François Péron (rue)

Nom de la rue

François Péron. Photo Mouez Penmarc’h n°67

François Péron naquit le le 16 février 1904 à Kerouil. Son père était charron et charpentier, lui sera marin pêcheur.

Le 20 novembre 1940, au bar de l’Océan, une altercation eut lieu entre des marins rentrant de mer et une patrouille allemande. François Péron, qui avait reçu un coup de pied, tenta d’arracher l’arme d’un sous-officier allemand, il fut alors roué de coups de crosse au visage. Il passa la nuit à la Kommandantur, sans le moindre soin, avant d’être transféré à la prison de Mesgloaguen à Quimper. Un mois plus tard un conseil militaire allemand, contre toute attente, le condamna à mort . Malgré l’intervention du préfet et de plusieurs notables, la condamnation fut maintenue.

Le 10 février 1941 il bouscula une sentinelle et parvint à s’enfuir en sautant d’une hauteur de sept mètres dans un jardin voisin, mais il se cassa une jambe et fut rapidement repris. Porté sur un brancard, il fut fusillé le 25 février à Keriolet, près de Concarneau.

François Péron a obtenu à titre posthume la Croix de guerre 1939-1945 avec palme, la médaille des Déportés et internés politiques. Il a été fait chevalier de la Légion d’Honneur et Compagnon de la Libération.

Caractéristiques de la rue

Ce nom de rue date de 1955, il fait partie de la première série de noms de rues adoptée par la municipalité de Penmarc’h, noms majoritairement choisis en hommage aux héros locaux de la Résistance.

Au début du XXe siècle la voie était appelée « chemin de la grève », puis « rue des Goélands », car elle menait au château des Goélands.

Elle va de l’intersection avec la rue Lucien Larnicol et la rue du Port jusqu’à l’intersection avec la rue des Goélands. Elle mesure 200 mètres. Approximativement orientée sud-nord, c’est la rue la plus pentue de Saint-Guénolé : elle part de 4,06 m d’altitude au sud pour monter à 8,77 à son extrémité nord.

Histoire

Cette voie a été créée assez récemment, au début de l’industrialisation de Saint-Guénolé. Auparavant il n’y avait pas de chemin à cet endroit, mais un ensemble de parcelles cultivées, nommées ar Zal. La limite entre les cultures et les communs du Menez se situait un peu plus à l’ouest.

La naissance de ce chemin semble coïncider avec la construction de l’usine Hillerin Tertrais, future usine Amieux, en 1880. On imagine que lorsqu’on était marin ou bien ouvrière d’usine, ce passage le long du mur de la conserverie était pratique pour monter vers les maisons de Menez Kerouil.

Stevens, Léopold – Bretagne, la pêche à pied (détail) ; coll. Michel Nédellec. Sur ce tableau du début des années 1890, on aperçoit le bas de la future rue François Péron entre le mur de l’usine et le pignon de la boulangerie Auffret.

Ce chemin fut rapidement adopté par les touristes qui visitaient le fameux rocher du préfet. L’un d’entre eux, en 1895, se nommait Marcel Proust :

« …attachés ensemble pour offrir quelque résistance au vent, ils remontèrent la rue, puis le chemin qui monte vers les rochers, d’où l’on peut voir la mer. La violence de tout devenait de plus en plus incroyable. On ne distinguait pas au passage ce qui vous croisait en volant, tant cela volait vite. Sans voir la mer et à une lieue d’elle on recevait des paquets d’eau dans la figure. Il commençait à pleuvoir et on ne recevait pas de pluie qui au lieu de tomber était emportée dans le vent. Ils arrivèrent en haut de l’éminence, quand, tout à coup ils entrèrent dans le royaume du vent dont ces collines défendaient l’entrée… (1)

En 1896 le conseil municipal demanda le classement des chemins du Menez Kerouil en voies rurales ou vicinales. Il exigea également le respect de l’alignement des clôtures lors des nouvelles constructions (2).

Bien située à proximité immédiate du port et des usines, cette voie avait tout pour attirer les marins et les autres professionnels du port. La photographie IGN de 1923 permet de constater qu’à cette époque le bas de la rue était déjà complètement construit face à l’usine Amieux ; on y trouvait en particulier une série de petites maisons mitoyennes toujours visibles de nos jours. Le haut de la rue en revanche était seulement occupé par cinq maisons. Le côté est, qui appartenait au conserveur René Béziers, demeurait encore presque vide, il ne fut loti qu’à partir de la fin des années vingt (3).

Trente ans plus tard (Photo aérienne IGN de 1954) le haut de la rue était déjà passé de 5 à 15 maisons, mais il restait encore quelques dents creuses. Elle seront comblées avant 1978 (Photo aérienne IGN de 1978).

Activités : commerce, artisanat, agriculture, industrie, loisirs (des origines à 1980)

La rue François Péron était tournée essentiellement vers l’activité portuaire. Plusieurs commerces s’y installèrent à partir des années 1920. Ici pas de traces d’anciennes fermes : la voie était trop récente et le sol s’avérait plutôt ingrat et exposé aux vents et aux embruns.

Côté est de la rue

n°18

Usine Amieux [1879-1969]

Voir l’article Amieux (conserverie)

n°124

Camus [années 1960-après 1980>]

Baptiste Camus (1923-2003)

Electricité générale, électroménager (télévision dès 1960, réfrigérateurs, radio, transistors…), électricité marine. Il s’était installé devant la maison familiale.


