Immatriculation : GV 7905
Construit au chantier des Charpentiers réunis de Saint-Guénolé, il est lancé le 11 juin 1960 ; son armement est enregistré le 3 août (1).
Caractéristiques : chalutier thonier
- Longueur : 16,76 m
- Tonnage : 49,67 tx
- Moteur Baudouin DK6 de 240 cv (176 kw)
- Signal distinctif : TMVH
- Cale réfrigérée : 38,50 m3
- Couleurs : pavois bleu, liseré rouge, coque blanche
- Passerelle en bois remplacée par une passerelle métallique en 1970.
« Kruguen » appartient à son patron Louis Le Brun à hauteur de 30%, à Robert Criquet (35%) et à Mario Lebel (35%). La famille Lebel est propriétaire de la villa « ar Gwasked » à Pors Carn. En 1965 Jean Garrec succède à Louis Le Brun comme patron et en juillet 1966 Lebel et Criquet deviennent copropriétaires à parts égales. Jean Garrec leur achète le bateau en septembre 1975. Le nom du bateau évoque un îlot rocheux au sud du port de Saint-Guénolé.
Après des débuts assez décevants, « Kruguen » s’accroche à la moyenne des bateaux du port de 1961 à 1965. Il dépasse les 110 tonnes annuelles en 1961 et 1962. 1962 est d’ailleurs sa plus belle année : il réussit le meilleur tonnage annuel des chalutiers de Saint-Guénolé, et réalise une très bonne moyenne par marée. C’est aussi en 1962 qu’il fait ses meilleures marées, atteignant le chiffre de 8 tonnes à trois reprises. A partir de 1966 il décroche et demeure chaque année au dessous de la moyenne des hauturiers de Saint-Guénolé. De 1962 à 1969, date de l’ouverture de la criée de Saint-Guénolé, « Kruguen » choisit régulièrement Douarnenez pour vendre sa pêche.
A ses débuts, « Kruguen » préfère se consacrer à la pêche au chalut pendant toute l’année. Sa première apparition au thon date de 1964. Il réalise d’ailleurs une saison correcte, atteignant même les 3000 thons lors de son 3ème voyage. En juillet 1965 il bat son record avec 3030 thons. Il persévère chaque été jusqu’en 1968, mais après cette date il ne fera plus que quelques apparitions parmi la flottille thonière.
La carrière du « Kruguen » est marquée par plusieurs accidents dont celui de 1976 qui lui a été fatal.
Le 12 Juillet 1962, André Péoch, 24 ans, tombe à l’eau et disparaît alors que le chalutier pêchait sur les bancs de Small.
Le 11 septembre 1962, à proximité de Wolf rock (Cornouailles anglaises), un de ses moteurs prend feu. L’incendie est heureusement vite circonscrit.
Le 30 janvier 1965 il talonne à proximité de Valentia Island (Irlande), il peut poursuivre sa marée, mais devra néanmoins être réparé dès son retour à Concarneau.
Le 23 janvier 1969, le « Kruguen » se retrouve en panne dans le suroît des Scilly. Il est pris en remorque par un bateau de sauvetage des Scilly et conduit au port de Sainte-Marie. Son hélice et son gouvernail étaient simplement bloqués par une feuille de nylon.
Le 30 septembre 1970, il est abordé par un cargo allemand, le « Thorheide ». Il est victime d’une voie d’eau ; par sécurité l’équipage se réfugie à bord du cargo. Après quelques temps, les marins décident de remonter à bord, le « Kruguen » est alors pris en remorque par le « Thorheide ». Au bout de plusieurs milles, Jean Garrec, estime qu’il peut rentrer par ses propres moyens et décide de prendre la route de Douarnenez, accompagné par « Le Corse », autre chalutier du port. Il sera réparé sur le slipway de Douarnenez, puis au chantier naval de Cornouaille de Tréboul.
Le 2 février 1972, « Kruguen » rentre au port par vent de suroît et forte houle. Une lame reçue par l’arrière le projette contre la première balise tribord de la passe. Aussitôt une voie d’eau se déclare dans la cale à poissons. Il réussit rapidement à se mettre à quai, où le personnel de la criée et les pompiers parviennent peu à peu à évacuer l’eau.
Le 12 mars 1976, le bateau se trouve pris dans une terrible tempête, avec des vents de 150 km/h et des creux de près de 15 m. Il fait naufrage à l’ouest des îles Scilly avec cinq hommes à bord : Richard Daoulas 21 ans (mécanicien), Jean Garrec 36 ans (patron), Noël Garrec 17 ans (mousse), Albert Palud 26 ans et Germain Pochic 54 ans.
Ils ont fait partie de l’équipage entre 1960 et 1976 : Marcel Andro, Eugène Boënnec, Jean Carrot, Richard Daoulas (mécanicien), Alfred le Floc’h, Noël Garrec, Germain Gueguen, Jean Guéguen, Pierre Jegou, Marcel le Lay, Albert Palud, Abel le Pape, André Péoc’h, Germain Pochic, Michel Salaun, Adrien Sénéchal, Corentin Stéphan, Jean Stéphan (mécanicien) … (3)
(1) Coût de construction : 200 000 F (sans le matériel de pêche)
(2) Statistiques établies d’après les données fournies par le mensuel « la pêche maritime », l’hebdomadaire « Le marin » et les quotidiens « Ouest France » et « Le Télégramme ». Elles portent seulement sur le chalutage hauturier et concernent uniquement les quantités débarquées. La qualité des langoustines et du poisson mis en vente joue aussi un rôle crucial dans le prix de vente, mais elle n’a malheureusement pas pu être prise en compte ici.
(3) Liste non exhaustive établie en grande partie d’après les documents de la série 2060 W des Archives départementales.