Corbière, Tristan (1845-1875)

Poète.

Tristan Corbière est considéré comme l’un des grands poètes français du XIXe siècle. Natif de Morlaix, il est venu à plusieurs reprises à Saint-Guénolé. Deux de ses plus beaux textes sont d’ailleurs situés à Penmarc’h.

Tristan Corbière

Tristan Corbière

Difficile de dire avec certitude à quel moment il a découvert le Cap Caval et combien de temps il est resté à Penmarc’h. Il semble y être passé vers 1871  :

« (…) je gage qu’il y reviendra plusieurs fois, ayant trouvé là-bas son erre, son nid d’aigle, dans une inoubliable ruine échafaudée pour les oiseaux de nuit, ou de passage. Il y conduira sa belle ou sa bête, et par l’imagination s’y établira pour un temps « poète contumace », avant d’ouvrir plus loin, tenancier déglingué, son « Casino des Trépassés »(1).

Plus tard, en rentrant d’Italie, Corbière séjourne à Douarnenez. Il en profite pour parcourir les chemins côtiers avec ses amis. Il revient à Penmarc’h et s’en inspire pour écrire son fameux « Poète contumace », dont voici les premières strophes :

Sur la côte d’ARMOR. – Un ancien vieux couvent,
Les vents se croyaient là dans un moulin-à-vent,
Et les ânes de la contrée,
Au lierre râpé, venaient râper leurs dents
Contre un mur si troué que, pour entrer dedans,
On n’aurait pu trouver l’entrée.

– Seul – mais toujours debout avec un rare aplomb,
Crénelé comme la mâchoire d’une vieille,
Son toit à coups-de-poing sur le coin de l’oreille,
Aux corneilles bayant, se tenait le donjon,

Fier toujours d’avoir eu, dans le temps, sa légende…
Ce n’était plus qu’un nid à gens de contrebande,
Vagabonds de nuit, amoureux buissonniers,
Chiens errants, vieux rats, fraudeurs et douaniers. (…) (2)

Tristan Corbière revient une dernière fois en 1874. Il reprend le thème de la tour ruinée, la tour carrée ? (3), pour écrire son testament de poète, le magnifique « Casino des trépassés » :

« Un pays, — non, ce sont des côtes brisées de la dure Bretagne : Penmarc’h, Toul-Infern, Poul-Dahut, Stang-an-Ankou… Des noms barbares hurlés par les rafales, roulés sous les lames sourdes, cassés dans les brisants et perdus en chair de poule sur les marais… Des noms qui ont des voix.

Là, sous le ciel neutre, la tourmente est chez elle : le calme est un deuil.

Là, c’est l’étang plombé qui gît sur la cité d’Ys, la Sodome noyée.

(…) » (4)

 

(1) Steinmetz, Jean-Luc .- Tristan Corbière : « une vie à-peu-près ».- Paris : Fayard, 2011 .- 525p : ill. ; 25 cm.
(2) Corbière, Tristan .- Oeuvres compètes .- Paris : Gallimard, 1970 .- 1503 p. .- (Bibliothèque de la Pléiade ; 221).
(3) pour plus de précisions sur cette hypothèse voir l’article « Tour carrée« 
(4) Corbière, Tristan .- Ibid.
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