Publicité parue dans le Télégramme en mars 1966

n°132

Le Bihan [<années 1940>]

Dans cette maison, mitoyenne de la maison Camus, se tenait un atelier de couture. Des jeunes filles « apprenaient à faire jupes, tailleurs et robes de mariées » (4)

Les apprenties de chez Le Bihan dans les années 1940 : au premier rang Anna Autret, Mimi Briec et Suzanne Le Gall, derrière Jacqueline Dessoudres, Mélanie Camus, Irène Donnard et Marie-Michèle Donnard. Photo parue dans Mouez Penmarc’h n°38

n°144

Le Gall [octobre 1928-années 1960]

Alain le Gall (1905-1977) époux (1929) de Marie Calvez (1909-1979).

Venu de Plonéour, Alain Le Gall, bientôt surnommé « ar charcutar », ouvrit une charcuterie en octobre 1928. Il épousa Marie Calvez quelques mois plus tard. En plus de la charcuterie, le couple ajouta de la vente de fruits et légumes. A partir de 1950 ils arrêtèrent la charcuterie et ne conservèrent plus que la vente de fruits, de légumes et de produit divers, en particulier de bonbons. Ils faisaient aussi de l’avitaillement en légumes.

n°184

Hôtel de la mer [années 1920 – après 1980 >]

Voir l’article Hôtel de la mer.

Côté ouest de la rue

n°31

Guénolé [avril 1930 – après 1980>]

Pierre « Jean » Guénolé (1899-1960) époux (1929) de Jeannette Larnicol (1908-1999)

Grossiste en boissons : bières, limonades, eaux gazeuses, eaux minérales. Jean Guénolé était le principal fournisseur des bars de Saint-Guénolé, il fut aussi marchand de charbon à ses débuts. Il s’installa d’abord dans une maison qui fut démolie à la fin des années 1930. La maison actuelle date de 1940 environ.

Puis

Danielle Guénolé (née en 1938), leur fille.

n°61

Rolland [mars 1946 – après 1980>]

Daniel Rolland (1907-1991), époux (1933) de Marie Louise Souron (1914-1988)

Electricité générale, électricité marine, vente de petits ustensiles électriques. Son épouse fit une tentative de vente de fruits et légumes au détail en 1947, mais dû rapidement renoncer.

n°115

Cosquer[<années 1950-années 1970]

Louis Cosquer (1911-2004) époux (1942) de Victoria Biger (1918-2014).

Droguerie et débit de boisson. Louis Cosquer était peintre, Victoria Biger tenait le commerce. Elle vendra aussi des articles de pêche jusqu’en 1953. Ils commencèrent rue Lucien Larnicol, puis rue du Port.

n°171

Séven [1925 – après 1980] Bar des goélands

Jean Louis Séven (1895-1969), époux (1921) de Anne Marie Dréau (1899-1991)

Forge, forge marine, avitaillement en gaz ; débit de boisson, épicerie, articles de pêche, quincaillerie.

Jean-Louis Séven travailla d’abord à Caen, dans les hauts-fourneaux. Quelques années après son mariage avec Anne Marie Dréau, fille et sœur de forgerons, il fit bâtir une maison de commerce, qui sera tenue par son épouse à partir d’avril 1925, ainsi qu’un atelier de forge.

En 1937 Jean-Louis Séven employait deux apprentis.

puis

Jean-Louis Séven  (1927-1989), leur fils, et son épouse Isabelle Lucas (1928-2020).

Au début des années 1950 Jean-Louis Séven fils reprit la forge, et son épouse assista sa belle-mère dans le commerce (5). Dans les années 1970 le Bar des Goélands faisait même salon de thé.

Publicité de 1973

(1) Proust, Marcel .- Jean Santeuil, précédé de Les plaisirs et les jours / édition établie par Pierre Clarac avec la collaboration d’Yves Sandre .- Paris : Gallimard, 1971.- (Bibliothèque de la Pléiade ; 228). Page 371-376.»

(2) Archives municipales, registre des délibérations du conseil municipal, 27 septembre 1896

(3) L’avis favorable du conseil municipal au projet de lotissement date de septembre 1927. Archives municipales, registre des délibérations du conseil municipal, 10 septembre 1927

(4) Mouez Penmarc’h n°38

(5) Mouez Penmarc’h n°40.

Cette histoire des commerces de la rue François Péron a été conçue grâce à de nombreuses sources :

  • les archives départementales : recensements, registres du commerce (séries 1631 W et U Supplément), cadastre, état-civil…
  • les archives municipales de Penmarc’h : registres de délibérations du conseil municipal
  • la presse locale
  • les souvenirs de quelques « anciens », en particulier Joël Stéphan, Martine Kerouédan, Jean Loch, Marie-Thérèse Cadiou et quelques autres que je remercie encore vivement.
  • le Centre généalogique du Finistère https://cgf.bzh/
  • Cette histoire est encore incomplète et comporte sans doute quelques erreurs, j’en suis bien conscient, mais je continue à explorer les archives pour l’améliorer et je compte aussi sur les commentaires des lecteurs pour l’enrichir. D’autre part je suis toujours à la recherche de photos ou de documents sur les commerçants et les magasins.

NB : les petites photos placées sous les numéros de rue proviennent de Google street view.


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