Petite Jacqueline

Immatriculation : GV 7616

Construit au chantier Jules Loussouarn de Léchiagat, il est lancé en février 1955 ; son armement est enregistré le 2 avril (1)

Caractéristiques : chalutier thonier

  • Longueur : 16,60 m
  • Tonnage : 46.62 tx
  • Moteur Baudouin de 150 cv
  • Signal distinctif : TPEC
  • Cale réfrigérée : 40 m3
  • Couleurs : pavois bleu foncé, liseré jaune, coque bleu clair.
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« Petite Jacqueline ». Carte postale Jack (détail). Collection Bernard Bouguéon.

« Petite Jacqueline » appartient à Jacques Savina, patron armateur. Il commandait le « Joseph et Margot » auparavant. Jacqueline est le prénom de sa fille.

« Petite Jacqueline » est un chalutier thonier classique, il n’a jamais participé aux campagnes de maquereaux de dérive. Sans égaler les résultats de « la Chaumière du pêcheur » le bateau de son frère Eugène,  Jacques Savina avec « Petite Jacqueline »  a marqué son époque, en particulier au chalut, où dans les années 50 il se situe parmi les meilleures unités de Saint-Guénolé. Dans les années 60 il voisine la moyenne des bateaux du port, avant de décrocher à partir de 1966.

Tonnage moyen par marée de chalut (2)

Dès sa première année, le chalutier réalise une marée exceptionnelle de 12,7 tonnes en fin d’année. En 1956 il ramène encore 12,5 tonnes en décembre et se place dans le trio de tête du port en moyenne annuelle. En 1957 il n’est devancé que par « la Chaumière du pêcheur ». En 1958 il effectue 18 marées hauturières et dépasse les 100 tonnes annuelles, premier chalutier de Saint-Guénolé à atteindre ce total avec « la Chaumière du pêcheur« . En avril 1959 il établit un nouveau record avec 13,5 tonnes en une seule marée ; cette année là, apogée de sa carrière, il fait 19 marées et dépasse les 120 tonnes annuelles. Avec le « Germain Philippe » il est le premier bateau à faire une année complète de chalut.

A la pêche au thon, ses performances sont moins spectaculaires. Il réalise une bonne première année en 1955 avec 2850 thons en septembre et plus de 8500 au total, mais il ne se distingue pas particulièrement les années suivantes.

Et dire que cette carrière aurait pu se terminer au bout de quelques jours ! Le 14 avril 1955, peu avant minuit, rentrant de son premier voyage hauturier, il heurte un rocher près de Molène et coule en dix minutes. L’équipage doit se réfugier sur le canot. Couché sur un côté, « Petite Jacqueline » est presque entièrement submergé. Le 15 avril à l’aube, le veilleur du phare de Keréon aperçoit le canot du « Petite Jacqueline » balloté dans une mer agitée. Il donne aussitôt l’alerte. Alors que les secours s’organisent, le canot est repéré par le « Parbleu II » de Concarneau, qui recueille l’équipage et le conduit à Molène. Dans l’après-midi, l’équipage du « Petite Jacqueline » aidé par plusieurs sauveteurs, parvient à monter à bord du chalutier. Au prix de grandes difficultés, les marins réussissent à alléger le bateau en enlevant les chaînes et tout le matériel lourd. Quelques bateaux tentent alors de redresser le « Petite Jacqueline », mais sans succès. Il faudra encore plusieurs tentatives avant qu’il soit enfin mis en sécurité sur une plage le 17 avril. Heureusement, les dégâts ne semblent pas irrémédiables. Quelques jours plus tard, après des réparations provisoires, il est remorqué par « la Chaumière du pêcheur » jusqu’au au chantier de Cornouaille à Douarnenez où on le remet en état (3).

Echouement. Photo prise par un habitant de Molène.

En juin 1966, Jacques Savina, qui vient de faire construire un nouveau bateau, le « Coryphée », vend le « Petite Jacqueline » à Maurice Drézen. Le bateau est désarmé en octobre 1967. On le retrouve en 1968 à Concarneau, où il est armé pour la campagne thonière, de même les années suivantes. En juin 1972 il est vendu à Joseph Gilles de Nevez, il poursuivra sa carrière à Concarneau sous le n° CC 115612. Revendu à un armateur du centre Bretagne devenu insolvable, il est mouillé derrière la ville-close à partir de mai 1980. En avril 1986, les services de l’Equipement décident de le remorquer au large et de le couler, soit exactement 31 ans après ce qui aurait pu être son premier et dernier voyage.

L’équipage en 1955 était constitué de Alain Boënnec, Jean Julien Boënnec (fils du précédent), Albert Buannic, Louis Le Brun, Félix Le Gars, Auguste Guichaoua, Germain Pochic et Jacques Savina (patron).

