Nom de la rue
Frédéric Joliot-Curie (1900-1958), de son vrai nom Jean Frédéric Joliot, était physicien et chimiste. Il obtint le prix Nobel de chimie en 1935 avec son épouse Irène Joliot-Curie. Membre du Parti communiste, il lança en 1950 l’Appel de Stockholm en faveur de l’interdiction de la bombe atomique.
Autrefois cette voie était qualifiée de « sentier de Kergarien à Kerouil » (1), ou plus souvent de « chemin de Kergarien à Kerouil » ou de ruelle = istrevet (cadastre de 1833) et même de « grand chemin de Kergarien à Kerouil » (2) avant de devenir le chemin rural n°23.
Caractéristiques de la rue
Ce nom fut attribué à la rue lors du conseil municipal de mai 1959, soit moins d’un an après la mort de Joliot-Curie. La municipalité voulait ainsi honorer une grande figure du Parti communiste.
La rue Joliot-Curie va de la rue Pierre Semard près de la Tour carrée au carrefour de la Croix de Kerouil, elle mesure environ 510 mètres. Son point culminant (6,77 m) se trouve à l’intersection de la rue Molière, elle redescend ensuite à 4,42 m entre les intersections de la rue Jeanne d’Arc et de la rue Guy Mocquet, pour remonter à nouveau vers la Croix. Cette rue est une des rares voies sinueuses de Saint-Guénolé.
Histoire
Cette voie est très ancienne : elle reliait Kergarien et Kerouil, les deux principaux villages de Saint-Guénolé au Moyen Age. On peut se demander pourquoi elle n’est pas rectiligne à l’instar de la plupart des voies de Saint-Guénolé. Son tracé s’explique simplement par la nécessité de contourner le marais de Kerouil qui était très étendu autrefois.
La partie sud de la voie, de la Tour carrée à l’intersection avec la venelle du Commandant Charcot, marque la limite nord du village de Kergarien. La partie centrale a longtemps été dépourvue de maisons : située dans une petite dépression, elle était fréquemment inondée lorsque le marais de Kerouil débordait et rejoignait le trou d’eau de Poull Estrec. En 1947 encore, ce chemin était considéré comme impraticable en hiver (3). La partie nord de la voie est ceinturée des deux côtés par une infinité de méjous très étroits.
La voie était bordée de murets sur tout son parcours, sauf entre les actuelles rues Jeanne d’Arc et Guy Mocquet. La voie s’élargit dans ce secteur, trace probable d’un ancien petit commun. Il reste encore une dizaine de portions de murets anciens le long de la rue.
Au début du 19e siècle (cadastre de 1833) les dernières maisons se situaient juste après l’intersection de la venelle du Commandant Charcot. Après on ne trouvait plus de constructions avant l’arrivée à Kerouil.
90 ans après, une photo aérienne (IGN 1923) nous permet d’observer les transformations de la voie. On constate que l’habitat à Kergarien s’est à peine densifié. Plus loin, dans la partie centrale, quatre fermes sont apparues. Elles se situent entre l’intersection de la rue Guy Mocquet et celle de la route de Kervédal. Au bout de la rue, Kerouil commence à empiéter timidement sur la voie.
Le 5 mars 1947, le conseil municipal décide la construction d’une route entre la Tour carrée à la Croix de Kerouil (4). Les travaux sont réalisés dès 1947. La route est rechargée et goudronnée en 1956 (5).
La photo aérienne IGN de 1954 montre davantage de changements : Kergarien s’est développé et présente presque son aspect actuel. Plus loin côté nord, plusieurs maisons sont apparues, mais contrairement à la période précédente il n’y a plus de nouvelles fermes. Le long de la dernière partie de la rue plusieurs méjous ont été regroupés pour constituer des terrains à bâtir. Des maisons à étages ont vu le jour, habitations de patrons pêcheurs probablement. Il subsiste encore quatre ou cinq fermes le long de la rue, mais en 1961 on n’en trouve plus que deux et en 1978 il n’y en a plus du tout.
Activités : commerce, artisanat, agriculture, industrie, loisirs (des origines à 1980)
L’activité commerciale et artisanale ne concerne que la partie sud de la rue, dans le secteur de la Tour carrée.
Côté nord-est de la rue
n°15
Dréau [années 1920-années 1950]
Louis Dréau (1881-1956)
Propriétaire de plusieurs parcelles près de la Croix de Kerouil, Louis Dréau y fait construire une ferme au début des années 1920.
n°63
Cette maison construite vers 1889 par Vincent Tanneau (1840-1902) et Marie Anne Le Cloarec (1932-1891) fut la première bâtie entre la croix de Kerouil et l’intersection avec la route de Kervédal.
n°237
Cette maison était une ferme dans les années vingt.
n°257
Cette maison était une ferme dans les années vingt, et encore dans les années cinquante.
n°389
Cossec [<années 1950-1970>]
Jean Guillaume Cossec (1909-2008)
Jean Cossec était menuisier.
n°437 et 439
Ces maisons abritaient une ferme autrefois. Au début du XIXe s. la ferme appartenait à un certain Monsieur Bargain qui la louait à Nicolas Cadiou et consorts. Nicolas Cadiou (1766-1837) avait épousé Jeanne Lucas (1774-1830). Elle est ensuite passée vers les années 1880 à la famille Loussouarn. Pierre Loussouarn (1879-1972) et Agatha Billien (1889-1972) y ont longtemps habité.
n°467
Nédélec [1926 – années 1940 >]
Anna Nédélec (1904-1952) était couturière et vendait du tissus. Elle ouvrit son commerce en février 1926.
devant le n°467
A cet endroit se trouvait autrefois le puits communautaire du quartier de la Tour carrée, il y avait aussi une maison à four juste à côté dans les années 1830.
