La chapelle Notre-Dame de la Joie ne fait pas partie du territoire de Saint-Guénolé. En revanche, la partie nord de la bande de terre qui sépare la mer du marais de la Joie est habituellement rattachée à Saint-Guénolé, bien que située au-delà du ruisseau de Keréon. Cette zone est généralement appelée « quartier de la Joie ».
Longtemps vide de constructions, le quartier de la Joie s’est progressivement développé au cours du XXe, profitant à plein de l’essor de Saint-Guénolé. Au XIXe on n’y trouvait encore qu’une seule construction : la ferme du Loc’h, bâtie en 1828 (1).
Le véritable coup d’envoi de ce développement se produisit en 1896, lors du partage et de la vente des terrains communaux situés entre la dune et le marais de la Joie : en 1904, on comptait déjà six maisons au sud du canal.
La route vers Saint-Pierre s’arrêtait à l’époque juste au sud du pont du canal de Keréon, à peine prolongée par quelques sentiers tracés dans le sable des dunes. Ce pont était d’ailleurs bien utile, car certains jours il voyait défiler plus d’une centaine de charrettes de goémon (3).
Vers la fin du XIXe, un chemin fut ouvert le long de la mer jusqu’à la chapelle de la Joie. Mais il fallut attendre 1921 pour voir la construction d’une route en direction de Saint-Pierre, dernier coup porté à l’ancien isolement de Saint-Guénolé. Cette nouvelle voie eut entre autres conséquences le développement du quartier de la Joie.
« Elle nous amène une recrudescence de roulements d’autos, et la virginité de la palud, autour de Notre-Dame de la Joie, est troublée par les beuglements des sirènes, l’odeur du pétrole et la fureur des démarrages. J’en soupire. Et cependant, c’est bien (4). »
Cette voie sera officiellement nommée « rue de la Joie » en septembre 1955.
Sur la photographie aérienne IGN de 1929 on distingue déjà presqu’une vingtaine de maisons.
C’est dans ce quartier que le premier « stade » de football des Cormorans sportifs de Penmarc’h fut créé. Le club, né en 1920, y disposait d’un terrain des plus sommaires : les buts étaient constitués de poteaux plantés en terre et la barre transversale matérialisée par une corde (5) .
Par la suite, le quartier continua à se développer, avec un temps particulièrement fort dans les années cinquante : la construction d’une importante cité (6) constituée d’une cinquantaine de maisons individuelles entre la rue de la Joie et la voie de chemin de fer. Sur le cadastre de 1957 on compte environ 150 maisons dans le quartier de la Joie.
Parallèlement des commerces s’installèrent, dont un cinéma : « le Celtic », qui connut ses heures de gloire jusqu’au milieu des années soixante. Un camping vit également le jour face au cinéma, démentant l’affirmation de G. Gilles de La Tourette qui disait que « le roc de ce pays est trop dur pour y planter sa tente (6)»
(1) Monfort, Rémy .- Penmarc’h…
(2) Tableau de Louis Tesson reproduit avec l’autorisation de Marc Jaquier.
(3) 4 S 232 : Rapport de l’Ingénieur en chef des Ponts et chaussées en 1900
(4) Dupouy, Auguste .- Le village…
(5) Bulletin municipal de Penmarc’h, n°5, 1975.
(6) Le programme, mené par la Chambre de commerce en accord avec la mairie, est lancé pendant l’été 1954. Les travaux de voirie commencent en septembre 1955.
(7)Gilles de La Tourette, Georges, pseud. Paracelse .- Les pêcheurs de Pen’march…
Voir aussi les articles suivants : Lenn ar Joa, Pen ar beg, Casemates de Pen ar beg