Immatriculation : GV 7720
Construit au chantier Jules Baltès de Léchiagat, il est lancé le 14 février 1957 ; son armement est enregistré en juin 1957 (1).
Caractéristiques : chalutier thonier
- Longueur : 16,93 m
- Tonnage : 49,32 tx
- Moteur Deutsch de 170 cv
- Signal distinctif : TQEV
- Cale réfrigérée : 40 m3
- Couleurs : pavois vert foncé, large bande noire, coque blanche.
Le Men Hir est un rocher de la pointe de Penmarc’h, surmonté d’une balise. Ce bateau a eu une carrière assez chaotique. Le « Men Hir » est d’abord exploité à Kérity, il a d’ailleurs failli s’appeler « Poch flak » du nom de la coiffe caractéristique de Kérity. Il appartient à Félix Kerhom (60%) et à son patron Vincent Peigné (40 %). En mars 1959 Vincent Peigné devient propriétaire unique. En juin 1960 le bateau est racheté par l’armement Linguanotto et le commandement est confié à Elie Gueguen, jusqu’alors patron du « Braconnier » du même armement. Il va à partir de ce moment là fréquenter le port de Saint-Guénolé, même s’il est considéré comme concarnois par l’administration jusqu’en février 1961.
Au chalut le bateau réalise une bonne année 1961 avec un tonnage moyen par marée légèrement supérieur à la moyenne des hauturiers de Saint-Guénolé. En décembre il débarque 9,4 tonnes à Concarneau, ce qui restera sa meilleure pêche. En février 1962, le bateau est victime d’un sérieux accident (voir plus bas). Elie Gueguen choisit de quitter le commandement du « Men Hir » pour se faire construire une petite unité. Plusieurs patrons vont alors se succéder à la barre : Rémy Boédec, Marcel Boënnec, André Bodéré et enfin Jean Le Rhun en 1968. Ses résultats vont nettement faiblir et le bateau connaîtra même plusieurs périodes d’inactivité : en 1962 il ne reprend pas le chalut après la saison thonière et en 1964 il reste désarmé pendant tout le premier semestre.
Ses résultats au thon sont meilleurs qu’au chalut, ils sont parfois même exceptionnels comme en août 1961 où il ramène 3400 thons, battant le record du port établi par le « Touch Coic » l’année précédente (3300 thons). En 1962 il est un des rares thoniers à dépasser les 8000 thons dans la saison. En juillet 1967 il ramène encore 3200 thons et dépasse les 7000 prises saisonnières.
Le « Men Hir » n’a pas été épargné par les accidents au cours de sa carrière. Il connait un mois de février 1962 cauchemardesque. Le 20 alors qu’il pêche dans le secteur des îles Aran, son chalut s’emmêle autour de l’hélice ; il doit faire appel au bateau de sauvetage de Galway bay qui le remorque jusqu’au port de Kilronan. Quelques jours plus tard, le 28, il talonne violemment au voisinage des îles Blasket ; il parvient néanmoins à gagner le port de Dingle. De retour à Concarneau il est hissé sur le slipway pour des réparations. Il faut changer l’étrave et remplacer la moitié de la quille.
Le 5 décembre 1963, à peine arrivé sur les lieux de pêche, le patron constate que le bateau prend l’eau en raison du dysfonctionnement d’une pompe. Il fait aussitôt route terre, mais la situation se dégrade dans la nuit, contraignant les marins à se relayer pour vider l’eau avec des seaux. Le « Men Hir » parvient à accoster à Camaret le 6 un peu avant minuit.
Le 8 avril 1966 il est victime d’une importante voie d’eau au port de Concarneau, nécessitant l’intervention des pompiers
Début septembre 1968 il est ramené au port par un autre thonier, le « Jean-Claude Hélène » du même armement. Le problème est probablement irrémédiable car il est définitivement désarmé le 10 septembre. Il restera encore longtemps au port, amarré devant la place du marché. L’épave finit par couler le 31 mai 1973. Début juin elle est démolie.
Ils ont fait partie de l’équipage : Marcel Andro, Jean Bellet, Désiré Bescond, Jean le Bihan, Marcel Boédec, Pierre Daoulas, Louis Lautrédou, Marcel Lazard, Pierre Loussouarn, Jean Lucas, Christian Palud, Pierrot le Rhun, Pierre Salaun, Jacques Stéphan (mécanicien), Yves Tanniou… (3)
(1) Coût de construction : 140 000 F (sans le matériel de pêche)
2) Statistiques établies d’après les données fournies par le mensuel « la pêche maritime », l’hebdomadaire « Le marin » et les quotidiens « Ouest France » et « Le Télégramme ». Elles portent seulement sur le chalutage hauturier et concernent uniquement les quantités débarquées. La qualité des langoustines et du poisson mis en vente joue aussi un rôle crucial dans le prix de vente, mais elle n’a malheureusement pas pu être prise en compte ici.
(3) Liste non exhaustive établie d’après les documents de la série 2060 W des Archives départementales et grâce à l’aide Joël Stéphan.