Parmi les autres marins qui ont fait partie de l’équipage de 1955 à 1967, j’ai retrouvé les noms suivants : Désiré Bescond, Yves le Breton, Pierre le Floch, Paul Gallo, Pierre Jacob, Fernand le Lay, Vincent Monot, Joseph le Rhun. (4)

(1) Coût de construction : 195 000 F (sans le matériel de pêche)

(2) Statistiques établies d’après les données fournies par le mensuel « la pêche maritime », l’hebdomadaire « Le marin » et les quotidiens « Ouest France » et « Le Télégramme ». Elles portent seulement sur le chalutage hauturier.

(3) Voir ci-dessous le rapport de mer sur l’échouement.

(4) Liste non exhaustive établie d’après les documents de la série 2060 W des Archives départementales.

Rapport de mer de Jacques Savina sur l’échouement. Archives départementales du Finistère, 2054 W 2 :

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3 réponses à Petite Jacqueline

  1. Franck Lelay - Balenci dit :

    bonjour
    Encore un bateau de légende dont je me souviens bien, comme ceux des générations qui ont connu ces élégants « malamoks » en bois si attachants, des chefs d’ œuvre de construction navale, solides et tenant bien la mer (compte tenu de leur taille) .
    Avec ces 16,60 m, c’ est un « grand bateau » comparé aux autres unités lancées à l’ époque. On se risque enfin à armer des bateaux plus longs.
    Peint pavois bleu foncé, liseré jaune et coque bleue claire, du plus bel effet, c’ était ma livrée de peinture préférée. J’ aimais beaucoup ce bateau, déjà par le nom qu’ il portait, mais quel malamok je n’ aimais pas à l’ époque?
    En 1979 ou 1980, lors de sa dernière campagne thonière, immatriculée à Concarneau, elle est prise en photo ammarée au quai à Morgat. ( voir le site « les thoniers de Morgat » si ce site existe toujours)
    Encore merci Camille, pour tes recherches, et ton site. Et pour les mois à venir, encore de beaux bateaux de légende, dont tu nous rappelleras le souvenir.
    Cordialement

  2. admin dit :

    Bonjour Franck

    Je vais bientôt commencer à travailler sur les fiches des bateaux de 1956. Il n’y en a que trois : « Aigle des mers », « Suzette et Monique » et « Youen ». J’ai déjà demandé à Bernard de me donner un coup de main pour le « Youen ».
    Cordialement
    Camille

  3. Franck Le Lay - Balenci dit :

    Bonjour Camille,
    Et là encore pour 1956 c’ est encore à ces 3 bateaux là que je pensais….et simplement de mémoire….et aussi par déduction et puis des noms que je pensais avoir oublié, me reviennent ton site aidant dans ce sens
    Abbé Garro et Aigle de mers évoquent le souvenir de mon grand père Joseph Le lay dit « Jos » embarqué successivement sur ces deux là, il m’ en parlait durant cette année 1962. L’ année où, de ce fait je me suis intéressé à ces bateaux et qu’ il m’ a appris à les aimer …et à aimer manger du poisson aussi….Et lorsqu’il m’ amenait au quai en promenade, ses jours de repos, il m’ expliquait l’ activité de pêche… comment les bateaux étaient conçus et je lui posais des questions….. J’ avais à peine 5 ans.
    Pour le… Youen , en effet Bernard te sera précieux étant donné le nom que porte son patron armateur. Avec Bernard nous avons aimé les mêmes bateaux, dans notre enfance et notre adolescence, des heures et des heures passées sur le quai à observer leurs mouvements et leur activité. Je lui dois une bonne partie de mon savoir sur les bateaux de cette époque, le reste par mon vécu et par les membres de ma famille embarqués dessus. Bernard, lui a vraiment vécu parmi ceux ci ….puisqu’il a « fait le métier », comme on dit. Et le métier était ingrat, dur et pénible comme tu le sais trop bien……
    C’ est pourquoi j’ ai toujours ressenti un profond respect pour ces gens de mer qui aimaient leur métier même si….et surtout qui faisaient vivre un pays. A St Gué 400 marins environ ( peut être davantage ) vivaient de ce métier dans les années 1960-1970; faisant vivre 400 familles et produisant par leur activité des « emplois à terre »
    La quasi totalité de la vie économique et sociale dépendait de la pêche, le tourisme était une ressource aussi, mais dans une moindre proportion.
    Pour le millésime 1957, (l’ année de notre naissance Bernard et moi) tu auras matière à travailler de GV 7702 à GV 7756, j’ en ai répertorié huit.
    Sinon je suis retourné aujourd’ hui sur les autres sites « amis » et apparentés, à savoir les dundees d’ Audierne, et les thoniers de Morgat….bien conçus par personnes partageant comme toi Camille la même passion

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