Écrivain.
C’est au cours d’un séjour à Beg-Meil en septembre 1895 que Marcel Proust découvrit Saint-Guénolé en compagnie de son ami, le musicien Reynaldo Hahn. Cette excursion, organisée un jour de tempête, marqua durablement l’écrivain. Il l’évoque de manière transposée dans « Du côté de chez Swann » et plus directement dans « Jean Santeuil » :
« Vous dites au bord de la mer comme si c’était ici. Sachez qu’avec un simple coup de vent, une vague vient vous chercher à deux cents mètres où vous vous pensiez à l’abri et ni vu ni connu, mon bel ami, elle n’en fait qu’une bouchée »
Extrait d’un dialogue où Ethel tente de dissuader Jean de se rendre à Penmarc’h pour voir la tempête. Mais Jean ne l’écoute pas et se retrouve à Saint-Guénolé en pleine furie :
« …attachés ensemble pour offrir quelque résistance au vent, ils remontèrent la rue, puis le chemin qui monte vers les rochers, d’où l’on peut voir la mer. La violence de tout devenait de plus en plus incroyable. On ne distinguait pas au passage ce qui vous croisait en volant, tant cela volait vite. Sans voir la mer et à une lieue d’elle on recevait des paquets d’eau dans la figure. Il commençait à pleuvoir et on ne recevait pas de pluie qui au lieu de tomber était emportée dans le vent. Ils arrivèrent en haut de l’éminence, quand, tout à coup ils entrèrent dans le royaume du vent dont ces collines défendaient l’entrée… (1)»
Presque 10 ans après, Proust se souvenait encore de cette visite mouvementée :
« A la Pointe du Raz on sent vraiment ce que veut dire le mot Finistère. Mais à ce paysage grandiose mais classique de falaises en somme bretonnes je préfère et je préfère à tout (mais il faut une tempête) la plage parait-il Indienne, Américaine et semblable aux Florides du désolé Penmarc’h qui finit ses campagnes Néerlandaises. Aussi une tempête là. Vous serez fou de joie et vous verrez des plages douces et meurtries attachées aux rochers comme des Andromèdes (2). »
(1) Proust, Marcel .- Jean Santeuil, précédé de Les plaisirs et les jours / édition établie par Pierre Clarac avec la collaboration d’Yves Sandre .- Paris : Gallimard, 1971.- (Bibliothèque de la Pléiade ; 228). Page 371-376.
(2) Proust, Marcel .- Lettre à Léon Yeatman (1904).