la Chaumière du pêcheur

Immatriculation : GV 7498

Construit au chantier Jules Loussouarn de Léchiagat, il est lancé le 15 avril 1953 et francisé le 3 juin (1).

Caractéristiques : chalutier thonier

  • Longueur : 16,20 m
  • Tonnage : 36,95 tx
  • Moteur Baudouin 150 cv
  • Signal distinctif : TKIS
  • Cale réfrigérée : 8,5 m3
  • Couleurs : pavois bleu foncé, liseré jaune et coque bleu clair.
cp Jack (extrait)
« La Chaumière du pêcheur », carte postale Jack (extrait).

« La Chaumière du pêcheur », sister-ship de « La Caline« , va marquer son époque, c’est certainement un des meilleurs bateaux de sa génération. On le retrouve systématiquement en tête des bilans dans les années cinquante.

Il est construit pour l’armement Savina et commandé par Eugène Savina, auparavant patron du « Joseph et Margot ». Eugène Savina reste à la barre jusqu’en 1964, date à laquelle il prend les commandes de son nouveau bateau, le « Bibelot ». Il est alors remplacé par Arthur Boënnec, patron propriétaire en 1964-65. Fin 1965, Jacques Savina père rachète le bateau.

Avec « La Chaumière du pêcheur » on rentre vraiment dans l’ère des chalutiers-thoniers classiques, même s’il lui arrive exceptionnellement de déroger à ce programme (thon en été, chalut le reste de l’année), comme en 1958 où il fait une tentative sans lendemain de pêche au maquereau, où fin juin – début juillet 1961 quand il se lance dans la pêche aux sonneurs à la palangre.

Il fait parler de lui dès ses premiers mois de mer. En septembre 1953 il ramène 2350 thons et bonites, ce qui constitue le nouveau record du port. Pourtant sa carrière avait mal commencé : en juillet, lors de son premier voyage au thon, le voilà en panne de moteur, il doit se faire remorquer par « Ar Woaléden » pour rentrer au port. Dès l’année suivante, en juin, il réalise la plus forte marée de chalut du port avec 7,2 tonnes vendues à Concarneau. Mais le meilleur est à venir : en 1955 il se classe en tête des sept chalutiers hauturiers de Saint-Guénolé, et réalise une marée record en décembre : 13,1 tonnes ! Ce chiffre ne sera dépassé qu’en 1959.  Il reste le meilleur chalutier du port jusqu’en 1958 en tonnage moyen par marée.  Même si quelques autres bateaux le dépassent ensuite, il demeure encore plusieurs années dans les premiers et ne descend qu’en 1964 en dessous du niveau moyen du port.

Tonnage moyen par marée de chalut (2)

Le 18 mai 1962 il participe à un évènement tragique : en début de nuit, alors qu’il fait route pêche en compagnie du « Forban », il est pris dans une tempête. Entre 23h et 3h du matin les vents atteignent 50 à 60 nœuds dans le noroît d’Ouessant. « La Chaumière du pêcheur » s’en sort, mais au petit matin le « Forban » n’est plus là, il a disparu corps et biens.

Le 10 novembre 1963 il prend un gros paquet de mer par l’arrière qui le couche sur babord, occasionnant de nombreux dégâts dans la passerelle (3).

Coll R Scuiller, détail (1964)
« La Chaumière du pêcheur » en 1964. Collection Roger Scuiller.

Au thon, « La Chaumière du pêcheur » parvient encore à ramener 3050 poissons en juillet 1965. Cette année là il arrête le chalut, il ne sera plus armé qu’en été pour le thon, sous le commandement de Claude Tanniou et puis d’Elie Gueguen à Saint-Guénolé. En 1969 on le retrouve à Etel pour la campagne thonière. A l’automne, il est de retour à Saint-Guénolé. Il renouvelle l’expérience en été 1970 et en été 1971, cette fois à Concarneau. Le reste du temps, il le passe amarré au fond du port près de la place du marché, en compagnie de quatre autres chalutiers-thoniers. En novembre 1971, il est vendu pour 50 000 F à trois marins du quartier de Caen.

Ils ont fait partie de l’équipage entre 1953 et 1971 : Pierre Bideau, René Bourhis, Pierre le Brun, Joseph Carrer, Alexandre le Cleach, Pierre le Floch, Gilles Guéguen, Gustave Jégou, Roger Kambrun, Emile Loussouarn, Pierre Lucas, Alain Morzalec, Jean-Pierre Nédélec, Corentin Péron, Simon Pochat, Claude Savina, Roger Scuiller, André Stéphan …

(1) Le coût de construction s’élève à 110 000 F (sans le matériel de pêche).

(2) Statistiques établies d’après les données fournies par le mensuel « la pêche maritime », l’hebdomadaire « Le marin » et les quotidiens « Ouest France » et « Le Télégramme ». Elles portent seulement sur le chalutage hauturier.

(3) voir ci-dessous le rapport de mer d’Eugène Savina.

Rapport de mer d’Eugène Savina, novembre 1963. Archives départementales du Finistère, 2054 W 2 :

 
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