L’usine se trouve près de l’extrémité ouest de la rue Lucien-Larnicol, côté nord, à proximité immédiate de l’usine Amieux (1).
Le site a été choisi en 1880 par l’industriel nantais Joseph Artaud, qui exploite déjà une petite usine à l’Ile Fougère.
Joseph Artaud confie la gestion de sa nouvelle unité à son gendre Henri Rondeau. La conserverie entre en activité en 1883. En 1903, l’usine est louée à un autre industriel nantais, Gabriel Landais. C’est au temps de l’usine Landais, le 7 septembre 1909, qu’a lieu un violent incident à Saint-Guénolé. Des marins du port s’en prennent aux charrettes venues livrer à l’usine des thons commandées à Concarneau. Les poissons sont déchargés sur la grève et piétinés. Les marins pénétrèrent ensuite, menaçants, dans la cour de l’usine, mais ils n’iront pas plus loin grâce à l’intervention du maire. Dans les semaines suivantes le préfet fait venir une cinquantaine de gendarmes et soldats à Penmarc’h pour rétablir le calme et permettre aux usiniers de continuer à importer du poisson des autres ports.
La conserverie est reprise par Rondeau en 1910, puis elle est louée à Auguste Gantier de Quimper à partir de 1912.
En avril 1918, Reine Artaud, désormais veuve d’Henri Rondeau, vend l’usine à Gantier. Dix ans plus tard, sur un document de 1928 recensant le personnel des usines de Saint-Guénolé, l’usine porte le nom d’Alfred Chancerelle, ce qui signifie probablement que Gantier l’a louée à Chancerelle.
En 1933, l’usine change encore de mains. Jacques Guillemot, gérant des usines Pierre Chancerelle de Kérity et de Quimper, devient propriétaire.
4 ans plus tard, Guillemot vend l’usine, sans le matériel, à Roger Le Hénaff de Quimper. Celui-ci était déjà présent à Saint-Guénolé depuis quelques années en tant que locataire de l’usine Béziers. L’usine connaît alors une période de stabilité et un certain développement.
Cette usine a été la première à Saint-Guénolé à innover en mettant en conserve du thon à l’huile, alors que toutes les autres se contentaient de sardines, maquereaux et anchois. Elle a été pionnière également dans la conserve de légume, au même titre que Cassegrain. Elle a aussi fabriqué des conserves de coquilles, de langoustines et de langouste au vinaigre. Ses marques les plus connues sont : Noroît, Suroît et Les Pêcheurs bretons.
Le gérant emblématique de l’usine est Louis Loussouarn, présent durant toute la période Le Hénaff. J’ai retrouvé deux autres noms de gérants, Jean Stéphan, vers 1910 et Berlivet vers 1935, ainsi que quelques contremaîtresses, Françoise Cossec (retraitée en 1957) et Maria Loussouarn (arrivée en 1923 et encore là en 1959).
Le nombre de salariés est de 27 en 1910, 39 en 1928 (2), 105 en 1950, 135 en 1957.
L’usine Le Hénaff n’échappe pas à la crise des conserveries des années 50-60. En 1960, Roger Le Hénaff choisit de se séparer de son usine de Saint-Guénolé, privilégiant celle qu’il possède à Quimper. Le nouveau propriétaire, Cailleau, mareyeur à Lesconil, n’arrivera pas à relancer l’affaire, qui fermera définitivement ses portes en 1965.
Les bâtiments ont ensuite été vendus à divers particuliers.
(1) Pour en savoir plus sur cette usine, voir : Le Guen, Gilles .- Penmarc’h, qui se souvient des hommes …
(2) Voir ci-dessous la liste du personnel en 1928.