Les années 1860

Evolution de la population de Saint-Guénolé.

La courbe de mortalité de Saint-Guénolé apparaît plutôt plate pendant la décennie, rien à voir avec la courbe en dents de scie du reste de la commune. La baisse importante de 1861 à Penmarc’h ne concerne pas Saint-Guénolé et la forte augmentation de 1868 y est tout juste esquissée. Par son relatif isolement Saint-Guénolé semble encore, en partie, en partie seulement, à l’abri des épisodes épidémiques qui frappent les autres ports bigoudens.

En revanche la mortalité infantile (0 à 12 mois) à Saint-Guénolé présente une courbe irrégulière : en 1861 et en 1869 elle approche ou atteint la moitié du total des décès. La variole pourrait en être la cause.

Recensement de 1861

En 1861 le nombre d’habitants de Saint-Guénolé a diminué par rapport au recensement précédent (1856) : il est passé de 319 habitants à 307 habitants répartis en 68 foyers. La part de Saint-Guénolé dans la population communale passe à 15,1%, en recul de 1%. Cette baisse est essentiellement imputable à un solde migratoire négatif (-10), elle touche uniquement Kergarien et Kerouil. Il y a tout de même quelques nouveaux arrivants. Ils viennent de Penmarc’h (6 familles), Plomeur (2 familles), Saint-Jean (2 familles), Plonéour (1 famille) et Tréguennec (1 famille).

En 1861, Saint-Guénolé demeure essentiellement tourné vers l’agriculture, les paysans et paysannes sont au nombre de 161 dont 12 journaliers et journalières, soit 87 % des travailleurs de 16 ans et plus. Cependant, une nouvelle profession apparaît nettement, ce sont les marins pêcheurs, au nombre de dix désormais, auxquels on pourrait ajouter trois mousses de moins de 16 ans. Les marins n’étaient que deux en 1856. Les artisans sont au nombre de treize : dix travaillent le textile (4 tailleurs, trois couturières et 3 tisserands), plus deux maçons et un meunier (Jacques Morvan). Les autres professions sont garde champêtre et fournier (Jean Briec).

Une femme est qualifiée d’indigente et sa fille de 12 ans de mendiante. Une autre femme est aussi considérée comme mendiante.

Recensement de 1866

En 1866, malgré les épidémies, la population de Saint-Guénolé repart à la hausse, après avoir subi un creux en 1861. On compte désormais 337 habitants, contre 307 en 1861 et 319 en 1856. Le nombre de foyers a augmenté, passant de 68 à 79, mais on trouve parfois deux familles dans une même maison et on constate aussi la présence de quelques personnes seules qui comptent néanmoins pour un foyer. Saint-Guénolé représente 15,1 % de la population de la commune, comme en 1861. Tous les villages voient leur population augmenter, sauf l’Ile Fougère qui reste stable et Kerouil qui a perdu 5 habitants en dix ans. Les nouveaux arrivants viennent presque tous de Penmarc’h, à part une ou deux personnes isolées et un couple originaire de Plonéour.

Les paysans et paysannes sont au nombre de 163, dont 27 journaliers et journalières. Les journaliers représentent 16,6 % des travailleurs de la terre, cette proportion baisse par rapport à 1856 (23%). 88% des habitants de 16 ans et plus travaillent la terre. La population de marins marque un palier dans sa croissance : en 1866 on recense huit marins : Jacques le Goff (1814-1879), Jean Larnicol (1825-1871), Sébastien le Pape (1815-1882), son fils François le Pape (1846-1929), Jacques le Roux (1823-1889) beau-frère de Jacques le Goff, Jean Souron (1838-1922), apparenté aux Le Pape, Jean Tanneau (1831-1870) et Vincent Tanneau (1840-1902), apparenté à Jacques le Roux, plus un mousse de 15 ans : Corentin le Pape (1850-1881), neveu de Sébastien (1). Les autres professions travaillent les textiles : 1 tisserand, 3 tailleurs et 3 couturières. On trouve également un meunier (Barthélémy Boënnec), un maçon (Pierre Durand). Jean Briec, le fournier de Kergarien est toujours là, probablement aidé par Corentin le Pape, garçon boulanger. Il y a aussi deux marchandes, sans plus de précisions et une personne « secourue par la charité », façon pudique de désigner une mendiante.

La population de Saint-Guénolé a peu évolué par rapport à la décennie précédente. Le travail de la terre reste ultra dominant.

Les patronymes les plus courants sont Tanneau (11 foyers), Durand (10), Stéphan (7), Bodéré (5), Cloarec, Coic, Jégou et Lucas (4 foyers).

Conditions de vie

Les conditions de vie semblent s’être légèrement améliorées malgré les épidémies. La baisse du nombre de journaliers et la faiblesse de la mendicité sont probablement des indicateurs de cette amélioration. Ce qui est certain c’est que la faim aiguë a disparu définitivement des campagnes bretonnes autour de 1860. Le prix du froment demeure orienté à la hausse, la pomme de terre se vend bien et la pêche est plutôt bonne malgré un début de décennie difficile. Quelques progrès techniques apparaissent dans les grosses fermes bigoudènes pendant cette décennie : la charrue Dombasle, la machine à battre, le hache-paille, le char à banc, l’horloge… Mais le taux d’alphabétisation demeure bas : seuls 62% des ruraux finistériens savent lire et écrire.

Principaux événements

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(1) Cette petite baisse est due à des naufrages.