« Pen-ar-bec » (1844, 4 E 205 384) ; « Pen ar beg » (1985, bulletin municipal) Toponyme nautique
Pen [penn] signifie tête, bout et beg signifie pointe, embouchure.
Ce toponyme correspond à une langue de sable qui s’enfonce vers la mer dans la partie sud du port, à côté de Krugen ; en géomorphologie c’est un tombolo. Pen ar beg se situe à proximité de l’estuaire du « canal de Keréon », d’où ce nom qui peut donc se traduire par tête de l’embouchure ou encore bout de l’estuaire.
Autre hypothèse, fragile : le mot bec ou beg viendrait du norrois bekkr = petit ruisseau. Il existe en Normandie de nombreux toponymes en bec qui procèdent tous de bekkr. On aurait dans ce cas une trace de la présence des Vikings à Saint-Guénolé.
Pen ar beg était un lieu de séchage de goémon. En 1855 une inspection du juge de paix cantonal recensait déjà de nombreux tas appartenant à différents particuliers, ainsi que du goémon étalé en train de sécher. Cette pratique prendra fin seulement au cours du dernier tiers du XXe siècle.
Pen ar beg constituait un point particulièrement sensible de la côte de Saint-Guénolé. A la suite des deux raz-de-marée des années 1890 et surtout des extractions anarchiques de sable sur les terrains communaux situés le long du canal, une brèche de 80 mètres se forma dans la dune. Le sable envahit alors le canal, empêchant l’écoulement des eaux et provoquant des inondations en arrière de la dune. Le canal fut dégagé et la crête de dune reconstituée après 284 journées de travail (estimation).
Un mur de défense dit « mur de Pen ar beg » fut ensuite édifié en 1905-1906. Son financement était assuré en partie par le propriétaire du marais de la Joie : Léon Guieysse (1), en partie par l’Etat, en partie par la commune et en partie par une souscription communale (2).
Le mur fut construit à l’aide de matériaux locaux : le sable fut extrait des « grèves aux abords de l’ouvrage » et les pierres provinrent des « extractions faites dans la roche Cruguen située aux abords de Saint-Guénolé ou sur le plateau rocheux situé aux abords de l’ouvrage » (3).
La construction en béton à l’embouchure du canal était appelée « le petit pont »(4).
En 1964, on y construisit un autre mur de protection de 171 m. de la rue Anatole-France à la rue Pasteur.
Un chantier de construction navale dirigé par Léon Gléhen s’installa à proximité de Pen ar Beg en 1947. Il fut remplacé en 1956 par le chantier des « Charpentiers réunis ». Ce fut d’abord une simple baraque en bois, puis à partir de 1968, un hangar permit aux charpentiers de travailler à l’abri. Une quarantaine d’unités virent le jour dans ce chantier entre 1956 et 1988 (5).
Cette belle pointe sableuse a perdu tout son charme depuis quelques décennies en raison d’aménagements sans doute nécessaires mais particulièrement laids, comme cette darse en gros blocs de pierre construite en 1978, destinée à fermer et abriter le port côté sud-est et à stopper l’ensablement du port de la Joie.
Voir aussi : Canal, Casemate de Pen ar beg, Pen ar beg (GV 7620)
(1) Archives départementales, 4 S 232, Ponts et chaussées, devis et cahier des charges (1905)
(2) Archives municipales, 3 O 3
(3) Archives départementales du Finistère, 4 S 232
(4) Dupouy, Auguste .- Souvenirs…
(5) Portais, Pierre in Mouez Penmarc’h n° 37, janvier 2009.