« Ance toul ar guin » (c1780, carte des Ingénieurs géographes) ; « Les dunes blanches » ((1904, Plan des roches de Penmarc’h du Service hydrographique de la marine) ; « Toull gwin » ( 1961, Le Berre : toponymie nautique) ; « Kogell toull gwin » ( 1961, Le Berre : toponymie nautique) ; « Grandes dunes » (milieu XXe, témoignage oral) ; « Toull Guin » (1996, Boiteux-Colin in Découverte des ports de pêche) ; « Dunes de Toul gwin » (2000, carte IGN 0519OT)
N’ayant pas d’éléments nouveaux à apporter pour ce toponyme, je me contenterai de citer la définition donnée par KerOfis :
“Le premier composant Toull peut revêtir plusieurs acceptions en français : trou, cavité, entrée, etc. D’aucuns pensent que le second élément est Gwin, « vin » et que ce « Trou à vin » tient son origne d’un trois-mâts de Bordeaux qui y aurait fait naufrage. Un article défini Ar précéderait alors le mot Gwin : Toull ar Gwin. Une autre explication populaire veut qu’un habitant des environs y ait découvert puis caché plusieurs barriques de vins portugais échouées et constitué de la sorte un stock auprès duquel il se ravitaillait régulièrement. (…) Il est avéré que dans certains toponymes nautiques nous soyons en présence non pas de Gwin, mais de Gouin, « gaine », identique au gallois Gwain, à prendre avec le sens de passage (cf. La pointe du Gouin/Beg ar Gouin à Camaret, et sans doute Gouin Segal, à Plouha). Malheureusement, compte-tenu des données à notre disposition, cette idée n’en restera qu’à un stade hypothétique pour le nom qui nous occupe ici.”
Il est probable que les spécialistes de Kerofis ne connaissaient pas la carte des Ingénieurs géographes, car cette forme, la plus ancienne que j’ai repérée contient bien l’article défini ar. Ceci n’infirme pas pour autant les autres explications avancées.
Robert Gouzien avance une toute autre explication : il y voit un Toull ar gwint , c’est-à-dire une mare où se situait un cabestan ou un guindeau (1). Ce treuil servait à la fabrication des cordes, spécialité des anciens lépreux ou descendants de lépreux de la palue (Valordi, la Madeleine).
L’appellation « dunes blanches » rencontrée une seule fois, ne semble pas avoir perduré.
Pendant la 2ème Guerre mondiale, la zone dunaire est répartie en plusieurs secteurs baptisés de prénoms féminins : Nelly, Margret, Lore…6000 mines antichar ou antipersonnel environ sont enterrées dans la zone Pors Carn – La Torche ! Elles occasionneront plusieurs accidents, pendant et même après l’Occupation. De nombreuses familles, sans ressources à cause de la guerre, s’étaient mises à fabriquer et à vendre des brosses en racines de chiendent. Une demande réelle existait en cette période de grande pénurie et la matière première était abondante et gratuite : il suffisait d’aller à la palue et d’arracher les plants. Le succès de ces brosses était tel qu’à la fin de la guerre il ne restait plus guère de chiendent, sauf dans les champs de mine. Certains se laissèrent alors tenter malgré le danger, mais tous n’en revinrent pas indemnes : il y eut 10 explosions sur les champs de mines de Penmarc’h, dont cinq mortelles (2).
L’arrière dune est aujourd’hui un site naturel protégé de 38 hectares dépendant du Conservatoire du littoral (4).
Voir aussi l’article « Menhir« .
(1) Gouzien, Robert .- Le Pays bigouden, un pays de cocagne…
(2) Le Guen, Gilles .- Penmarc’h…t.2
(3) Je n’ai pas retrouvé les références de ce plan.
(4) Boiteux-Colin, Françoise .- Découverte…