Janvier
Dimanche 5 : le Sénat passe sous le contrôle des partis républicains.
Lundi 6 au mercredi 8 : pluies torrentielles à Penmarc’h. La route entre Saint-Pierre et le bourg est inondée. Elle est devenue impraticable.
Jeudi 9 : après la pluie, la neige ! Elle s’est mise à tomber en soirée, accompagnée de vents assez violents de sud-est.
Vendredi 10 : la température descend à – 3° en fin de nuit. Le fil télégraphique s’est rompu pendu la nuit. Une forte couche de neige recouvre la commune, elle est estimée à 40 cm près du phare ! La température se radoucit dans la journée, le dégel commence vers midi.
Lundi 13 : Le « Norman » fait naufrage sur les Etocs, perdu dans le brouillard. Ce vapeur de Newcastle, jaugeait 583 tx. L’équipage de 21 marins réussit à l’évacuer en canots et à gagner le Guilvinec.
Jeudi 16 : tempête
Samedi 18 : le « Norman » a été complètement détruit par la mer. Une grande quantité de débris est arrivée sur la plage du Ster. Il y aura un procès pour pillage.
Mercredi 29 : la chaloupe « Saint-Joseph » (Q 458) de l’Ile-Tudy qui était allée relever ses casiers fait naufrage en revenant au port, renversée par une rafale. Le naufrage fait 3 victimes, les 6 autres marins sont sauvés par la chaloupe « Vénus », patron Le Pemp, de l’Ile-Tudy.
« Dès que les six marins sauvés furent recueillis dans la barque, Le Pemp et son équipage se dépouillèrent de leurs vêtements pour les en revêtir, et les réchauffèrent de leur mieux. Ils ont fait, dans cette circonstance, preuve d’un grand courage, car ils se sont exposés eux-mêmes, et ont en outre témoigné aux victimes beaucoup de dévouement, puisqu’ils sont rentrés au port à demi-nus, et qu’ils ont parcouru ainsi, par une température peu clémente, une distance d’environ neuf milles » Le Finistère du 1/2/79
Jeudi 30 : le président Mac Mahon démissionne. Le républicain Jules Grévy est élu président par le Congrès réuni à Versailles avec 563 voix sur 705. Il fait voter un amendement constitutionnel qui confère le pouvoir exécutif au président du Conseil. Le rôle du président devient essentiellement honorifique.
Janvier a été désastreux pour la pêche en raison des mauvaises conditions météo.
Février
Début février : légère amélioration du temps.
Mardi 4 : William Waddington est nommé président du Conseil. Jules Ferry devient ministre de l’Instruction publique.

Jeudi 6 :
« vers cinq heures du soir, un terrible accident a plongé dans le deuil l’une des familles les plus honorables du pays. M. Jean Gloaguen, du village de Kervédal-Saint-Guénolé, en Penmarc’h, rentrait chez lui, dans son char-à-bancs. Le chemin de traverse étant fort mal entretenu, un choc violent le fit tomber et l’une des roues lui passa sur le corps. La mort a dû être instantanée. M. Gloaguen était âgé de 33 ans, et père de famille. Sa mort a douloureusement impressionné ses nombreux amis. » Le Finistère du 8/2/79
Lundi 10 : tempête de sud-ouest par un coefficient de 104. La mer fait une brèche dans la dune à l’Ile-Tudy et occasionne des inondations à Quimper. A Saint-Pierre, deux bateaux appartenant à Cloarec et à Guillaume Tanniou sont brisés par la tempête. La mer arrive jusqu’à la route et le phare est presque complètement entouré d’eau.
Vendredi 14 : « La Marseillaise » devient l’hymne national français.
Dimanche 16 : élections visant au renouvellement intégral du conseil municipal de Penmarc’h. La liste républicaine, dite de « conciliation », passe entièrement avec une avance considérable sur la liste de l’ancien maire Vincent Tanneau. Le scrutin s’est déroulé dans le calme.
Lundi 17 : énorme tempête dans la nuit du lundi au mardi accompagnée d’orages et de violentes averses de grêle.
Mercredi 19 : la tempête se poursuit avec de nouvelles averses de grêle.
