Cette page est consacrée à l’évolution de la population de Saint-Guénolé pendant la décennie 1850, ainsi qu’à quelques aspects de la vie économique et sociale. Pour retrouver les évènements de la décennie, année par année, il suffit de cliquer sur les dates suivantes :
La population
Les recensements
Recensement de 1851 : il y a 273 habitants à Saint-Guénolé répartis en 55 foyers, ce qui représente seulement 13,9% du total de la commune. La population qui avait beaucoup augmenté au milieu des années 1840 connait une stagnation, on compte seulement 3 habitants de plus qu’en 1846. La crise des années 1840 a vraiment fait des dégâts.
Les populations de Kervilon, Kervédal et surtout de Kergarien sont en
baisse, en revanche l’Ile Fougère se maintient et Kerouil augmente de
20%
Il y a peu de nouveaux arrivants : 3 familles viennent de la commune de
Penmarc’h et une de Pont-l’Abbé ; Pour deux de ces quatre familles nous
avons affaire à de pauvres gens (journaliers, mendiants) chassés par la
misère.
Les travailleurs de la terre restent ultra majoritaires (91%). Les journaliers et les aides agriculteurs représentent 23 % de ces agriculteurs. Le nombre des artisans a légèrement baissé : trois maçons, trois tailleurs (5 en 1846), une couturière (2 en 1846), deux tisserands (3 en 1846), un meunier et un garçon meunier (1 meunier en 1846). Depuis la mort de François Gloaguen en avril, il n’y a plus de charron. On trouve toujours un garde champêtre et, grande nouveauté, on compte désormais deux marins pêcheurs.
Il y a une mendiante et un mendiant à Saint-Guénolé : une veuve avec ses deux enfants d’une part (1) et un orphelin de 15 ans qualifié de « mendiant sans abri » d’autre part.
Recensement de 1856
: la population atteint désormais 319 habitants répartis en 63 foyers,
ce qui représente 16,1% du total de la commune. La grave crise des
années 1840 est surmontée et la démographie repart nettement à la hausse
(+ 17%), C’est Kergarien qui profite le plus de l’augmentation de
population, ce qui prouve que le moteur du développement n’est pas
encore maritime. Deux villages vont à rebours de la tendance, Kervédal
qui perd 11% de sa population en 5 ans et Kerbervet qui est carrément
abandonné en 1856.
Parmi les douze nouveaux ménages qui s’installent à Saint-Guénolé entre
1851 et 1856, huit viennent de la commune de Penmarc’h, les autres sont
originaires de Plomeur, Plonéour, Tréguennec et Peumerit. Cinq familles
quittent Saint-Guénolé : une pour Plomeur, trois restent dans la commune
de Penmarc’h, je n’ai pas trouvé la destination de la dernière.
Les travailleurs de la terre représentent 89% des habitants de 16 ans
ou plus, parmi eux 23% sont journaliers ou domestiques. Il y a
désormais un fournier à Saint-Guénolé, installé à Kergarien. On trouve à
nouveau un charron (à Kervilon) et toujours un garde champêtre, un
meunier et son aide et deux marins pêcheurs. Il y a deux maçons et
plusieurs artisans du textile : 6 tisserands, 3 tailleurs et une
couturière.
Deux mendiants sont recensés à Kerouil, dont une veuve avec deux enfants
à charge. Cinq personnes sont qualifiées d’infirmes, parmi elles on
trouve trois femmes âgées, une est aveugle et les deux autres sont
sourdes.
La doyenne de Saint-Guénolé en 1856 est Anne l’Helgouarch, elle a 81 ans.
Les patronymes des années 1850.
Durand et Stéphan sont devenus les patronymes les plus courants à Saint-Guénolé (5 familles), suivis par Cloarec, Gloaguen, Lucas, le Pape et Tanneau (4 familles), puis par Bodéré (3 familles).
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La vie économique et sociale
l’agriculture
Pendant les années cinquante, neuf familles de Saint-Guénolé font l’objet d’un inventaire ou d’une mise sous scellés. Ce ne sont pas des paysans aisés, cependant deux des couples : Pierre Gloaguen et Anne Bodéré de Kervédal et Thomas Tanter et Marie Stéphan à Kerameil semblent s’en sortir un peu mieux si on se fie à la somme totale des biens inventoriés ( 5253 F pour P. Gloaguen et 3076 F pour T. Tanter) au nombre d’animaux possédé et à quelques éléments de confort inconnus dans les autres fermes.
Les cultures dominantes sont l’orge, le froment et surtout la pomme de terre ; le canton de Pont-l’Abbé est le canton français qui produit le plus de pommes de terre. D’autres cultures sont citées plusieurs fois dans les inventaires après décès : l’avoine, le chanvre et le lin. Le panais et l’oignon figurent aussi dans plusieurs inventaires. Thomas Tanter cultive en plus le navet. Le seigle et les fèves, très présents dans les inventaires du Cap Caval au XVIIIe, sont absents, le sarrasin également.
En ce qui concerne les animaux, on trouve généralement une paire de bœufs dans chaque ferme, 2 à 4 chevaux, 1 à 4 vaches, 1 porc, parfois 2. Les plus riches possèdent deux paires de bœufs. Certains ont des poules ou des canards ; à Kerameil on trouve sept oies.
Quelques autres professions
Gloaguen, François (1781-1851), charron à Kervilon
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Briec, Jean (1821-1879), fournier à Kergarien
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Les premiers marins pêcheurs (1850-1859)
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La vie quotidienne
Quelques innovations :
Le buffet-vaisselier se répand en Cornouaille à partir du milieu du XIXe, à Saint-Guénolé il est présent dans trois des neuf familles concernées par des inventaires. Des miroirs ou des glaces sont signalés dans deux des fermes. Guillaume Gloaguen possède une soupière, Thomas Tanter aussi. Les verres à boire sont devenus assez courants en Cornouaille dans les années cinquante, mais ils sont encore absents ici, sauf chez Pierre Gloaguen. Deux familles disposent d’un fer à repasser. Une pendule trône chez Thomas Tanter, qui possède encore d’autres objets inconnus ailleurs : un fusil, une balance, une lanterne et …un vase de nuit. Le couple Tanter se distingue aussi par certains de ses vêtements : Marie Stéphan a un tablier en soie et Thomas Tanter possède une paire de galoches.
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Alphabétisation
Il existe bien une école à Penmarc’h, avec pour instituteur Durand, mais Saint-Guénolé n’en a toujours pas. La population demeure encore presque totalement illettrée : seules quatre signatures d’habitants de Saint-Guénolé figurent dans les différents actes de la décennie : Pierre Cadiou,
Signature de Pierre Cadiou
Jean le Bec,
Signature de Jean le Bec
Thomas Lucas,
Signature de Thomas Lucas
et Sébastien Le Pape.
Signature de Sébastien Le Pape