« Rocher-des Cinq-Victimes » (1892, Gilles de La Tourette : Les Pêcheurs de Pen’march…) ; « Rocher de la croix » (début XXe, carte postale Lévy n°24, 25 et 39) ; « Roche des victimes » (début XXe, carte postale Villard 6615) ; « Rochers des victimes » (début XXe, carte postale Lévy n°67) ; « La pierre tragique » (début XXe, carte postale Tanniou n°21) ; « Le gouffre » (début XXe, carte postale Villard n°278) ; « Rocher de la catastrophe » (1902, Raulin, G.de) ; « Rocher des cinq victimes » (fin années 1920?, carte postale Arthaud n°4) ; « Rocher du préfet » (XXe, témoignage oral) Toponyme maritime
Ce rocher tient son nom du préfet impérial Levainville. Le 10 octobre 1870, une lame de fond emporta cinq personnes qui avaient choisi ce rocher plat pour contempler la mer : l’épouse, la fille, le neveu, la nièce et une relation de l’ancien préfet. Cet accident eut un retentissement national et le rocher attira bientôt de nombreux touristes :
« Je n’ignore pas qu’il est maintenant dans l’itinéraire de tout touriste en Bretagne qui se respecte de se rendre de Quimper à Pont-l’Abbé par chemin de fer, de franchir les quinze kilomètres qui séparent ce chef-lieu de canton de Pen’march, de faire un pèlerinage à la Roche-des-Cinq-Victimes et de s’en retourner dîner le soir dans la capitale du Finistère. Juste le temps de humer les horribles odeurs qui s’échappent des sardineries de Saint-Guénolé (1). »
Les enfants du Menez surent s’adapter à la situation, en guidant les visiteurs jusqu’au lieu du drame contre quelques pièces sonnantes et trébuchantes. Leur discours appris par cœur se transforma au fil du temps, si bien que vers 1940 c’est le préfet lui-même qui devint la victime :
« C’est ici qu’à été noyé le Préfet du Finistère. Il disait qu’il n’avait pas peur des lames de fond. Une lame de fond arrive…Tombé en bas, cassé sa tête en deux… » Arabat da zen goulet tra pe dra, terrin ar gomz dezhopa zibunont « Ar Reier ». Pe neuze n’ouzont ket mui ha ret eo dezho dont en-dro d’ar penn kentan ! »
Que personne ne s’avise de leur poser une question ni de leur couper la parole sinon ils s’embrouillent et doivent reprendre au début (2)
Une croix en fer scellée dans la roche marque encore l’emplacement du drame (3). Un garde-fou installé en 1923 dissuade de s’en approcher (4).
En 1865, juste au-dessus de ce qui deviendra le « Rocher du préfet » ou la « Roche des victimes », Paul Du Châtellier s’était fait construire un petit abri sur le domaine maritime. Cette bâtisse, baptisée Creis-Moor (Au milieu de la mer) lui servait à la fois d’atelier de peintre et d’entrepôt provisoire pour ses découvertes archéologiques ; l’atelier fut occupé plus tard par Jean-Julien Lemordant, qui finit par l’acheter en 1920. Cette même année, l’atelier fut utilisé par Marcel L’Herbier qui en fit le décor principal de son film « L’Homme du large ».
L’atelier a été rasé en 1984.
(1) Gilles de La Tourette, Georges (pseud. Paracelse) .- .- Les pêcheurs de Pen’march et de la Baie d’Audierne
(2) Kerlann, Yann .- E bro Benmarc’h Sant-Wenole … La traduction est proposée par Xavier Le Cossec. (Kerlann, Jean Delalande à l’état-civil, fut instituteur à Saint-Guénolé de 1936 à 1941)
(3) Pour en savoir plus sur ce drame et sur l’affaire qui s’en est suivie, voir Le Guen, Gilles .- Penmarc’h…
(4) Archives départementales du Finistère, 4S233
Merci pour ces renseignements sur le Rocher; -une vague scélérate a faillit emporter encore une personne Dimanche dernier, le 8 Janvier 2023-
il faut dire que les panneaux ont souffert des intempéries , et le folie de la production des photos d’auto mise en scène a déjà coûté plus d’une vie.
Je suggère de renouveler l’affiche plus en avant du Rocher !
Bonne année , et Bonne Santé !
Bonjour
Oui je l’ai lu dans la presse ce matin. Il faut vraiment être très prudent sur les rochers de Saint-Guénolé dès qu’il y a de la houle.
Bonne année et bonne santé à vous aussi !
C. Cadiou
Bonjour et merci pour ce blog si pédagogique. Je faisais quelques recherches sur le préfet Pompon-Leblainville et je vois que, nommé à Quimper le 1er février 1870, il est remplacé dés la chute du Second Empire, le 6 septembre 1870 par Ernest Camescasse. Est-il en attente d’une nouvelle nomination, ce qui lui donne des loisirs pour se promener le 10 octobre en pays bigouden avec sa famille ? A t-il été mis à l’écart pour des raisons politiques ? Il démissionne de la préfectorale et est pensionné à la date du 6 nov 1871 mais peut être en raison du drame familial et de ses suites. Si vous avez quelques éclairages là dessus, cela m’intéresse.
Bonjour
Selon Gilles Le Guen in « Penmarc’h qui se souvient des hommes ? » T1, p.25, « la chute de l’Empire en septembre 1870 avait mis fin à ses fonctions de préfet impérial du Finistère » et il s’était retiré avec sa famille à Bénodet.
Cordialement
Camille Cadiou
Merci pour ces informations. J’avais en effet repéré cette « retraite » à Bénodet où il a fait élever par Joseph Le Bigot sa villa et un monument funéraire à la mémoire de sa femme et de sa fille mais il n’a acheté les terrains de Bénodet qu’en 1871.