Mercredi 26 : première véritable journée de beau temps depuis des semaines. Les marins en profitent.
Vendredi 28 : le conseil municipal procède à l’élection du maire. Jean Guiziou, cultivateur à Poulguen Bihan, est élu maire de Penmarc’h, Hervé Cloarec est élu premier adjoint et Alexandre Daoulas deuxième adjoint.
Le conseil municipal est composé de : Thomas Loussouarn, Alain Quintin, Pierre Loussouarn, François Bodéré, Jean Guiziou, Jean Durand, Pierre Jégou, Hervé Cloarec, Alexandre Daoulas, Nonna Riou, Jean Stéphan, René Volant, Guillaume Stéphan, Louis Buannic, Nonna Rioual, René Lucas, Nonna Carval, Marc le Pape, Alexandre Le Gall, Eugène Joly, Michel Kerisit.
Mars
Première quinzaine de mars : après une courte période pluvieuse, le grand beau temps s’impose.
Lundi 3 : amnistie partielle des Communards.
Mardi 11 : 160 bateaux de Douarnenez viennent de partir pêcher le maquereau au Guilvinec et à Audierne
Mercredi 12 : le maquereau est très abondant dans la baie de la Torche et les prix sont élevés.
Vendredi 28 : chavirage du sloop « Théodore-Auguste » de l’île de Ré à 8 milles de Penmarc’h. L’équipage parvient à se sauver à l’aide d’une petite embarcation. L’épave aurait dérivé jusqu’à Saint-Guénolé.
Fin mars : mauvais temps
Mars : le pêche au maquereau est très bonne, en revanche il n’y a pas de sardines.
Avril
Mi-avril : la pêche au maquereau est excellente dans les parages du Guilvinec et en baie d’Audierne.
Samedi 26 : naufrage près de la Jument d’une chaloupe de Douarnenez qui pêchait le maquereau à partir du Guilvinec ; trois des huit marins périssent noyés.
« Avant-hier, samedi, vers 4 heures du soir, la chaloupe de pêche Ave Maria, du port de Douarnenez, patron Belbéoch se rendant du Guilvinec dans la baie d’Audierne, sur le lieu de pêche, a sombré par une lame sourde en face de Penmarch, au lieu-dit : la Jument. Sur huit hommes d’équipage qui montaient cette chaloupe, cinq ont pu être sauvés par l’équipage de la chaloupe Sainte-Hélène, patron Gloagen, également de Douarnenez. Ces cinq malheureux ont tous reçu dans le sinistre des blessures ou de graves contusions. Leurs infortunés compagnons Le Gall, Penot et Kéradec, ce dernier père de deux petits-enfants, ont disparu. La chaloupe et une grande partie des agrès sont considérés comme perdus. On n’a pu sauver que les filets et une partie de la voilure. » Le Finistère du 30/4/79
Fin avril : on compte 250 bateaux au port du Guilvinec en ce moment.
La pêche au maquereau reste très bonne et la pêche à la sardine a commencé. Au Guilvinec on a pêché 3 fois plus de maquereaux qu’en 1878 depuis le début de la campagne, et les prix restent élevés.
Mai
Début mai : vent fort d’est-nord-est.
Vendredi 2 : un bateau de Lesconil (patron Trébern) chavire à 400 m au sud du sémaphore de Lesconil. Les 6 marins sont sauvés par l’intervention de deux chaloupes, une de l’Ile-Tudy, patron Lemaître et l’autre de Lesconil.
Mai : la pêche au maquereau est restée très bonne, mais les prix ont chuté.
Juin
Lundi 2 : la tempête cause deux naufrages : le sloop « Marie-Louise » de Boulogne sur des rochers près du Guilvinec et la chaloupe « Anne et Marie » de Lesconil, il n’y a heureusement pas de victimes.
Mardi 3 : le « Bigouden » du Guilvinec sombre dans la tempête à 5 milles au large de Penmarc’h. Les huit marins sont sauvés par une chaloupe de Douarnenez.
