Boutin = commun, indivis. Ces communs sont des terres pauvres que les villageois se partagent, ils sont généralement destinées à la vaine pâture.
« Méjou boutin » (1830, 60J30) peut-être à Kerbervet
Méjou boutin est ici un méjou appartenant en commun au village.
« Liors rebouttin » (1739, B472)« Liors an boutin » (1833, 3P159 3, cadastre) Toponyme de Kergarien
Il s’agit ici d’un courtil situé au cœur de Kergarien, donc un endroit clos et probablement constitué de bonne terre, ce qui paraît étonnant pour un commun. En fait, nous avons ici affaire au patronyme Boutin. Ce nom de famille, était porté par d’importants maîtres de navire du Pays bigouden aux XVe et XVIe. Habitaient-ils Saint-Guénolé ? C’est tout à fait possible, car au moins deux de leurs bateaux honoraient le nom de ce saint. La présence de ce patronyme à Kergarien est d’ailleurs confirmée par plusieurs documents : une liste de chefrentes perçues par le seigneur de Kersaudy en 1540 qui mentionne deux soeurs :
« un moulin à vent apartenant à Janne le Bouttin femme d’Yves le Moullec et Margtte le Bouttin femme de Jacques le Dispar » (1)
et une autre liste de chefrentes perçues cette fois par la seigneurie de Lestiala en 1573 :
« Dessus la terre de Guion Le Boutin au d[it] village de Kergarien une coublee avoine et une gelline »(2)
Le moulin du Boutin évoqué plus haut survit aux destructions de La Fontenelle, car il est à nouveau mentionné en 1617 :
« Moulin avant du Boutin autrefoys apartenant a Yvon Le Moulléc et Janne Le Boutin sa femme »(3)
Ce nom de famille très répandu en pays nantais et dans le Poitou est d’origine germanique et n’a donc rien à voir avec les communs bretons. La puissance économique du Cap Caval à la fin du Moyen Age attira de nombreux marchands et marins des ports atlantiques qui firent souche et laissèrent leurs traces dans le pays, même si leurs patronymes finirent par disparaître, comme celui des Boutin.
(1) A85 F°243
(2) A85 F°187 verso, en 1573
(3) A85 F°255