Les origines
Je n’ai pas trouvé de documents situant avec précision le lieu où se déroulait le marché au poisson avant 1922. Mais comme la seule protection possible contre les intempéries dans le secteur a pendant longtemps été le poste de douanes, il est probable que la vente se faisait près du mur de ce bâtiment en cas de mauvais temps. Cet endroit serait petit à petit devenu le lieu habituel des transactions pour les arrivages importants, les petits arrivages seront traités pendant des décennies en haut de la cale.
Lorsque le port commença à se développer, les usiniers ressentirent le besoin de se doter d’un véritable abri et auraient fait construire une baraque en bois près du poste des douanes. On trouve en effet une baraque en planches de 40 m² à cet endroit dès 1904. Lors du raz de marée du 2 au 3 février 1904, elle fut déplacée d’une centaine de mètres par une énorme vague, provoquant la mort d’un jeune marin. Il est possible que cette baraque servait déjà d’abri aux acheteurs.
En 1922 l’usine Cassegrain construit une nouvelle baraque en bois près de la douane pour abriter les acheteurs. Une deuxième baraque d’achat est construite au même endroit l’année suivante par l’usine Saupiquet de Kérity.
En 1924 le raz de marée du 8 au 9 janvier emporte une des baraques sur 300 mètres jusqu’à la boulangerie Larnicol.
La criée du Nenes (1931-1956)
En 1931 la coopérative des marins pêcheurs décide de transférer le marché du poisson au Nenes, sur un terrain privé situé à l’angle de la rue du port et de la future rue Lucien le Lay. Deux cabines en bois sont construites par les mareyeurs et les usiniers pour abriter leurs représentants contre les intempéries. Mais ce transfert n’est pas du goût de tout le monde, car trois mareyeuses, mesdames Jacob, Bideau et Drézen, vont jusqu’à intenter un procès à la coopérative.
Les ventes se poursuivent néanmoins au Nenes et le 29 décembre 1935 le conseil municipal décide d’acheter le terrain pour en faire une place publique et y construire un petit bâtiment en moellons (12×4 m) recouvert d’une dalle de béton armé. Ce local abritera la pompe à incendie et servira aussi d’abri aux mareyeurs et usiniers dont les cabines en bois ont été à nouveau en partie détruites.
Les travaux sont confiés à Joseph Morvan de Saint-Guénolé.
Le bâtiment sera bientôt équipé d’une ligne téléphonique et servira aussi de local à la section de la CGT des marins.
Pour la vente les poissons, sommairement triés à bord, sont placés dans des caisses ou des paniers. Ils sont embarqués sur des charrettes à bras et amenés jusqu’au Nenes. Il y a parfois plus de vingt charrettes qui attendent.
La vente se fait de manière descendante, il n’y a pas de crieur officiel : c’est un membre de chaque équipage qui se charge des enchères et les acheteurs se déplacent d’une charrette à l’autre.
Après-guerre avec le développement du port, ce marché au poisson devient vétuste, des améliorations sont souhaitées. Ainsi vers 1951, un pont-bascule est installé à l’entrée du quai et une nouvelle criée est programmée. Le 11 mars 1953 le maire prend un arrêté relatif à la création et à l’exploitation d’une halle à marée par la Chambre de commerce.
La « petite » criée sur le port (1956-1968)
La construction de la criée a lieu en 1955, et sa mise en service se fait l’année suivante. De dimensions modestes (10×8 m), elle traite à la fois les produits de la pêche côtière et les apports saisonniers des maquereautiers et des thoniers.
Les chalutiers hauturiers choisissent de fréquenter d’autres criées (Concarneau, Douarnenez, plus rarement Guilvinec), car ces établissements attirent de nombreux acheteurs, ce qui assure des ventes mieux rémunérées. Ces criées possèdent en outre des chambres froides.
La vente dans la petite criée de Saint-Guénolé se fait encore de manière rudimentaire : les charrettes à bras passent tour à tour sous la criée, où les enchères, dirigées par un crieur, se font de manière descendante. Les acheteurs sont assis devant un pupitre et appuient sur un bouton lorsqu’ils désirent acquérir un lot. Les marins se chargent ensuite eux-mêmes des livraisons si l’acheteur est de Saint-Guénolé.
En mars 1961, le pont-bascule qui gênait la circulation en bloquant parfois l’accès aux quais est déplacé devant la criée.
A la fin des années soixante, les hauturiers de Saint-Guénolé toujours plus nombreux expriment leur souhait de se doter d’une véritable criée. Elle permettrait de passer plus de temps à la maison, de mieux récupérer de la fatigue du voyage et d’économiser du carburant. Elle présenterait en plus un intérêt économique indéniable pour le port de Saint-Guénolé.
Une nouvelle halle à marée est construite en 1967 par l’entreprise Pierre Péron de Saint-Guénolé. Mais c’est insuffisant pour les marins qui continuent à réclamer une véritable criée.
En juin 1967, malgré certaines réticences, la commission pêche de la Chambre de commerce et d’industrie donne un avis favorable à la création d’une criée à Saint-Guénolé et en octobre la Chambre de commerce et d’industrie finit par donner son feu vert. Les travaux, confiés à Pierre Péron ont lieu en 1968, ils se terminent en novembre.
La criée (depuis 1969)
Le 2 décembre 1968 la nouvelle criée est officieusement mise en service pour les côtiers. Le 6 janvier 1969 c’est la mise en service officielle. Il y a trois hauturiers à la vente : « Marie- Suzanne », « Maryse Odile » et « An Tin couz ».
La criée dispose d’une halle de 800 m² et de cinq magasins de marée pour les mareyeurs expéditeurs. Trente autres mareyeurs sont inscrits pour les achats sous criée. Treize emplois sont prévus. La nouvelle criée est officiellement inaugurée le 29 janvier 1969, mais très vite on s’aperçoit qu’elle est trop petite et dès l’automne un nouveau chantier commence, destiné à doubler sa surface.
Le 2 mars 1970 l’extension devient opérationnelle, la criée passe de 800 à 1600 m² avec un carreau de vente de 1400 m².
En 1973 le bâtiment se développe grâce à l’adjonction de quatre magasins de marée et en 1979 il est encore agrandi.
Une autre étape sera franchie en 1987 avec l’informatisation de la criée couplée avec d’autres aménagements qui en feront la criée la plus moderne d’Europe.
(1) et (2) : Photos extraites de Foyer de l’Enseignement. Metz .- Grandeurs…au pays de Penmarc’h : terre et mer .- Paris : Les amitiés de Lorraine et d’Alsace, 1949 .- 57 p. : ill. ; 19 cm .