hommes à bord.
Mi novembre : Corentine Hélias, veuve Le Pape se noie à Krugen lors d’une pêche aux berniques.
Accalmie, bonnes pêches pour la majorité des sardiniers.
Samedi 16 : un marin du côtier « l’Hirondelle » de Lesconil se noie dans le Ster alors qu’il regagnait son bord en plate.
Dimanche 17 : retour du mauvais temps
Lundi 18 : tempête de noroît, mer très agitée.
Le « Malvina Hoffman » rentrant par mer très houleuse, perd toute sa pêche et ses engins dans la passe du Groumilli.
Mardi 19 : quelques bonnes pêches de sardines (2,5 t maxi)
Mercredi 20 : au bar de l’Océan, une altercation a lieu entre des marins rentrant de mer et une patrouille allemande. François Péron, qui a reçu un coup de pied, tente d’arracher l’arme d’un sous-officier allemand, il est alors roué de coups de crosse au visage. Il passera la nuit à la Kommandantur, sans le moindre soin, avant d’être transféré à la prison de Mesgloaguen à Quimper.
Jeudi 21 : vers 18 h le vent modéré de suroît tourne au noroît et c’est rapidement la tempête. Un canot de Tréboul fait naufrage en baie de Douarnenez avec 2 marins à bord.
Mardi 26 : le chalutier « Clipper » de Groix est le premier bateau de pêche breton victime des Britanniques. Arraisonné par un sous-marin il est conduit en Angleterre.
Novembre : l’industriel nantais Lebeaupin achète l’ancienne usine Béziers désaffectée et y relance la conserve.
DECEMBRE
Vendredi 6 : tempête
Samedi 7 : tempête
Dimanche 8 : JA Pont-l’Abbé 2 – Cormorans 3
Mardi 10 : fin de la campagne sardinière 1940
Vendredi 13 : Pétain révoque Laval.
Début d’une vague de froid sur le pays. Elle durera jusqu’au 27.
Lundi 16 : forte tempête d’ouest.
Deux pianos réquisitionnés par les Allemands à Saint-Guénolé n’ont pas été restitués.
Mercredi 18 : le prix du poisson est désormais fixé par arrêté publié au Journal officiel. 60% des arrivages devront être livrés à Paris.
Jeudi 19 : Alexis Diougoant, matelot mécanicien, meurt au large du Maroc, lors du naufrage du pétrolier « Rhône ».
Alexis Lelgouarch, matelot radio, meurt au large du Maroc au cours du naufrage du sous-marin « Sfax ».
Samedi 21 : Auguste Dupouy reçoit le grand prix Broquette-Gonin d’une valeur de 10 000 F., décerné par l’Académie française.
Lundi 23 : vent glacial du nord.
Mercredi 25 : la pinasse douarneniste « Renée » est coulée par un chalutier allemand de surveillance à 30 milles au large d’Ar-Men. Il n’y a pas de victimes.
Dimanche 29 : tournoi du nouvel an au stade de Keryet à Penmarc’h.
Fin décembre : le yacht de Paul Lederlin, mouillé à la Joie, est volontairement détérioré. Une plainte est déposée.
Il y a des oies rôties au menu des fêtes de fin d’année pour les occupants :
Le XXVe Corps d’armée est désormais chargé de l’occupation de la Bretagne, sous le commandement du général von Praguen.
Le cachou, qui sert à teindre les filets est devenu introuvable, il faut avoir recours à des produits de substitution.
Année 1940, remarques, statistiques
124 naissances à Penmarc’h, 34 mariages et 88 décès en 1940.
On compte 23 bateaux de plus de 10 tonneaux à Saint-Guénolé. 1940 ne voit aucun mouvement : pas de bateau neuf, pas de sortie de flotte.
Les unités de 3 à 10 tonneaux sont au nombre de 36, soit deux de moins qu’en 1939 : « Le Matin » de Tudy Lucas, désarmé en juin et démoli et le « Veau d’or » de Nicolas le Brun, désarmé en mars. Au total la flottille diminue un peu, passant de 61 à 59 unités.
3763 tonnes de poissons ont été débarquées à Saint-Guénolé en 1940.
Très bonne campagne sardinière. Bonne année pour le port de manière générale.
Difficultés pour le transport de poisson par camion (pénurie de carburant, difficultés des passages de zone occupée à libre et retour).
Les usines emploient 800 femmes environ à Saint-Guénolé et les 70 sardiniers plus de 800 hommes.
La conserverie Larzul de Plonéour-Lanvern ferme ses portes pour éviter de fournir du ravitaillement aux Allemands. C’est la seule conserverie de la région à réagir aussi radicalement, les autres usiniers vont au contraire bien profiter de la demande allemande et connaître plusieurs années fastes.
L’école Saint-Gabriel est transformée en caserne par les Allemands.
Une compagnie de 200 hommes s’est installée dans l’ancienne école du Pénity à Penmarc’h. Elle est dotée de matériel très sophistiqué, dont des canons anti-aériens de 77 (9)
Arrêt définitif des exportations de pommes de terre du port de Loctudy vers la Grande-Bretagne
La pêche à pied attire de plus en plus de monde sur les rochers, en particulier les femmes et les enfants. Cet apport de protéines est le bien venu en ces temps de restrictions alimentaires.
On cultive désormais les moindres lopins de terre, les plus petits méjous.
Les bals sont interdits.
Arrivée d’un nouveau recteur à Penmarc’h : Joseph Jézégou, 57 ans, né à Saint-Servais. Il était à Brennilis auparavant. Il prend la place de Joseph Cadiou qui devient curé-doyen de Châteauneuf-du-Faou.
[Cette chronologie a été constituée à partir de documents d’archives, de journaux d’époque, et de diverses publications, en particulier « Les pêcheurs bretons durant la Seconde guerre mondiale » de Jean-Christophe Fichou .- Rennes : PUR, 2009 et le site « Guerre et Résistance en pays bigouden », https://bigouden1944.wordpress.com/]
(1) Dupouy, Auguste .- Problèmes régionaux d’après guerre .- La Dépêche de Brest, 16 mars 1940.
(2) Archives départementales, 172 WP 284
(3) Dupouy, Auguste .- Mémorial (texte non publié), cité par G.M. Thomas et A. Le Grand in le Finistère dans la guerre.
(4) et (5) Floch, Alain – L’occupation allemande…
(6) Extrait publié par G.M. Thomas et Alain Le Grand in Le Finistère dans la guerre, t.1
(7) Dupouy, Auguste .- Alerte aux champs .- La Dépêche de Brest, 9 juin 1942.
(8) Boënnec, Pierre .- D’ouvrier à patron…
(9) Boënnec, Pierre, op. cit.