Plus au sud
Tour carrée
Voir l’article Tour carrée.
A l’angle de la rue Pierre Semard
Ancien presbytère [1901- années 1960 (début)]
Voir l’article Presbytère.
Côté sud ouest de la rue
n°238
Au niveau du n°238 se trouvait autrefois une ferme bâtie au début des années 1890 par Jean Marie Stéphan (1860-1907) et son épouse Marie Louise Gloaguen (1859-1891). Jusqu’aux années 1920 cette maison était la première construction de ce côté de la rue lorsqu’on venait de la croix de Kerouil. Le décès de Jean-Marie Stéphan signifia la fin de la ferme.
Puis
Le Carval [1946>]
René le Carval (1919-2001)
Petit-fils des précédents, René le Carval se lança dans une activité de grossiste en pommes de terre et en fruits et légumes en février 1946, peu après son retour de captivité.
Le bâtiment a été abattu au début des années 2000.
n°372
Séven [1947 – après 1980>]
Léon Séven (1919-2006) époux (1944) d’Alice Nédélec (1922-196.) puis (1967) de Alexia Ronarch (1924-2014)
Fils d’un boucher de Penmarc’h, Léon Séven ouvrit une boucherie charcuterie en mars 1947 dans une baraque en bois. En 1958 il fit construire dans le même secteur une maison d’habitation avec commerce.
n°444
Briec [1852 – 1873]
D’abord tailleur puis, vers 1855, fournier, puis fournier cabaretier jusqu’en 1873.
Jean Briec fait construire une maison et un four vers 1855 à Kergarien. Tout laisse à penser qu’il s’est établi dans ces parages : en effet son grand-père Etienne Briec (1769-1836) possédait les deux maisons (futurs n°436 et n°444) et la cour.
Il n’a pas dû faire fortune, car en 1873 il n’est plus propriétaire, mais locataire de Jean Bodéré.
Bodéré [1873?-années 1920]
Jean Bodéré (1842-1901) et son épouse (1867) Anne le Pape (1847-1888),
Boulangerie, épicerie, débit.
Jean Bodéré était d’abord cultivateur à Kerouil. Fin 1873 il vient habiter Kergarien. Il reprend le commerce de son ancien locataire Jean Briec, peut-être dès 1873. Il glisse probablement de la profession de fournier à celle de boulanger dans les années 1890.
Puis
Nonna Bodéré (1874-….) et son épouse (1900) Anna Le Bihan (1879-1937).
Peu après le décès de Jean, son fils Nonna reprit le commerce, il le tiendra au moins jusqu’en 1921, mais sur l’acte de mariage de son fils en 1924 Nonna est qualifié de marin.
Lucas [années 1920-années 1960>]
Pierre Lucas (1892-1958) époux (1920) de Marie Souron (1898-1967)
Pierre Lucas et Marie Souron reprirent la boulangerie-épicerie-débit Bodéré.
« Originaire de Plonéour-Lanvern, il s’installa très tôt à la tête d’une épicerie boulangerie débit. Par son affabilité, sa courtoisie, sa bonhommie, il eut tôt fait de conquérir sa clientèle. » Ouest-France, 12 mars 1958, extrait de la nécrologie de Pierre Lucas.
Puis
Fernand (1921-2001), leur fils, époux (1967) d’Alice Durand (1920-2017)
n°448
Cariou [ 1924 – années 1950 ?]
Corentin Cariou (1898-1972) et son épouse (1922) Marie Crédou (1899-1970)
Corentin Cariou et son épouse ouvrirent une boucherie débit de boisson près de la Tour carrée en octobre 1924. Vers 1935 ils firent construire une nouvelle maison de commerce au même endroit. Corentin Cariou exerça aussi le métier de marchand ambulant de poisson.
A partir de mai 1946 son gendre Pierre Garrec, qui habitait la même maison, se livra un temps au commerce de pommes de terre en gros et de fruits et légumes.
Morvan [fin des années 1950 ? – années 1960>]
Corentin Morvan (1930-1994) et son épouse Suzanne le Cossec (1934-2017).
Boucherie.
au sud du n°486
Calvaire ouest de la Tour carrée (XVIe)
voir l’article Kroaz.
(1) Archives départementales du Finistère, 4 E 214 93 ; en 1693
(2) Archives départementales du Finistère, 4 E 214 199 ; en 1725
(3 et 4) Archives départementales du Finistère, 25 W 149
(5) Archives départementales du Finistère, 25 W 150
Cette histoire des commerces de la rue Frédéric Joliot-Curie a été conçue grâce à de nombreuses sources :
- les archives départementales : recensements, registres du commerce (séries 1631 W et U Supplément), cadastre, état-civil…
- les archives municipales de Penmarc’h : registres de délibérations du conseil municipal
- la presse locale
- les souvenirs de quelques « anciens », en particulier Joël Stéphan, Martine Kerouédan, Jean Loch, Marie-Thérèse Cadiou, et quelques autres que je remercie encore vivement.
- le Centre généalogique du Finistère https://cgf.bzh/
- Cette histoire est encore incomplète et comporte sans doute quelques erreurs, j’en suis bien conscient, mais je continue à explorer les archives pour l’améliorer et je compte aussi sur les commentaires des lecteurs pour l’enrichir. D’autre part je suis toujours à la recherche de photos ou de documents sur les commerçants et les magasins.
NB : les petites photos placées sous les numéros de rue proviennent de Google street view.