Vendredi 6 : vent violent d’ouest
Mercredi 11 : consécration de l’église de Plobannalec, construite par l’entreprise Martineau sur des plans de Joseph Bigot entre 1875 et 1879
Vendredi 27 : la chaloupe « Joséphine » Q 296, de l’Ile-Tudy, patron Louis Kergoat, fait naufrage entre les Moutons et l’Ile-Tudy. Le bateau était allé relever ses casiers à homards malgré le mauvais temps. Il y a cinq victimes.
Lundi 30 : tempête
Juin : la sardine a été pêchée en abondance pendant la seconde quinzaine de juin, mais les usines ne sont pas parvenues à tout absorber. Une partie des prises a été rejetée à la mer.
Juillet
Mardi 8 : naufrage de la « Marie » de Penmarc’h devant la Joie. Il y a deux victimes, Philibert Betrom et Thomas Lucas.
Samedi 12 : soumission à enquête d’utilité publique du tracé du chemin de fer Quimper-Pont-l’Abbé (enquête du 12 juillet au 12 août)
Fin juillet : beau temps.
Fin juillet : les corps des deux victimes du naufrage de la « Marie » ont été retrouvés près de Saint-Pierre et devant la chapelle de la Joie.
Juillet frais et humide dans l’ensemble.
Août
Dimanche 3 : le conseil municipal accorde à Corentin Kersalé, aubergiste, l’autorisation d’agrandir sa baraque située sur un terrain appartenant à la mairie, face à l’usine Hillerin.
Samedi 9 : loi Paul Bert obligeant chaque département à avoir dans les quatre ans une Ecole normale de garçons et une École normale de filles.
Mardi 12 : création de la commune du Guilvinec
Samedi 23 : intervention du canot de sauvetage de Kérity « Comte et comtesse Foucher de Saint-Faron » auprès de la goélette « Jeanne Hortense » de Nantes (400 tx environ).
Mardi 26 : la chaloupe « Saint-Pierre » (Q 434) du Guilvinec, patron Le Compès, fait naufrage en rentrant au port de Saint-Guénolé. Trois des six marins meurent noyés.
Fin août : plusieurs orages violents dans le sud Finistère
Août frais et humide
Août : le mauvais temps a contrarié la pêche.
Septembre
Début septembre : La chaloupe « Part du Diable », patron Le Pempe de l’Ile-Tudy, sombre près de Quiberon. Les marins sont sauvés. Le bateau semble avoir été renfloué.
Samedi 13 au vendredi 19 : tempête
Fin septembre : beau temps. La campagne sardinière qui marquait le pas depuis plusieurs semaines connaît d’excellents résultats
La récolte de pommes de terre a été importante en Pays bigouden et de bonne qualité.
Octobre
Dimanche 12 : naufrage à la suite d’une voie d’eau à l’entrée du port de Kérity du « Saint-Pierre » de Doëlan, chargé de diverses marchandises. Les trois marins parviennent à gagner la terre sur le canot du bord.
Mercredi 15 : naufrage devant Men Meur du lougre « La Marie » d’Audierne, capitaine Alexis Goudédranche de Kérity. Il était chargé de chaux. Il n’y a pas de victimes. Ce très vieux bateau s’était déjà échoué à Larvor deux ans plus tôt.
Mi-octobre : la chaloupe « Le jeune Victor » de Concarneau fait naufrage devant le Guilvinec après avoir heurté un rocher. On déplore trois victimes.
Lundi 20 : tempête. Le trois-mâts norvégien « Irène », 543 tx, chargé de 16303 pièces de bois du Canada, s’échoue à Pors Carn dans la matinée, les 13 marins de l’équipage sont sauvés. Le bateau était désemparé depuis trois jours. Le capitaine avait même fait couper les mâts pour donner moins de prise à la tempête.
Mercredi 27 : forte tempête dans la nuit du mercredi au jeudi
Fin octobre : vague de froid précoce, gel. Il a même neigé à Pleyben et à Carhaix.
Novembre
Dimanche 2 au mardi 4 : tempête de nord-est. La goélette « La Sylphide », chargée de pommes de terre, heurte les rochers de la Gamelle devant Audierne. Les marins sont sains et saufs.
Vendredi 7 : après plusieurs jours d’efforts, « La Sylphide » a pu gagner le port d’Audierne. La cargaison est sauvée, mais les dégâts sur le navire sont considérables.
