Immatriculation : GV 8019, puis GV 302649
Construit au chantier des Charpentiers associés à Léchiagat, il est lancé en juillet 1962 ; son armement est enregistré le 8 octobre 1962 (1).
Caractéristiques : chalutier thonier
- Longueur : 17,13 m
- Tonnage : 48,99 tx
- Moteur Baudouin DV4 de 200 cv (147 kw), puis Baudouin de 287 cv (211 kw)
- Signal distinctif : THVM
- Cale réfrigérée : 40 m 3
- Couleurs : pavois vert foncé coupé d’un liseré blanc, coque vert clair, passerelle blanche.
- Passerelle en bois, puis passerelle métallique.
« Nymphe de la mer » appartient à l’armement Jean-Louis Stephan, il a pour patron Ernest le Pape. En avril 1966 ce dernier devient propriétaire du bateau. Les nymphes de la mer sont des divinités de la mythologie romaine, encore appelées océanides ou néréides.
Au chalut « Nymphe de la mer » réussit un très bon début de carrière, mais à partir de 1966 ses résultats faiblissent (en tonnage) et ne se distinguent plus de la moyenne des hauturiers de Saint-Guénolé ; il connaît même un creux marqué de 1974 à 1976, avant de remonter provisoirement en 1977-1978 . 1963 représente sa meilleure année : il se classe au 3ème rang des chalutiers du port, à la fois en tonnage moyen par marée et en tonnage annuel. Sa meilleure marée, 9,4 tonnes débarquées à Douarnenez, date elle de décembre 1964.
« Nymphe de la mer » est aussi un des meilleurs thoniers de sa génération. Il dépasse les 3000 captures à plusieurs reprises : 3200 en juillet 1964, 4050 en juillet 1965, 3000 et 3250 en 1967, 3050 en juillet 1968, 3000 en juillet 1969, 4100 en juillet 1971, 3700 en juillet 1972. En 1967, il débarque 8100 thons au total, seul « Gas de Saint-Gué » fait mieux. En 1968 il réalise le meilleur total avec 7200 thons, idem en 1969 avec 6250 thons.
Le 21 avril 1963, le « Nymphe de la mer » arrive à Concarneau avec le drapeau en berne. Il ramène le corps d’un mousse étellois disparu en décembre. Il l’a remonté dans son chalut au large de la Cornouailles anglaise.
Le 22 juillet 1971 il se retrouve en panne complète de moteur par mauvais temps. Il est secouru par « Obélix » qui le prend en remorque.
Le 12 mars 1976 il est à Jones bank, au coeur de la tempête qui sera fatale au « Kruguen » et à trois marins du « Gâs de Saint-Gué ».Il s’en sort avec deux vitres cassées.
Fin février 1982, pendant le conflit entre pêcheurs français et espagnols, il est abordé par un fileyeur espagnol en acier de plus de 30 m. Voici un extrait du témoignage d’Ernest Le Pape paru dans « Le Marin » du 5 mars 1982 :
Il est « revenu sur nous en essayant de nous coincer par deux puis trois fois. La quatrième ça a été la bonne. Alors, il nous est rentré carrément dedans. (…) Le bateau s’est couché sous le choc, la potence s’est enfoncée dans le pont et à fait éclater le plat bord, le bastingage en a pris un coup également. Eux sont partis sans s’en inquiéter. »
« Nymphe de la mer » est vendu en Irlande entre fin 1984 et 1985. Immatriculé D 471, il poursuit sa carrière sans changer de nom dans un premier temps. En 1992 il est acheté par John Lynch du port de Howth et devient l’ « Oilean Baoi » (3). Lynch le revend en septembre 2004 ; il termine alors sa carrière de bateau de pêche, mais continue néanmoins à naviguer.
En 2008 il est utilisé comme navire de transport dans une ferme aquacole des îles Shetland, après je perds sa trace.
Le « Nymphe de la mer » n’existe probablement plus aujourd’hui, mais son nom figure encore sur certaines cartes marines. Une zone de pêche au sud de Cork porte en effet le nom de « trou à Nymphe ».
Ils ont fait partie de l’équipage : Thomas le Floch (presque 20 ans à bord), Pierre Jégou (presque 20 ans), Jean-Michel le Lay, Jean-Claude Lucas, Robert le Mogne, Pierre-Alain Morvan, Jean-Louis Ollivier (presque 20 ans), Claude le Pape, Jean Stephan, (x?) Tanneau (4).
(1) Coût de construction : 200 000 F (sans le matériel de pêche)
(2) Statistiques établies d’après les données fournies par le mensuel « la pêche maritime », l’hebdomadaire « Le marin » et les quotidiens « Ouest France » et « Le Télégramme ». Elles portent seulement sur le chalutage hauturier et concernent uniquement les quantités débarquées. La qualité des langoustines et du poisson mis en vente joue aussi un rôle crucial dans le prix de vente, mais elle n’a malheureusement pas pu être prise en compte ici. Les chiffres des années manquantes seront progressivement intégrés.
(3) Nom gaélique des iles Dursey au sud-ouest de l’Irlande.
(4) Merci à Patrick Plouhinec qui m’a aidé à retrouver une grande partie de ces noms.
bonjour,
» la Nymphe » comme on l’ appelait, un chalutier – thonier que nos générations ont bien connu par le fait qu’il a été exploité à St Guénolé pendant 20 ans ( 1962 – 1982).
J’ apprends donc qu’ en 2008 « elle » était toujours en service et peut être encore plus récemment. Au moins 46 années de service, ce qui témoigne de la réputation des chantiers navals bigoudens et de Cornouaille. Constructions en bois, bien pensées, bien conçues, élégantes et tenants très bien la mer rapportées à leur taille modeste.
Bateaux robustes qui, bien entretenus et sauf incidents partaient pour une longue carrière à St Gué, ensuite revendus dans les différents ports français, britanniques et africains. Ils pouvaient ( entre autres ) être reconvertis en voiliers et bateaux de plaisance ( style vieux gréements)
Il reste encore dans les ports bigoudens quelques rares exemplaires de ces bateaux lancés dans les années 1950, 60 et 70, encore en activité ( modernisés entretemps )
« Etendart » lancé en 1959 et « Oxalis » lancé en 1961 sont probablement les deux plus anciens encore en activité respectivement à St Guénolé et au Guilvinec
De nos jours encore, on assiste au lancement de quelques rares bateaux construits en bois provenant des chantiers bigoudens qui n’ ont pas cessé leur activité.