Dimanche 9 : le conseil municipal demande qu’on creuse et qu’on élargisse la petite passe.
Fin novembre : temps très froid, gel et verglas.
Dimanche 30 : neige sur le sud Finistère dans la nuit du 30 au 1er.
Décembre
Mercredi 3 : forte tempête de neige sur le Finistère, du mercredi soir au jeudi soir. On n’en a pas vu d’aussi forte depuis 20 ans dans la région.
Intervention du canot de sauvetage de Kérity « Comte et comtesse Foucher de Saint-Faron » auprès de la chaloupe « Sainte-Catherine ».
Jeudi 4 : au port de Douarnenez 82 bateaux sont avariés par la tempête parmi lesquels une soixantaine ont été carrément brisées. A l’île de Sein trente bateaux ont été endommagés.
Samedi 6 : Mise en vente des « matériaux du cloître des Carmes de Pont-l’Abbé, construit en 1383, classé comme monument historique.» (Annonce parue dans le journal « Le Finistère » du 6/12/1879)
Dimanche 7 : malgré les protestations de MM Louis Pichot, Joseph Artaud et Guillaume Stéphan, le conseil municipal confirme sa position dans « l’affaire Kersalé. » (1)
Semaine du 8 au 14 : il ne neige plus, mais le froid a augmenté (on a relevé -13°à Quimper).
Lundi 8 : une écurie prend feu à Kerantremen (palue de Plomeur), 4 vaches et 1 cheval périssent dans les flammes.
Lundi 15 : Hillerin vend son usine de Saint-Guénolé à Eugène Châtellier.
Mi-décembre : de nombreux congres sont retrouvés gelés à marée basse.
Dimanche 21 : démission du cabinet Waddington.
Forte brume.
Mardi 23 : Louis Pichot, l’homme qui a lancé l’industrie de la conserve à Saint-Guénolé, quitte le port et vend ses biens de l’Ile Fougère. Son atelier de presse est acheté par Cassegrain qui le transformera en conserverie. Ses terrains sur la dune sont vendus à deux industriels concarnois : Félix Rabot d’une part et Louis Pierre Roulland d’autre part.
Vendredi 26 : le froid est moins intense depuis quelques jours.
Dimanche 28 : Charles de Freycinet devient président du Conseil.

Décembre : un froid sibérien touche la France (la température moyenne à Paris est de -8° pour le mois, on enregistre même -24 le 10 décembre). C’est l’hiver le plus froid jamais recensé en France.
La pointe du Finistère est un peu moins touchée, néanmoins la moyenne des températures du mois à Penmarc’h est proche de 0° !
Mardi 30 : pluie et grêle
1879 : autres événements, remarques, statistiques…
Poursuite des travaux de dallage de la cale.
Le Nantais Hillerin fait construire une nouvelle usine à Saint-Guénolé (future usine Amieux)
Il y a toujours deux usines (Artaud et Hillerin) et un atelier de presse à sardines (Pichot) à Saint-Guénolé.
Guy de Maupassant passe à Saint-Guénolé. Il vient à pied de Pont-l’Abbé et se rend à Audierne. Il décrira son voyage dans « En Bretagne », texte publié dans la Nouvelle revue en 1884.

Le manoir de Kerouil est en partie démoli. Jean Gloaguen (1816-1902), le propriétaire, fait démonter l’étage.
Création de la station de sauvetage de Lesconil, 2ème station après Kérity. Son canot est baptisé « Foubert de Bizy ». Construction de la cale de mise à l’eau.
Travaux du clocher de Plobannalec par l’entreprise Le Naour de Quimper.
Début de la construction du phare de La Vieille dans le Raz de Sein (1879-1887)
Autres naufrages en 1879 : la chaloupe « Bigoudaine » Q 421 de Pont-l’Abbé, perdue corps et biens et le canot « Saint-Joseph » (Q 473) de Penmarc’h.
Bonnes récoltes en Pays Bigouden.
(1) Pichot, Artaud et Stéphan trouvaient que le débit de Kersalé, situé dans une baraque en face de chez eux, gênait la circulation.